Face à l'explosion des coûts d'exploitation des transports publics franciliens, la présidente LR d'Île-de-France Mobilités (IDFM) a réclamé lundi à l'Etat de reprendre 2 milliards d'euros de sa dette liée à la crise sanitaire.
"Aujourd’hui, la balle est dans le camp de l’Etat", a jugé lundi Valérie Pécresse. La présidente du conseil régional d'Île-de-France a estimé pour 2023 à 950 millions d'euros les surcoûts de fonctionnement des transports franciliens liés à l'augmentation spectaculaire des tarifs de l'électricité. Pour y faire face, l'élue a rappelé avoir déjà réalisé 200 millions d'euros d'économie en interne.
Lors d'un conseil d'administration d'IDFM, Valérie Pécresse a obtenu un vote pour 100 millions d'euros supplémentaires de contributions des collectivités locales, dont 50 millions de la région Île-de-France et 30 de la mairie de Paris. L’élue a ajouté avoir obtenu 100 millions d'euros de la part de la SNCF : un remboursement de "surprofits" générés en 2020 et 2021 à travers le contrat la liant à IDFM.
La RATP rendra à l’autorité organisatrice des transports franciliens une somme du même ordre, en raison de son incapacité à réaliser ses services contractuels, notamment les lignes de bus qui souffrent de pénuries de conducteurs.
"Il nous reste donc 450 millions d'euros à trouver", a résumé Valérie Pécresse. Pour la présidente d’IDFM, une piste serait de "demander à ce que l'avance de l'Etat pour les pertes (dues au) Covid puisse être transformée en subvention". Soit 2 milliards d'euros de dette pour IDFM, a rappelé l’élue.
Si l'Etat acceptait, IDFM n'aurait ainsi plus à rembourser les quelque 130 millions d'euros prévus chaque année jusqu'en 2036. Le conseil a aussi demandé une baisse de la TVA sur les transports en commun à 5,5%, contre 10% actuellement. De quoi dégager 150 millions d'euros supplémentaires en 2023.
Des alternatives à une hausse du pass Navigo ?
Valérie Pécresse escompte enfin 180 millions d'euros d'une augmentation du versement mobilité, une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés. Sur les 950 millions, "nous en avons déjà 500 de sécurisés", a indiqué la présidente du conseil régionale.
L’élue a présenté ces propositions comme une alternative à une augmentation du coût du forfait Navigo à 100 euros, qui serait à défaut nécessaire d’après elle. Le prix du pass est aujourd’hui fixé à 75,20 euros.
"J’attends aujourd'hui une contre-proposition de l’Etat, qu’on se mette à une table de négociations tous ensemble pour voir ce qu’ils prennent dans mon plan et ce qu’ils ne prennent pas. Et d'ores et déjà, on a déjà beaucoup avancé, on a débroussaillé. J’ai obtenu l’accord des collectivités, ce qui n’était pas forcément évident. Sur les entreprises, il y a encore des petites tensions", a expliqué Valérie Pécresse.
Elle a également rappelé que l’ex-Premier ministre Edouard Philippe avait promis en janvier 2020 de proposer des mesures de financement pérenne des coûts de fonctionnement du Grand Paris Express, qu'IDFM devrait prendre en charge dès 2023. Si ces promesses ne sont pas tenues, IDFM ne financera pas en 2023 les quelque 100 millions d'euros de "coûts de pré-exploitation" de ce super-métro de la région parisienne, a affirmé l’élue.
La présidente d’IDFM a formulé la même mise en garde à propos des 150 millions demandés pour l'organisation des jeux Olympiques, "si l'Etat n'accorde pas de recettes nouvelles", selon le texte adopté lundi. Du côté de la Ville de Paris, David Belliard, l'adjoint aux Transports de la maire, a confirmé que la collectivité participerait. "Paris assume ses responsabilités mais sous réserve que le Pass Navigo ne soit pas augmenté", a annoncé l’élu EELV à l'AFP.