Un automobiliste a été condamné mardi à des amendes et à une suspension de permis, pour avoir agressé un homme aveugle et son frère auxquels il avait refusé la priorité à un passage piéton parisien en juin.
Le tribunal correctionnel a condamné cet Espagnol de 68 ans, retraité du bâtiment, pour "violences volontaires sur personne vulnérable" ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de quatre jours, à 2.000 euros d'amende dont 1.000 avec sursis et 18 mois de suspension de permis.
Il l'a également condamné à deux amendes, de 750 euros pour violences sans ITT sur le frère jumeau du piéton aveugle, qu'il avait giflé, et 250 euros pour le refus de priorité. Il devra verser 1.800 euros de dommages et intérêts à l'aveugle, 1.500 à son frère et 1.000 euros chacun au titre des frais de justice.
L'affaire avait trouvé un écho médiatique grâce à une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, filmée par un policier en civil qui roulait à vélo avec une GoPro allumée. Celle-ci montre un aveugle s'engageant avec un accompagnateur sur un passage pour piétons dans le XIIe arrondissement, le 16 juin. Une berline noire frôle les deux hommes, leur coupant la priorité. L'accompagnateur donne un coup sur le toit de la voiture qui s'arrête.
Le chauffeur descend et agresse physiquement et verbalement l'accompagnateur, lui assénant des claques. Il s'en prend également à l'homme aveugle, lui criant "Enlève tes lunettes, je vais te frapper". Un témoin essaie d'intervenir ainsi que l'épouse de l'automobiliste. Lorsque le témoin annonce qu'il va appeler la police, l'homme et la femme remontent dans leur voiture et s'en vont. "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je me suis très mal comporté", a résumé le prévenu, contrit et demandant "pardon". "J'étais dans un état de colère".
Le piéton aveugle, qui a craint d'être frappé sans pouvoir évaluer la situation, a expliqué avoir ressenti a posteriori un "stress" élevé, s'être plusieurs fois "refait le film". Trois associations ou fédérations défendant les aveugles ont été déboutées, le tribunal estimant que si "la vulnérabilité" du piéton aveugle était apparente, "aucun élément ne démontre que le prévenu avait conscience qu'il était non-voyant ou mal-voyant" lorsqu'il l'a menacé.