Le "rapport-bilan définitif" de la région sur la fermeture des voies sur berges est très noir

Le tout dernier épisode du "feuilleton de la fermeture des voies sur berges" est présenté par la région Ile-de-France. Et, sans surprise, le bilan que dresse la région est accablant, tant sur le chapitre de la circulation que sur celui de l'environnement

Le rapport-bilan de la région consacré aux conséquences de la fermeture, présenté comme définitif, est accablant autant sur la question des conséquences sur le trafic routier que sur celle de l'impact environnemental.
On pouvait s'y attendre : ce rapport est celui qui émane de la région, dont la présidente, Valérie Pécresse, exprime, depuis le début, à l'été 2016, son opposition à cette fermeture !


#Trois visions antagonistes


Depuis la décision de fermeture, puis sa mise en place en septembre 2016, il y a, dans cette affaire, trois interlocuteurs, trois choix différents et donc, à intervalles réguliers, trois bilans différents et même carrément antagonistes.

 - L'initiatrice de la décision, la ville de Paris et sa maire Anne Hidalgo, estiment bien sûr que la mesure est excellente et que tout se passe au mieux depuis que la fermeture est en place. La circulation s'est déplacée, répartie autrement, sur d'autres axes et les temps de parcours n'ont que très peu augmenté. Les riverains respirent mieux, et le bruit a diminué
 - L'opposante à cette décision, la région Ile-de-France et sa présidente Valérie Pécresse, ne ratent pas une occasion de dénoncer les conséquences d'une telle décision. Pour Valérie Pécresse, la circulation en Ile-de-France, déja compliquée avant, n'a jamais été aussi difficile. La pollution n'a pas diminué significativement. Elle pourrait même avoir augmenté à certains endroits. Quant au bruit, il s'est déplacé, pour devenir insuportable là où le trafic s'est reporté.
 - Et puis il y a l'Etat, et son représentant, le préfet de police, qui tente de se tenir à égale distance de la mairie et de la région, et doit aussi veiller à la rapidité d'intervention des services de secours (pompiers, police et autres ambulances ...) même dans les bouchons, à fortiori en période de menaces terroristes. Le représentant de l'Etat se doit néanmoins de ne pas interférer dans le débat politique entre ville et région.


#Trois observatoires


Le débat est si passionné et les avis tellement opposés que chacune des trois parties impliquées dans la polémique a cru devoir créer son "observatoire" des conséquences de cette piétonnisation. Trois observatoires donc, constitués de personnalités et/ou organismes évidemment réputés spécialistes et indépendants. Trois observatoires qui ont produit des rapports dont les conclusions ne sont pas identiques, cela va de soi !

Au passage, il faut remarquer aussi que ces "observatoires" n'observent, en réalité, pas la même chose. Leur périmètre de constatations n'est pas le même.

Ainsi, la zone à laquelle s'est attachée la ville est extrêmement restreinte, très centrale, et couvre les voies de circulation immédiatement aux abords de la voie sur berges fermée. Elle laisse de côté les énormes bouchons encore augmentés par les automobilistes qui cherchent un autre itinéraire pour passer d'un côté à l'autre de Paris et se sont reportés par défaut sur un périphérique déja asphyxié.

Au contraire, la zone observée par la région est très large et va jusqu'au second périphérique, l'A86, sur lequel il n'est pas certain que les nombreux bouchons quotidiens doivent quoi que ce soit à la décision de fermer les voies sur berges.

Le constat est le même pour ce qui est des conséquences sur la qualité de l'air. Zones d'observation différentes, donc conclusions différentes !


#Que dit le rapport de la région ?

Voici quelques unes des principales conclusions de ce rapport :

 A) Les reports de circulation depuis la voie fermée au trafic sont allés au-delà de l’hypercentre parisien, jusqu’au boulevard périphérique et ses abords au sud-ouest. On a pu également observer des évolutions significatives du trafic dans le sens ouest-est sur l’A86 sud. Certains déplacements de banlieue à banlieue ont connu une hausse significative des temps de trajet, comme par exemple sur l’itinéraire Boulogne – Charenton (environ + 40 %). Le périmètre impacté par les reports successifs du centre vers la périphérie confirme l’objection soulevée en son temps du commissaire enquêteur sur l’aire géographique d’impact du projet qu’il aurait fallu prendre en considération.

  B) Aucun phénomène d’évaporation du trafic (renonciation à des déplacements automobile) n’a pu être observé ou établi plus d’un an après la fermeture de la voie.

  C) Les quais hauts ont particulièrement subi par les reports de trafic.
 
  D) L'élévation du bruit au niveau des façades sur les quais hauts a fortement augmenté, allant jusqu’à un doublement de l’énergie sonore la nuit (+2 à +4 dB). 
 
  E) Si l’on exclut le facteur météorologique , on constate que la pollution s’est, pour l’essentiel, simplement déplacée. 

  F) L’absence d’impact positif sur la qualité de l’air est directement lié à l’augmentation du niveau de congestion du trafic, avec des temps de parcours détériorés sur de nombreux axes en heures de pointe. 

  G) Les temps de parcours des bus (environ 25 lignes concernées) ont été concernés de manière significative dans leur traversée du secteur, en raison notamment de la congestion des carrefours. 

>>Voir le rapport

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