Cette sportive née à la fin du XIXe siècle est à l'origine des Jeux mondiaux féminins en 1922 au stade Pershing à Paris. Une statue en son honneur a été inaugurée ce lundi 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Tout un symbole : la statue d'Alice Milliat va trôner aux côtés de celle de Pierre de Coubertin à la Maison du Sport français située au Stade Charlety (avenue … Pierre de Coubertin bien sûr) au siège du comité national olympique et sportif français (CNOSF).
Cette pionnière du sport féminin s'est battue pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques. "Alice Milliat est indéboulonnable maintenant que son œuvre d'art est entré dans la Maison du Sport français. Elle a sa place tout comme le sport féminin à sa place dans le sport", se réjouit Aurélie Bresson, présidente de la Fondation Alice Milliat.
L'œuvre d'art, inaugurée ce lundi 8 mars, a été réalisée par l'atelier laque de l'école nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art (Ensaama). Pour l'inaugurer, le ministre des Sports Jean-Michel Blanquer, la ministre déléguée Roxana Maracineanu ainsi que la maire de Paris Anne Hidalgo et le président du comité d'organisation des JO de Paris-2024 Tony Estanguet étaient présents ce jour.
Dévoilement de la sculpture d’#AliceMilliat réalisée par les étudiants de l’atelier laque de l’@ensaama !
— Ministère des Sports ?♀️ (@Sports_gouv) March 8, 2021
Une œuvre en laque sur bois et feuilles d’argent montée sur un support métal. pic.twitter.com/XhI7vG1xaz
Combat contre le machisme de Pierre de Coubertin
Une façon de réhabiliter cette femme avant-gardiste qui était tombée dans l'oubli. Née en mai 1884 à Nantes, Alice Milliat a créé la Fédération sportive féminine internationale et les Jeux féminins. Il faudra attendre sa démission en 1925 pour obtenir une véritable avancée : les femmes sont acceptées aux JO d'Amsterdam en 1928 dans le sport phare, l'athlétisme.
Elle s'est notamment battue contre le fondateur des Jeux olympiques modernes Pierre de Coubertin qui déclarait un an encore avant sa mort en 1937 : "le seul véritable héros olympique c'est l'adulte mâle individuel. Par conséquent, ni femme, ni sport d'équipe". "Elle était déjà un peu avant-gardiste, c'était sûrement un petit peu tôt, surtout face à un Pierre de Coubertin très macho qui disait que les femmes pouvaient être présentes dans le sport que pour remettre des fleurs", poursuit Aurélie Bresson.
Tombée dans l'oubli
Sa mémoire mettra des décennies à ressurgir. C'est un photographe amateur, à la recherche de sa tombe, qui découvre le lieu où elle est inhumée dans un cimetière de Nantes il y a cela 7 ans. Il n'y a plus de pierre tombale. La fondation, créée deux ans plus tard, permet de trouver des financements pour la faire sortir de l'oubli et de lui redonner une sépulture digne de ce nom. Dans le même temps, un long combat s'engage pour la faire entrer au Comité olympique.
"En 2017, il y avait pas mal de réticences. Au début, le groupe de travail du Comité olympique partait plutôt dans la démarche de faire un petit tableau ou une médaille. Ils ne voulaient pas que Pierre de Coubertin soit bousculé", explique Aurélie Bresson.
Mais elle salue dans le même temps l'évolution du CNOSF : "Autant aujourd'hui, ils ont organisé quasiment l'intégralité de cette inauguration. Comme quoi, rien n'est figé dans le temps, les choses peuvent bouger mais il ne faut rien lâcher."
La fondation milite également pour que le nom d'Alice Milliat soit donné à des rues et des enceintes sportives. C'est ce qu'a décidé le conseil de Paris l'été dernier. L'un des futurs équipements construits pour les JO de Paris-2024, la future Arena 2, située dans le nord de la capitale, portera ce nom.