Etonnant cafouillage à l'aéroport de Roissy-Charles De Gaulle: deux fillettes, une française de 6 ans et une ivoirienne de 3 ans ont été placées samedi 6 juin en zone de rétention. Il a fallu plusieurs jours avant qu'elles ne retrouvent la liberté et leurs parents.
La première, de nationalité française, a été conduite, samedi 6 juin, à son arrivée du Cameroun, en zone d'attente pour personnes en instance (ZAPI), où sont habituellement placés les sans-papiers qui ne sont pas admis à entrer en France. Sous l'autorité de la Police aux frontières (PAF), les mineurs y sont accueillis dans des locaux ad hoc, avec du personnel spécialement formé.
Scolarisée dans ce pays où elle vit avec sa grand-mère, la fillette venait voir sa mère, française également, en vacances.
Les policiers avaient estimé que ses papiers étaient "usurpés", considérant que la petite fille ne ressemblait pas à la photo sur son passeport français, pourtant récent. Il a fallu quatre jours pour qu'elle soit libérée, la petite fille reconnaissant sans hésitation sa maman à l'aéroport et au tribunal de Bobigny, où elle comparaissait mardi 9 juin. Elle a aussi pu nommer sa maîtresse et ses camarades de classe sur une photo scolaire. Le juge a alors souligné que "l'ensemble des éléments du dossier" contredisait la version policière du faux passeport. Son avocate, Maitre Leoue compte désormais demander des dommages-intérêts à l'Etat et la restitution des papiers.
L'autre fillette, ivoirienne de 3 ans, est également arrivée samedi 6 juin. Elle n'a été libérée que mercredi 10 juin, sur décision du juge des libertés et de la détention. Le maintien d'un enfant aussi jeune, isolé de ses parents, en ZAPI, est néanmoins exceptionnel. Cette décision se justifiait toutefois par la nécessité de vérifier que c'était bien son père qui l'accompagnait et qu'elle n'avait pas été arrachée à sa famille ivoirienne. Le père de Fanta avait en effet présenté aux policiers un faux passeport, acquis, selon lui, parce qu'il devait la ramener d'urgence en France pour lui éviter une excision, a-t-il précisé, et que, lui-même en situation irrégulière, il ne pouvait user des voies légales.
Le Défenseur des droits a décidé d'ouvrir une enquête pour éclaircir les circonstances du maintien de cette fillette dans la Zapi.