Candidat à la mairie de Paris, l'écologiste David Belliard souhaite redonner vie à une rivière qui serpentait autrefois les rues du sud de la capitale, la Bièvre. Pourquoi recréer le lit de ce cours d'eau, définitivement comblé en 1912 ? Ce projet est-il réaliste ?
L'idée n'est pas nouvelle : Et si on détérait la Bièvre? Et si on permettait aux Parisiens de profiter de ce cours d'eau qui traversait la partie sud de la capitale ? Cette proposition fait partie du programme de David Belliard, le candidat EELV à la mairie de Paris.
Cette rivière enterrée depuis le début du siècle pour cause de pollution de l'eau, pourrait être mise au jour explique Anne Sourys l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé. Et photos à l'appui, elle montre la rue Brillat-Savarin dans le 13e, telle qu'elle est aujourd'hui et le projet pour demain.
Dans le 13e, avec @annesouyris, nous allons découvrir la Bièvre, cette rivière enfouie depuis plus de 100 ans.
— David Belliard (@David_Belliard) January 18, 2020
Hier nous fermions les fleuves et nous ouvrions des autoroutes. Nous allons faire l'inverse maintenant. #ecologieparishttps://t.co/85SN4quDni
➡️Rue Brillat-Savarin pic.twitter.com/QrHsvwLvHP
S'appuyant sur des études menées par l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR), qui note dans son rapport de 2001 que la pollution de l'eau de la Bièvre commence à être résorbée et que le cours de la rivière est lui aussi mieux controlée. "Ceci permet d'envisager à moyen terme une remise au jour de la Bièvre". Les propositions de renaissance de la rivière de Paris concernent le parc Kellerman (XIIIe) et ses abords, le square René-Le Gall (XIIIe) et le Muséum d'histoire naturelle (Ve). Point nouveau évoqué par les écologistes de Paris : le projet propose une coulée verte aménagée le long du tracé de la Bièvre pour les piétons, les cyclistes et les mobilités douces.
Dans son Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Pierre Larousse indique : « La Bièvre pénètre dans Paris entre les portes d'Italie et de Gentilly traverse par plusieurs bras, qui ne sont que des ruisseaux infects, les faubourgs Saint-Marcel et Saint-Victor, et finit sous forme d'égout recouvert sur le quai de l'Hôpital. Cette rivière alimente de nombreuses tanneries, blanchisseries, teintureries et, entre autres, la fameuse manufacture des Gobelins. Bien que la largeur de la Bièvre ne dépasse pas 3 m, cette rivière était redoutable par ses inondations. »
Haussmann et Belgrand, l'ingénieur à l'origine de la création des égouts modernes, constatent dès 1860 que la seule solution possible est la suppression de la Bièvre à l'air libre. Les travaux de couverture se prolongèrent sur une cinquantaine d'années et fit face à beaucoup d'oppositions, les travaux ont aussi entrainé de coûteuses expropriations.
Les derniers biefs encore à l'air libre dans Paris intra-muros, Croulebarde, Glacière et Valence sous les rues homonymes furent recouverts en 1912. La plupart des biefs supprimés furent remblayés.