La maison d'arrêt de La Santé à Paris qui fermera partiellement pour travaux en juillet, et n'accueille plus de nouveaux détenus depuis le 16 janvier.
Prison mythique, la maison d'arrêt de la santé a "accueilli" des dizaines de détenus célebres ou médiatiques, d'Alfred Dreyfus à Bernard Tapie, de Carlos à Jacques Mesrine... Mais aujourd'hui, l'établissement est surtout devenu, ces dix dernières années, synonyme de délabrement, lequel a notamment mené à la fermeture de trois blocs menacés par la corrosion.
L'établissement, inauguré en 1867 et situé dans le XIVe arrondissement de Paris, fermera donc ses portes pour travaux en Juillet 2014 pour des travaux de réhabilitation qui dureront jusqu'en 2019.
Malgré l'insalubrité et le manque d'activités proposés aux détenus, la plupart des 700 prisonniers regretteront cette prison. Comme les surveillants et tous ceux qui y travaillent quotidiennement.
"Ils trouvent que c'est mieux. Les relations, entre détenus et d'une manière générale, sont moins tendues", observe Smail Adoud, aumônier musulman à La Santé. La configuration des lieux joue, avec des coursives immenses quand la plupart des prisons modernes privilégient les petits espaces cloisonnés. "C'est une prison à échelle plus humaine", constate François Bès, coordinateur Ile-de-France de l'Observatoire international des prisons (OIP).
"Ca joue beaucoup par rapport à des monstres comme Fleury (Mérogis) ou des établissements tout neufs où on ne voit jamais personne", souligne-t-il.
L'âge des détenus, en moyenne plus élevé qu'ailleurs, est aussi un facteur d'explication de climat, qui se caractérise notamment par un moindre volume sonore.
Au-delà, l'établissement a une culture maison qui facilite la relative liberté de mouvements des détenus, comme l'avait relevé le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) lors de sa visite, en 2009.
"La possibilité de circulation permet des contacts, des arrêts. Il m'est arrivé, dans les couloirs, de discuter un quart d'heure, vingt minutes, avec un détenu qui m'avait arrêté au passage", raconte le père Yves-Marie Clochard-Bossuet, l'un des trois aumôniers catholiques de La Santé.
"Au final, cet établissement, il est vieux, pourri, mais il permet une détention apaisée", résume Erwan Saoudi, secrétaire local du syndicat FO Pénitentiaire.
L'établissement se distingue, malgré tout, pour son faible nombre de suicides (un seul en 2013) et d'agressions, que ce soit entre détenus ou sur les surveillants,ajoute Joël Sépulcre, représentant du syndicat Senpap-Fsu. "Le surveillant est souvent au contact du détenu. On peut parler avec eux, on
les connait presque tous". Dès lors, "on arrive à déceler si un détenu ne va pas bien, s'ils vont ou pas se battre entre eux", explique-t-il.
"Il y a une relative bonne entente entre les surveillants et les détenus, parce que les surveillants sont plus jeunes. Quand je suis arrivé, il y avait des vieux briscards qui la jouaient dur", se souvient le père Clochard Bossuet.
Autre atout de taille pour La Santé, sa situation géographique, au coeur de Paris quand l'immense majorité des autres établissements sont loin des villes.
Elle facilite les visites et permet aux gardiens d'habiter Paris ou sa proche banlieue. "Pour tout type d'intervention, on voit qu'il y a beaucoup plus de bénévoles, d'avocats aussi", observe François Bès.
Longtemps, La Santé a été le lieu de parloirs sauvages, les détenus communiquant, surtout le soir, avec des proches situés à l'extérieur.