Larossi Abballa, 25 ans,qui a tué un policier et sa compagne au nom du jihad ne cachait pas son désir de commettre des actions violentes en France. Le procureur de Paris, François Molins, a néanmoins précisé que les écoutes judiciaires ne permettaient pas de déceler un passage à l'"acte violent".
"Très calme et souriant", Larossi Abballa "a posté une vidéo en direct sur Facebook dans laquelle il semble lire un message écrit plus tôt" selon le journaliste spécialiste du jihad, David Thomson qui a visionné l'enregistrement. (Les comptes Facebook et Twitter de Larossi Abballa ont été fermés par la justice ce mardi 14 juin).
Le jihad est obligatoire
Sur la page de ce compte, explique David Thomson, "il commence son enregistrement en prêtant allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi (chef du groupe Etat islamique) puis il s'adresse aux musulmans leur affirmant que le jihad est obligatoire parce qu'il est défensif".Il "dit qu'il faut mener des attaques comme l'a demandé le cheikh Abou Mohammed Al-Adnani", porte-parole de l'EI, dans un message diffusé peu avant le début du ramadan.
Dans cette vidéo diffusée lundi soir, à 20h52, au moment où il avait pénétré chez le policier, "il dit avoir tué un policier et sa femme". Puis il appelle "à attaquer des policiers, des journalistes, des personnalités publiques, des gardiens de prison et des rappeurs". Une dizaine de personnalités publiques sont citées. Et il ajoute "Nous allons faire de l'Euro un cimetière"
Hisser le drapeau en France
Puis, il demande à ses 160 abonnés et plus particulièrement à ses contacts de l'EI de faire le communiqué de revendication de son attaque, ce qui explique la rapide revendication par l'EI via l'agence Amaq. Il a posté sur ce même compte des photos de ses victimes, parmi lesquelles une photo du policier en tenue.Originaire de Mantes-la-Jolie, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Paris, Abballa, 25 ans, cheveux longs, petite barbe, avait été condamné en septembre 2013 pour avoir participé à une filière d'envoi au Pakistan de volontaires pour le jihad. L'enquête avait mis au jour le profil inquiétant du jeune homme, connu jusque-là pour des faits mineurs de droit commun (vol, recel). Les messages téléphoniques entre Abballa et les autres membres de la filière laissent peu de doutes sur les intentions du jeune homme, "qui semble volontaire pour commettre des actions violentes en France", relève alors les enquêteurs.
"Crois-tu vraiment qu'ils ont besoin de nous là-bas, au Pakistan? "Allah avec sa volonté va nous donner les moyens de hisser le drapeau ici, en France", écrit-il en 2011 à l'un de ses compagnons. "Faut commencer le taff", "j'ai soif de sang. Allah m'en est témoin", ajoute-t-il.
Néanmoins, lors de son procès, il apparaît comme "limité intellectuellement, basique, influençable. Aucunement décideur", se souvient Hervé Denis, l'un des avocats des huit prévenus.