L'UDI Paris propose une primaire pour désigner le candidat centriste à la mairie de Paris. Cette idée doit-elle être prise au sérieux ?
Plus Borgia que Borgen. (avec aussi un peu de Borgo, vanne de mon voisin de bureau ndlr)
Les centristes parisiens ne semblent pas encore totalement prêts au mariage entre l'UDI et le MoDem. Même si celui-ci est plus de raison que de passion.
Jeudi soir, un mail est arrivé dans les rédactions à 20h30. En pièces jointes, un communiqué de Patrick Gassembach, patron de la fédération UDI de Paris qui s'émouvait que sur I Télé, quelques instants plus tôt, Marielle de Sarnez se soit présentée à l'antenne comme candidate à la mairie de Paris. Le communiqué rappelle que l'UDI présente également un candidat en la personne de Christian Saint-Etienne.
Jusque là rien de neuf sous le soleil compliqué du centre parisien. Mais la fin du texte est plus surprenante." Dès lors, dans le cadre du rapprochement UDI / MODEM, une primaire élargie devra être organisée pour choisir celle ou celui qui portera les couleurs des centres rassemblés", conclut Patrick Gassembach.
Une nouveauté alors qu'il n'était question que d'alliances négociées pour la constitution des listes. Une nouveauté qualifiée "de non-sens" par Yves Jégo, membre de l'UDI lors d'une intervention au Talk-Le Figaro.
L'idée de primaires à #Paris @MoDem et @UDI_off serait un total non sens à l'heure du rapprochement #Bayrou #Borloo #SoyonsUnisPourGagner
— Yves Jégo (@yvesjego) October 25, 2013
Cette idée est elle envisageable ? Faut-il la prendre au sérieux ? "Il s'agit d'une réponse aux propos de Marielle de Sarnez hier soir. C'est un geste de mauvaise humeur. Ce qui n' a pas été bien perçu, c'est son côté François, Marielle et Jean-Louis qui décident de tout. L'UDI Paris et ses responsables se sont sentis un peu exclus. Ca va se calmer très vite, mais si ça ne se calme pas, pourquoi pas ?", commente un élu parisien .
A cinq mois de l'élection municipale, se pose quand même la question du calendrier. Une primaire ça prend un peu de temps à organiser. "Nos fichiers de militants sont à jour", répond-on à l'UDI Paris. "C'est un peu tard mais ce n'est pas trop tard", ajoute la première source citée. "Et puis ce sera l'occasion de donner la parole à nos militants qui se sentent pris en otage par les négociations d'appareil au niveau national. Si on veut garder nos militants, il faut qu'on leur donne satisfaction", poursuit-elle.
Mais quel sens politique aurait cette primaire puisque de toute façon l'UDI et le MoDem ont vocation à s'allier avec l'UMP avant le premier tour ou pendant l'entre-deux tours ? Et dans ce cas, ni Marielle de Sarnez, ni Christian Saint-Etienne ne seront au final candidats à la mairie de Paris, lors de la première réunion du conseil municipal. Sinon, pour se faire plaisir à l'occasion d'un premier tour de scrutin. Pas de quoi se chamailler.
Une primaire pourrait trancher le rapport de force entre les deux formations. Chacun se dispute le leadership du rassemblement avec ses arguments. La notoriété de Marielle de Sarnez pour les uns, la force militante de l'UDI pour les autres. Et derrière ces intimidations, ce sont les places éligibles sur les listes qui sont en jeu. (11 élus sortants pour l'UDI, un seul pour le MoDem, situation actuelle au conseil de Paris). Pas de commentaire officiel du côté du parti de François Bayrou. "J'ai l'impression qu'ils veulent organiser des primaires surtout pour régler leurs problèmes entre eux", confie-t-on rue de l'Université.
Des places éligibles qui se négocieront aussi avec Nathalie Kosciusko-Morizet, l'UDI accusant Marielle de Sarnez de traiter en direct avec la candidate UMP. Dans son entourage, on peut difficilement remettre en cause le bien-fondé d'une primaire mais on s'inquiète quand même. "On ne critique pas le principe mais le calendrier est quand même étrange. Je ne vois pas comment ils pourraient faire cela avant décembre ou janvier. Il ne s'agit pas d'imposer notre calendrier mais Nathalie avance dans sa campagne, il serait temps que les choses s'accélèrent chez nos amis du centre", explique-t-on chez les astronautes du QG rue de la Lune. Enfin, on craint que le coût d'une telle primaire soit inscrit aux comptes de campagne de NKM.
En résumé, il est donc très peu probable que cette primaire des centres existe à Paris. Mais cette énième petite polémique à l'UDi Paris illustre encore un peu plus que le mariage centriste en plus que d'être de raison se déroulera sous le régime de la séparation des biens.