Avec 9,62% des voix le parti de la majorité présidentielle finit en quatrième position derrière le Rassemblement national (10,79%) l’Union de la gauche et des écologistes (33,68%) et l’union de la droite (45,92%).
"L’envie d’Île-de-France" portée par la tête de liste Laurent Saint-Martin ne semble pas avoir convaincu les Franciliens. Pour sa première participation à des élections départementales et régionales, le parti de la majorité présidentielle n’a pas réussi à s’imposer face aux autres forces et alliances politiques.
Après avoir recueilli 9,62% des voix, selon les données du ministère de l’Intérieur, LREM finit en quatrième position derrière le Rassemblement national (10,79%) l’Union de la gauche et des écologistes (33,68%) et l’union de la droite (45,92%). Le parti de la majorité peut toutefois se consoler d’avoir obtenu un (faible) nombre de sièges au sein du Conseil régional pour les prochaines années – 7,18% des places, soit 15 élus sur 209. "Le projet que nous avons co-construit ces derniers mois pour l’Île-de-France guidera l’action de nos élus demain à la région", a déclaré M. Saint-Martin sur Twitter hier soir, après l’annonce des résultats. Dans les départements franciliens, le parti n’a pas (non plus) réussi à conquérir de canton.
Le projet que nous avons co-construit ces derniers mois pour l’Île-de-France guidera l’action de nos élus demain à la région.
— Laurent Saint-Martin (@LauStmartin) June 27, 2021
Nous serons une opposition constructive, vigilante, exigeante qui travaillera dans l’intérêt des Franciliens. pic.twitter.com/54rNGymDUF
"Faiblesse structurelle"
À moins d’un an de l’élection présidentielle – qui se déroulera les 10 et 24 avril 2022 – les résultats des scrutins départementaux et régional de la REM en Île-de-France, comme dans le reste du pays, permettent de prendre le pouls du parti. Il est faible, en tout cas au niveau local. "C’est inédit comme mauvais résultat pour un parti présidentiel", estime Olivier Rouquan, politologue et chercheur au Cersa (Centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques). "Le constat aux régionales et aux départementales montre que le mouvement n’arrive pas à s’implanter localement (…) C’est une faiblesse désormais structurelle", ajoute-t-il, rappelant également que les élections municipales en 2020 avaient déjà marqué un coup d’arrêt dans le succès du parti.
Il y a une absence d'organisation territoriale du parti dans les villes et les départements.
"C’est une force territoriale qui n’a pas été transformée en réseau maillant les territoires. C’est une lacune stratégique en partie due au fait que toute une partie de la mouvance au sein de LREM ne s’intéresse pas beaucoup à la décentralisation (...) Surtout qu'en face les partis classiques tiennent leurs places fortes locales et n'offrent pas d'espace", insiste M. Rouquan. "Il y a une absence d'organisation territoriale du parti dans les villes et les départements", explique de son côté Bruno Cautrès, politologue, chercheur CNRS au CEVIPOF. "C'est le point faible béant de cette organisation politique. Il y a un ciment unificateur, qui en dehors du thème de l'Europe et de l'éducation, s'appelle Emmanuel Macron. Et quand ce ciment ne fonctionne pas, on voit que dans les profondeurs du pays, l'ancrage n'est pas là en dehors de la pénétration dans quelques assemblées départementales et régionales", complète-t-il.
Jeunesse du parti
Peut-on mettre la raison de la débâcle de LREM sur le dos de la jeunesse du mouvement, datant de 2016 ? "En partie", estime M. Cautrès. Dans la foulée de l’élection d'Emmanuel Macron à la magistrature suprême, le parti avait réussi à faire élire 300 députés lors des élections législatives. "Le mouvement répondait, au moment où il a été créé, à une sorte de désespérence des Français vis-à-vis des partis politiques traditionnels et qu'il fallait essayer quelque chose de nouveau. Mais l'essai n'a pas été transformé", ajoute le politologue. Ce qui semble avoir été déterminant dans les résultats des scrutins départementaux et régionaux, "c'est l'absence totale de contenu idéologique identifiable, mémorisable qui explique cette situation", poursuit-il.
"LREM est moins attractif qu'en 2016 et 2017. Il a du mal a recruter des éligibles qui ont une notoriété mais aussi des militants", explique Olivier Rouquan, estimant par ailleurs qu'en ce qui concerne des conséquences sur l’échéance de 2022, "il y aura des traces", laissées par les résultats de ces scrutins. "Compte tenu des moyens importants dont il dispose, le parti n'aura pas de mal a remettre en fonction une machine à faire campagne, avec tout un narratif autour du 'la marche reprend'", dit Bruno Cautrès. "Est-ce que cela sera aussi efficace par rapport à 2016 et 2017 ? C'est la grande question, avec celle de la véritable nature de cette organisation politique", conclut-il.