Le Crazy Horse recherche danseuses d’origines et de cultures métissées

Publié le Mis à jour le
Écrit par Jean-Laurent Serra / France 3 Paris île-de-France

A la recherche de mixité,  le célèbre cabaret parisien, le Crazy Horse, ouvre sa scène à de nouvelles recrues d’origines, de nationalités et de couleurs de peau différentes.
 

Elles s’appellent Tina, Yuzu et Laila. Depuis quelques mois, ces trois jeunes femmes originaires des Antilles, du Japon et du Liban ont réalisé leur rêve : danser sur la célèbre scène du Crazy Horse. Lorsque nous arrivons dans les coulisses du cabaret pour réaliser le reportage, les trois danseuses sont en séance de travail.

Au début, j’avais peur de montrer mon corps, Yuzu, danseuse au Crazy Horse

Elles répètent un tableau phare du spectacle avec cinq autres jeunes danseuses sous la direction de Svetlana Kostantinova, la maitresse de ballet. La musique s’arrête, Svetlana intervient depuis la salle et monte rejoindre les filles sur scène : « Regarde Yuzu, ta position de mains et de jambes. Si tu croises comme ça, tu affines ta silhouette. C’est plus féminin, plus sensuel. C’est pareil au niveau du fessier. ». Recrutée récemment par le Crazy, Yuzu est franco-japonaise. Elle est arrivée à Paris, il y a six ans avec sa famille « Au début, j’avais envie mais j’avais peur de montrer mon corps. Et puis, je me suis dit quelle beauté, quel plaisir de regarder cette nudité, la beauté des femmes n’est pas vulgaire. Je suis très fière d’être danseuse au Crazy Horse »

 
 

Elles étaient des femmes entières et je me suis dit-je veux être ça !, Tina

En spectacle, les danseuses sont habillées de lumières. Leur nudité est toute relative. Et lorsque les lumières laissent apparaitre une courbe ou une poitrine, c’est toujours avec élégance. Au Crazy, la vulgarité n’a pas sa place. Pour Tina, originaire de Guadeloupe, le cabaret parisien, c’est le must, le temple de la féminité : « La première fois que j’ai vu le Crazy Horse, c’était à la télé, j’ai trouvé ça tellement osé et en même temps, tellement culotté ! J’ai trouvé les filles du Crazy sûres d’elles. Elles étaient des femmes entières et je me suis dit-je veux être ça ! Je ne me suis pas dit : je veux devenir comme elles, non ! Je me suis dit, je veux être ça. » répète Tina, avec conviction. Sur la scène juste à côté de Tina et de Yuzu, une jeune femme sublime au large sourire travaille elle aussi ses positions et ses petits pas qui font le secret du déhanché chic du Crazy. Elle s’appelle Laila. Originaire du Liban, la jeune femme est la dernière recrue du cabaret.

 

Avant, une femme noire ne voyait pas de femme noire sur scène, Andrée Deissenberg, directrice du Crazy Horse



Depuis plusieurs mois, la direction souhaite élargir le profil de ses danseuses à plus de mixité. Plusieurs auditions ont été organisées dans ce sens, mais le chemin est encore fragile . « Avant, une femme noire ne voyait pas de femme noire sur scène, donc elle se disait : il n’y a pas la place pour moi, ici. » nous explique Andrée Deissenberg, la directrice du Crazy Horse. « Maintenant, on a trois danseuses noires dans la troupe, donc les femmes dans le public se reconnaissent. Les danseuses qui visitent notre site internet se reconnaissent,  donc quelque part, ça a créé comme un cercle vertueux. Nous avons une nouvelle recrue, une libanaise qui pour des raisons culturelles hésitait à venir. J’espère qu’elle inspire d’autres libanaises ou des femmes maghrébines à venir ».

 


Après la répétition, c’est dans les loges que nous retrouvons Yuzu et Tina. Les deux jeunes femmes ont troqué leur body et leur short de répétition pour une tenue plus sensuelle au tissus transparent signée Chantal Thomass. Après quelques retouches de rouge à lèvre et de poudre de beauté, elles sont prêtes pour le show. « Militantes, on l’est en dehors, dans la vie de tous les jours » nous répondent les deux danseuses resplendissantes. « Sur la scène du Crazy Horse, on peut l’affirmer encore plus. On peut encore plus le revendiquer, donc c’est pour ça que c’est très intéressant à vivre, parce qu’on nous donne les moyens de pouvoir le crier haut et fort ».



Depuis sa création en 1951 par Alain Bernardin, le Crazy Horse offre un regard très parisien presque couture sur le spectacle de nu. Avec plus de six auditions organisées chaque année, le Crazy espère bien poursuivre son chemin vers davantage de mixité. Etre dans l’air du temps, c’est aussi être un peu militant.



"Totally Crazy" actuellement au Crazy Horse  

12 avenue Georges V - Paris 8ème



>> Le reportage de Jean-Laurent Serra, Gilles Bezou et Mohammed Chekkoumy

 
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