Un "Centre Pompidou provisoire" ouvrira ses portes à Malaga (Andalousie) au printemps 2015 pour cinq ans, un concept nouveau visant à mettre en valeur à l'international les collections et le savoir-faire de l'institution parisienne, a annoncé le Centre mercredi.
Fruit d'une convention avec la municipalité de Malaga, le "Centre Pompidou provisoire" proposera une sélection d'oeuvres provenant des collections du Centre (peinture, sculpture, mais aussi photographie, architecture ou design), sous forme de parcours chronologique et renouvelée tous les deux ans, ainsi que deux à trois expositions temporaires par an et des activités destinées au jeune public.
Il sera installé dans un bâtiment à vocation culturelle, "Le Cubo", actuellement en travaux d'aménagement et situé près du port de plaisance de Malaga, dont l'agglomération compte un million d'habitants et dont l'offre culturelle est considérée comme la troisième du pays, après Madrid et Barcelone. La ville accueille chaque année quelque 4 millions de touristes.
"Il s'agit de s'implanter de manière durable mais sans créer une antenne définitive", a expliqué le président du Centre Pompidou, Alain Seban. L'implantation de Malaga "est un laboratoire en vraie grandeur qui doit nous permettre de développer le concept" en termes d'équilibre, de durée optimale.
"Le Cubo" représentera une charge annuelle totale de 3 M d'euros pour la ville de Malaga qui versera entre 1 et 1,5 million d'euros de redevance chaque année au Centre Pompidou pour son travail de conception et l'utilisation de son image. Une somme à rapprocher des 3,5 M d'euros par an que rapportent au Centre les expositions temporaires hors les murs.
Plusieurs autres musées
Ville natale de Pablo Picasso, Malaga compte plusieurs musées importants, dont le musée Picasso, le musée Carmen Thyssen consacré aux artistes du 19e siècle, le Centre d'Art contemporain. Un nouveau musée des Beaux-Arts dédié à l'art andalou doit ouvrir ses portes en 2015 et la municipalité est en négociation pour l'ouverture d'une antenne du musée de l'Hermitage de St-Petersbourg.
Les discussions avec la municipalité ont duré moins de deux ans. "Nos partenaires étaient très motivés, déterminés à aller vite", a souligné M. Seban. Le Centre Pompidou apporte sa notoriété - il permet "d'inscrire la ville dans l'environnement concurrentiel de l'art contemporain" -, ses collections (quelque 100.000 pièces), un savoir-faire développé dans les expositions temporaires et ses capacités de médiation, souligne le président du Centre.
Les surfaces d'exposition se déploieront sur quelque 6.000 m2 - un étage du Centre à Paris -, dont 2.000 m2 pour la sélection d'oeuvres où se côtoient Francis Bacon, Chagall, Magritte, Picasso, Max Ernst ou Brancusi. Des programmes pluridisciplinaires seront également proposés autour de la danse, du cinéma, de la performance, de préférence en lien avec les ressources locales.
Selon la presse espagnole, les travaux d'aménagement du "Cubo" sont actuellement interrompus pour des raisons juridiques, la municipalité n'ayant pas demandé certaines autorisations. Il n'est pas exclu que la convention soit renouvelée pour deux ans, à l'issue des cinq années, mais le projet s'inscrit d'emblée dans une durée limitée", a souligné M. Seban. "Nous avons besoin de conserver de l'agilité".
Si l'expérience de Malaga est concluante, d'autres "Centres Pompidou provisoires" pourraient voir le jour et des discussions préliminaires sont en cours pour d'autres sites. "Il s'agit de quelque chose d'autre que les expositions temporaires" hors les murs, d'une durée de trois mois, qui "mettent moins en valeur" le Centre et avec lesquelles "il est difficile de travailler avec les acteurs locaux", a encore dit M. Seban.