Accusés d’"espionnage" par le régime iranien, Cécile Kohler, 40 ans et Jacques Paris, 72 ans, sont détenus à la prison d’Evin, à Téhéran, dans un quartier de haute sécurité. Les proches de Cécile Kohler ont organisé un rassemblement ce 1er février à Paris devant le Panthéon pour demander la libération des Français détenus en Iran.
Cela fait maintenant 1 000 jours que Cécile Kohler, enseignante en lettres modernes à Carrières-sur-Seine (Yvelines), et son compagnon Jacques Paris sont détenus en Iran, après un voyage touristique en mai 2022. Depuis plusieurs mois, ils sont incarcérés dans quartier de haute sécurité à Téhéran dans "des conditions inhumaines" partageant leurs cellules avec plusieurs détenus.
"Ne pas les oublier"
Devant le Panthéon cet après-midi, des centaines de personnes se sont rassemblées pour soutenir les otages français en Iran et leurs familles. "C'est un enfer de la savoir détenue dans ces conditions. Sa cellule est sans fenêtre, sans lumière du jour. Elle ne sort que trois par semaine pour quelques minutes.", explique Marine, une collègue de Nanterre et amie de Cécile Kohler. Elle qui aime tant "lire et écrire" n'a accès "ni aux livres, ni à une feuille de papier ou un stylo", résume son amie. "On est là pour lui montrer qu'on l'aime, qu'on ne l'oublie pas et qu'on veut qu'elle tienne le coup jusqu'à ce qu'elle soit libérée", ajoute l'enseignante.
Plusieurs collègues de Cécile Kohler se sont rendus à la manifestation de soutien organisée par la famille. "On a l'impression d'être dans un film, irréel", témoigne Amandine, une autre enseignante. "Tout le lycée est derrière elle, on veut son retour.", ajoute-t-elle. D'anciens élèves du lycée où enseigne Cécile Kohler sont aussi présents comme Julien. Aujourd'hui étudiant en droit à quelques pas du Panthéon, il suit depuis le début le compte instagram de la soeur de Cécile. "Voir s'afficher 1 000 jour de détention c'est extrêmement choquant, c'est important de venir ici.", confie le jeune homme. "Il ne se passe rien, on est démunis face à l'emprisonnement de ces otages.", explique quant à lui Romain venu apporter son soutien. Trois Français sont détenus en Iran : Cécile Kohler, son compagnon Jacques Paris mais aussi Olivier Grondeau, 34 ans.
Coupée du monde
Selon ses proches, les contacts avec Cécile Kohler sont très difficiles, rares et aléatoires. "Elle nous appelle moins d'une fois par mois, c'est toujours en visio sur Whatsapp, et cela dure autour de 5 minutes sous haute surveillance. On ne voit que son visage mais on perçoit des gens autour d'elle et une forte pression psychologique", explique sa soeur Noémie.
Son désespoir est de plus en plus grand, elle doute de sortir un jour.
Noémie Kohler, soeur de Cécile détenue en Iran
Parfois, plusieurs mois se passent sans appels de la part de l'enseignante, qui ne peut pas parler librement. "Elle fait beaucoup d'efforts pour nous rassurer mais son désespoir est de plus en plus profond, elle doute de plus en plus de sortir un jour", ajoute la jeune femme.
La famille sait que Cécile Kohler est détenue dans une petite cellule de 8 à 9m2, éclairée 24/24h et sous surveillance permanente. "Elle dort par terre à même le sol, elle ne reçoit pas les livres qu'on lui envoie et se trouve complètement coupée du monde. Elle subit une brutalité psychologique au quotidien.", ajoute sa soeur.
Aujourd'hui, la famille veut garder espoir et veut croire en l'action du gouvernement français. Les dernières prises de parole du ministre des affaires étrangères leur ont fait "beaucoup de bien" car le ton de la France "s'est durci". "Le ministre a parlé de tortures pour qualifier certaines des conditions d'incarcération de nos proches", précise Noémie Kohler.
On attend des autorités françaises qu'elles fassent tout ce qu'elles peuvent pour ramener nos proches.
Noémie Kohler
Le président de la République Emmanuel Macron a assuré recevoir bientôt les familles des otages.
Cela fait 1000 jours que Cécile Kohler et Jacques Paris sont otages de l’Iran.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 31, 2025
842 jours pour Olivier Grondeau.
Je pense à eux et à leurs familles que je recevrai prochainement.
Leur détention est indigne et arbitraire.
Nous exigeons leur libération.
Plusieurs manifestations ont été organisées en France depuis le 31 janvier, notamment en Alsace d'où est originaire Cécile Kohler.