En classe alternée ou plus rarement en demi-classe, collégiens et lycéens peuvent retourner dans leurs établissements en demi-jauge depuis ce lundi. Mais le baccalauréat inquiète. Un syndicat lycéen appelle à l'annulation des épreuves et la généralisation du contrôle continue.
Le retour en classe est un soulagement pour de nombreux élèves (et de nombreux parents). Mais le passage des épreuves du baccalauréat risque bien de devenir une de leurs principales préoccupations.
Car à l'heure actuelle, l'épreuve de philosophie et le grand oral sont maintenus selon les propos d'Emmanuel Macron dans son entretien à la presse régionale publiée jeudi dernier.
"On demande le contrôle continu car c'est la seule solution réaliste. Si on maintient les épreuves, les élèves seront en grande difficulté", explique Mathieu Devlaminck, président du syndicat lycéen, l'UNL.
Ce dernier a appelé à un blocus des établissements à partir de ce jour. "On a demandé aussi un allègement national des programmes. La logique est purement mathématique : un élève qui va 50% en cours ne peut pas apprendre autant qu'un élève qui a fait 100% de présentiel. Passer en contrôle continu est la moins pire des solutions", poursuit-il.
"On a l'impression que rien n'est anticipé"
Une inquiétude palpable aussi du côté des associations des parents d'élèves. "La pandémie est complètement ignorée dans le passage des épreuves. Le passage des examens pose un très gros problème. On a l'impression que rien n'est anticipé, en particulier en termes de distanciation, et que l'on va encore attendre le dernier moment pour se rendre compte qu'il y a un problème", regrette Ghislaine Morvan-Dubois, présidente de la FCPE Paris.
Selon elle aussi, le contrôle continu "est la seule solution envisageable, mais la notation hétérogène entre lycées reste un problème. Il est nécessaire de ne pas casser le bac national à l'avenir".
Une équation difficile à résoudre tant l'évolution de la situation sanitaire est imprévisible. Selon le dernier point épidémiologique de Santé Publique France, le taux d'incidence était en baisse la semaine du 19 au 25 avril mais restait élevé (à 459 pour 100 000 habitants).
Le protocole sanitaire strict en place avant les vacances scolaires est d'ailleurs resté le même avec la fermeture d'une classe dès qu'un cas positif y est recensé. Mais "si la situation s'améliore, nous pourrions par exemple envisager de fermer de nouveau les classes à partir de trois cas" ou "rétablir les classes entières pour tous les lycéens et les collégiens", a indiqué le ministre au Journal Du Dimanche ce 2 mai.
Certaines classes toujours bondées
La demi-jauge sera-t-elle efficace pour juguler la propagation de la Covid-19 dans les établissements scolaires ? Elle est en tout cas appliquée de façon très différente selon les établissements. Une latitude a été donnée aux proviseurs qui appliquent des stratégies différentes : classe alternée par niveau, par jour ou par semaine pour certains ou en demi-classe pour d'autres.
"Nous avons encore des classes entières parce que la demi-jauge est appliquée de façon différente selon les lycées. Quand on est 35 par classe, on sait qu'il peut y avoir des contaminations. Nous demandons des demi-classes avec 15 élèves maximum et un roulement dans la semaine pour pas que l'on soit entassés. C'est encore très rare", indique le président de l'UNL.
Ghislaine Morvan-Dubois, présidente de la FCPE, affirme déjà avoir des remontées de cas contacts : "On craint que très vite, cela dégénère. La question est maintenant de savoir comment l'épidémie va se propager à l'intérieur des écoles et si cela va se maintenir à un haut niveau."
Reste le problème des cantines où "la demi-jauge est essentielle. On sait que c'est là que les élèves enlèvent leur masque et que c'est là qu'il y a un risque de contamination".