Cette semaine, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet ont dévoilé des projets d'aménagemenst de grande envergure. C'est le retour des "grands travaux" dans une campagne qui s'attachait jusqu'ici surtout au quotidien des parisiens. Décryptage.
Comment rendre visible et concret un programme pour la capitale ?
Bataille de maquettes 3 D
En ce dernier week-end de janvier, le marquage serré se poursuit entre Anne Hidalgo et Nathalie Kosciuscko-Morizet. Samedi 25 janvier, Anne Hidalgo dévoile son projet d'aménagement de la place de la Bastille. Dès le lendemain, dans le JDD, NKM réplique en dégainant sa proposition de piétonnisation du centre de Paris. Et pour être certaine qu'il y ait des reprises, elle y ajoute une mesure spectaculaire : la destruction de la Tour Montparnasse. "Si elle avait une baguette magique", précise-t-elle au JDD, ce qui anéantit toute réalité à cette idée. Mais l'essentiel est ailleurs. Ca fait parler. Anne Hidalgo et Nathalie Kosciuscko seront des maires bâtisseuses.
Rien de bien original. Sauf que jusqu'ici leurs programmes semblaient plus tournés vers la vie quotidienne des parisiens (sécurité, logement, propreté et fiscalité). S'agit-il d'une inflexion dans la campagne ?
"Nathalie voulait offrir sa vision de la ville. Ce sont des projets qu'on a déjà évoqué au cours de la campagne mais qu'on a voulu remettre en perspective", explique son équipe de campagne. Et de citer l'aménagement des portes de Paris, de Bercy ou encore de la petite ceinture.
Seul élement nouveau la piétonnisation du centre de Paris "à titre expérimental". "L'objectif à ce moment de la campagne c'est de montrer qu'il y a deux visions de la ville différente avec Anne Hidalgo. Une maire bâtisseuse n'est pas une maire bétonneuse", poursuit l'équipe NKM. Une philosophie résumée par la carte de ses grands projets que publie le JDD.fr.
Dans l'équipe de campagne d'Anne Hidalgo, on sourit de la communication dominicale de la concurrente UMP. "Ca n'apparaît pas comme vraiment préparé. Il s'agit plus d'un élément de réponse à ce qu'on annoncé", juge-t-on au QG boulevard Henri IV. Mais là également, il ne s'agirait pas d'une inflexion de la campagne. "Vie quotidienne et vision urbanistique sont complémentaires. Quand on parle de l'aménagement de la place de la Bastille, ça parle aux riverains mais à tous ceux qui passent par Paris", poursuit-on.
Comme NKM, Anne Hidalgo va multiplier les déplacements pour évoquer des projets d'aménagements locaux (Montparnasse, Nation etc). C'est traditionnel à ce moment d'une campagne parisienne. Il s'agit de décliner le projet global dans les arrondissements. Et pour la gauche, un élément de différenciation. "C'est une bonne manière de démontrer que le conservatisme est dans le camp d'en face. Des projets d'urbanisme, c'est montrer que la ville s'adapte au monde moderne", explique-t-on dans l'équipe de campagne socialiste qui estime "que NKM aura surtout besoin d'une baguette magique pour changer sa majorité car elle ne peut rester avec comme seule voix Claude Goasguen qui refuse le projet avenue Foch".
Grands chantiers sans grands impôts ?
Mais voilà qui dit grands (ou moyens) travaux, dit encombrements, dépassements de calendrier de chantier et surcoûts budgétaires auprès de l'opinion. C'est l'argument de Wallerand de Saint-Just, le candidat FN à la mairie de Paris, qui acceuillait Marine Le Pen à la traditionnelle galette de janvier de la fédération parisienne. "Quand je vois ce qu'imaginent NKM et Hidalgo, c'est pour amuser la galerie. Elles ne pourront réaliser leurs projets sans augmenter les impôts ou la dette", estime celui qui a fait de la baisse de la fiscalité son principal argument de campagne. "Pour un premier mandat, je ne me lancerais dans un aucun grand projet. Il faut d'abord retrouver des bases financières saines avant de recommencer. Sinon, c'est une fuite en avant. J'assume le risque qu'on dise que je n'ai pas de vision", conclut-il.
Au QG rue de la Lune, chez NKM, on rétorque que ces aménagements n'empêcheront pas la promesse d'une stabilisation fiscale de se réaliser. "On a plus de petits projets qui forment un tout et une cohérence et qui donc s'équilibrent mieux financièrement que 2 ou 3 énormes projets qui dépassent les coûts". Chez Anne Hidalgo, le discours est semblable. "En termes d'image, il faut trouver le juste équilibre. Il faut convaincre que les projets ont un financement crédible. Dans le contexte actuel, c'est plus que nécessaire", commente-t-on.
Et son équipe de campagne d'expliquer que ce n'est pas hasard si entre plusieurs déplacements, où Anne Hidalgo va dévoiler des aménagements urbanistiques, elle prévoit lundi 27 janvier, une conférence de presse chiffrage du projet. "Elle va préciser le montant des investissements et leur capacité de financement . Tout va être chiffré. Un financement assez inconstestable", promet-on. Sous-entendu contrairement à celui de NKM sur la couverture du périphérique.
"Mais la couverture du périphérique c'est une vision à 20, 30 ans, sur le long terme. Il faut se donner une perspective, expliquer que ce n'est pas sur une mandature que l'on peut tout faire", répond-on chez NKM.
Maire bâtisseur, cela sent trop son XX ème siècle dispendieux. Maire visionnaire, cela fleure bon l'époque. Voilà le sens du retour de ces projets d'aménagement (et non grands chantiers) dans le programme des candidats à la mairie de Paris.