POLEMIQUE. "C'est une incitation à frauder dans les transports" : Akha, l'application qui signale les contrôleurs dans le métro, bientôt interdite ?

Île-de-France Mobilités porte plainte contre le créateur d'Akha. Cette application, sorte de "Wase" des transports en commun, donne également la position des contrôleurs dans le métro. Usagers et associations sont partagés.

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"Ce n’est pas normal qu’on puisse aider les gens à contourner la loi comme cela." Soraya est formelle, Cette aide-soignante qui travaille dans le 15ème arrondissement est contre le principe de l'application Akha.

Conçue pour être alerté sur les conditions de circulation, elle-ci-ci permet également à ses 130 000 utilisateurs de savoir où se trouvent les contrôleurs dans le métro, tramway ou bus afin de les éviter.

"Ce n'est pas une bonne chose. On doit payer nos transports et se soumettre aux contrôles", continue Soraya. Selon elle, "c'est aussi une question de respect vis-à-vis des contrôleurs. Ils font leur travail, être en règle, c'est leur faciliter la tâche.

Encourager la fraude dans les transports, Marcel non plus ne trouve pas cela normal. "Il faut que tout le monde soit à la même enseigne et possède un titre de transport", nous dit cet habitant du 16ème arrondissement alors qu'il achète son ticket à la borne, avant d'embarquer dans le tram. "Je pense que cette application donne de mauvaises habitudes aux gens. Cela normalise un comportement qui n'est pas légal", selon le quinquagénaire.

"Dans certaines situations, cela peut aider des gens"

Autre son de cloche : Tymelia, une étudiante qui connaît, mais n'utilise pas l'application. En descendant du tram, elle confie que d'après elle, Akha "est une bonne idée pour tous ceux qui n'ont pas les moyens d'avoir un Passe Navigo, car les tarifs restent chers."

Et de poursuivre : "Selon ce que l'on fait dans la vie, on n'a pas forcément les ressources pour se permettre de le payer tous les mois." Si elle est en règle, la jeune femme "peut comprendre que certains l'utilisent pour se faciliter la vie et éviter l'amende."

D'autres usagers sont plus modérés. "En principe, je suis contre ce genre d'application, mais je peux comprendre que dans certains cas, cela puisse aider des personnes", témoigne l'une d'entre eux.

Les associations d'usagers "scandalisées"

Pour les associations d'usagers, celle-ci encourage la fraude dans les transports. "Nous trouvons le principe de cette application scandaleux", explique le vice-président de la FNAUT IDF. "Elle incite à la fraude et à l’illégalité. Tout le monde doit payer ses transports en commun. Pour ceux qui ont moins de moyens, il existe des tarifs sociaux", poursuit-il en indiquant que la FNAUT "condamne et déplore l’existence de cette application".

De son côté, l'association Plus de Trains évoque les pertes économiques dues à la fraude. "Tout l'argent perdu à cause de la fraude représente des fonds en moins pour avoir des matériaux neufs et du personnel en plus en gare. Au final, ceux qui sont en règle payent pour les fraudeurs. Cette application crée un dangereux précédent et légitime l'illégal", explique le président de l'association Arnaud Bertrand.

Selon le syndicat FO Sureté RATP, le coût annuel de la fraude s'élève à 700 millions d'euros.

A lire aussi : Fraude dans les transports : comment la RATP, la SNCF ou Transdev font la chasse aux fausses adresses des contrevenants

La RATP et IDFM portent plainte  

De son côté, la RATP condamne aussi l'utilisation de cette application. La régie rappelle que son utilisation enfreint le Code des transports : le fait de diffuser un message visant à donner la position de contrôleurs ou agents de sécurité est passible de deux mois d'emprisonnement et 3 750 euros d'amende. La RATP a déposé plainte contre le créateur de Akha. 

"La RATP va également saisir Apple et Google, les deux entreprises qui mettent à disposition l'application en téléchargement", annonce la régie autonome des transports parisiens.

Pour sa part , Île-de-France Mobilités, l’autorité régulatrice des transports de la région  porte  plainte ce mercredi contre le créateur de l’application surle fondement de l'article du Code des Transports précédemment cité. Valérie Pécresse, présidente d'’IDFM a estimé que cette application "facilite la fraude dans les transports." IDFM a également mis en demeure le créateur de l’application pour qu’il ferme son appli.

Ce mardi, Akha a été retirée du Play Store d'Android. Elle est encore disponible sur l'App Store d'Apple pour Iphone.  

 

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