13 jeunes de 16 à 21 ans comparaissent à partir de mardi pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique devant la cour d'Assises des mineurs du tribunal d'Evry. Ils sont accusés d'avoir brûlé des policiers au cocktail Molotov à Viry-Chatillon le 8 octobre 2016.
Un "acte de guerre" d'une "sauvagerie inouïe" pour les policiers, l'inconscience de "petits cons" pour la défense : le procès des jeunes accusés d'avoir brûlé des policiers au cocktail Molotov à Viry-Chatillon s'ouvre mardi, trois ans après les faits.
L'affaire remonte au Samedi 8 octobre 2016, en début d'après-midi. En face de la cité de la Grande Borne, à cheval entre Viry-Châtillon et Grigny en Essonne. Deux voitures de police montent la garde. Les précédents week-ends, des jeunes ont tenté de détruire la caméra de surveillance installée pour prévenir les vols à la portière, récurrents à ce feu rouge de la départementale qui longe La Grande Borne.
Visage masqué, une vingtaine de jeunes pierres à la main et cocktails Molotov déjà allumés, prennent par surprise les fonctionnaires. Ils entourent les voitures, brisent les vitres à coups de pierre, jettent des cocktails Molotov à l'intérieur. Dans le premier véhicule, les deux sièges avant s'enflamment, et Vincent R., 28 ans, et Jenny D., 39 ans, prennent feu. Jenny D. parvient à sortir, le haut du corps en flammes, en continuant de recevoir des pierres. Vincent R. met plus de temps à sortir - il n'arrive pas à ouvrir la portière, mais ne saura dire si c'est parce que quelqu'un la bloquait.
Dans la deuxième voiture, un cocktail Molotov est tombé sur la banquette arrière. Sébastien P., 38 ans, et Virginie G., 28 ans, parviennent à quitter la voiture sans être brûlés.
Les accusés seraient des amis d'enfance venant d'un même quartier. Certains reconnaissent parfois une présence a minima, la plupart contestent les faits.
Sur les 1000 personnes à qui les enquêteurs ont rendu visite, personne n'a parlé, notamment par peur des représailles estiment les enquêteurs qui évoquent une "loi du silence".
Ce ne sont que des "témoignages anonymes, des rumeurs et des revirements", assure un avocat des accusés.
Les 13 accusés, dont trois avaient moins de 18 ans à l’époque, seront jugés du 15 octobre au 6 décembre pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique devant la cour d’assises des mineurs, en principe à huis clos. Le premier jour de l’audience, la cour d’assises décidera si le procès aura lieu à huis-clos ou non.
L'attaque, qui n'a duré qu'une trentaine de secondes, a eu un immense retentissement et a déclenché une fronde inédite et spontanée de policiers "en colère", qui, bravant leur devoir de réserve, ont défilé pendant des semaines pour exprimer leur malaise face à la "haine anti-flics".
Voir notre reportage de Farid Benbekaï et Philippe Aliès