Le ministère de l’Intérieur a rappelé que "le dépôt de plainte reste nécessaire" et que "20% des victimes des menaces ou de violences et 5% des victimes d'injure portent plainte".
17 mai 2021. C’est la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Des discriminations dont beaucoup continuent à être victime. Dans son rapport de l’année 2021 – traitant des données récoltées au cours de l’année 2020 – l’association SOS homophobie affirme que 1815 témoignages pour des faits de harcèlement ou de violences anti-LGBT (ou "LGBTiphobes") ont été reçus via ses services d’écoute et de soutien aux victimes. "Pour la première fois depuis 2015, leur nombre [de témoignages] a baissé", explique ledit rapport. L’édition précédente, celle traitant de l’année 2019, ce nombre atteignait 2396 témoignages.
Une baisse a également été constatée du côté du gouvernement. Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur dit avoir recensé 1590 victimes de crimes ou délits "anti-LGBT" en 2020. Par rapport à 2019, le nombre de victimes d’actes criminels ou délictuels "anti-LGBT" enregistrées a diminué de 15 %, après une hausse de 36 % entre 2018 et 2019. Sur Twitter, le ministère de l’Intérieur a tenu à rappeler que "le dépôt de plainte reste nécessaire" et que "20% des victimes des menaces ou de violences et 5% des victimes d'injure portent plainte". Ce nombre s'expliquerait par le fait qu'en "raison du confinement et de la crise sanitaire, beaucoup moins de gens sont allés porter plainte", affirme Lucile Jomat, présidente de l’association SOS Homophobie.
"On reste tout aussi inquiets"
Mais les données évoquées plus haut ne suffisent pas à réjouir les associations de défense pour des LGBT. Les différents confinements qui ont eu lieu durant l’année 2020 ont provoqué une baisse des agressions dans la sphère publique, à l’école, ou à l’université parce qu’elles étaient fermées. "Comme il y a moins de sorties dans l’espace public, il y a moins d’agressions qui s’y déroulent", explique Marine Giner-Dufour, porte-parole de l’association Urgence homophobie, contacté par France 3 Paris Île-de-France. "Tout le monde ayant été enfermé, tout cela s’est reporté sur le cercle familial, proche, ou celui du voisinage (…) Il y a une répartition différente des cas [par rapport à l’année dernière, ndlr], mais on reste tout aussi inquiets", ajoute-t-elle.
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"On a une diminution du nombre de témoignages reçus. Mais on a une augmentation des témoignages dans la famille et au sein du voisinage", insiste Lucile Jomat, expliquant par ailleurs qu’il "y a une augmentation sur les réseaux sociaux mais moins de témoignages. Nous voyons cela comme une lassitude de gens à faire des signalements pour des propos haineux qui ne sont, au final, jamais supprimés des réseaux".
Concernent l'âge des victimes, le rapport de SOS homophobie met en avant le fait que la tranche 25-50 est celle qui a le plus témoigné (52%). Elle est suivie par les 18-24 ans (19%) et par les moins de 18 ans (16%). Les plus de 50 ans sont 13% a avoir donné leurs témoignages.
Convention pour les égalités
Lors d'une conférence de presse Place Beauveau ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a affirmé que "nous mobilisons l'ensemble du ministère [de l'Intérieur, ndlr] pour mieux garantir l'inclusion des personnes LGBT+ et leur accompagnement lorsque celles-ci sont victimes, soit de discrimination, soit d'agressions dans les cas les plus graves".
En ce sens le ministère de l'Intérieur, chargé de la protection des citoyens, a signé ce lundi une convention de partenariat avec l'association Flag!. Cette association a pour objectif est de lutter contre toutes formes de discriminations à l'encontre des LGBT+ au sein du Ministère de l'intérieur et du Ministère de la Justice, mais également auprès de la population sollicitant ses services. "Cette convention renouvèle l'engagement du ministère pour lutter contre les LGBTphobies et le soutien que nous portons aux acteurs qui sont impliqués dans ce combat", a ajouté Marlène Schiappa, insistant sur le fait qu'il "ne peut pas y avoir d'égalité si des personnes se sentent menacées pour ce qu'elles sont ou pour qui elles aiment en France en 2021".
Paris se déclare "zone de liberté LGBTQI+" à l'occasion de la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie
En réaction à "l’inquiétant recul des droits et la répression" vis-à-vis des minorités sexuelles et de genre dans le monde, Paris va se déclarer "zone de liberté LGBTQI+". Un geste annoncé par la mairie de la capitale à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie qui a lieu ce lundi 17 mai 2021. Dans chaque arrondissement de la capitale et dans les équipements municipaux, "cette appellation s'accompagnera de mesures concrètes de protection et d'accompagnement des publics LGBTQI+ qui seront détaillées par Jean-Luc Romero-Michel [adjoint en charge des droits humains] en Conseil de Paris se tenant du 1er au 4 juin", explique la mairie dans un communiqué. Ces mesures s'accompagneront de programmes de formation aux LGBTQIphobies des agents de la Ville de Paris et, notamment, des futurs agents de la Police municipale.
Paris réaffirme également son soutien à l'égalité des droits sexuels et reproductifs des personnes LGBTQI+, notamment la PMA universelle et gratuite aux couples de femmes, ainsi que son positionnement pour l'interdiction des thérapies de conversion en France.
Dans l’après-midi, la maire de Paris Anne Hidalgo a rendu hommage à Jean Diot et Bruno Lenoir, les derniers français condamnés à mort et exécutés à Paris pour faits d’homosexualité en 1750. L’élue a également remis le Prix international de la Ville de Paris pour les droits LGBTQI+ aux associations Les Dégommeuses, Atlas Nienawiści et Lesbian Life Association Côte d’Ivoire.