Procès du 13-Novembre : "Donner la parole aux accusés était une très bonne initiative"

Le président de la cour d'assises spéciale de Paris a donné la parole aux accusés ce mercredi, au sixième jour du procès des attentats du 13 novembre 2015. Salah Abdeslam a ainsi tenté de justifier les attaques en évoquant l'intervention militaire de la France contre Daech.

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Salah Abdeslam s’est exprimé après les dix autres accusés présents dans le box, et les trois autres qui comparaissent libres. Tous ont été invités par le président Jean-Louis Periès, dès le début de cette sixième journée de procès, peu après 13h, à prendre la parole pour "préciser leur position par rapport aux faits". "Il ne s’agit pas d’un interrogatoire, mais d’une déclaration spontanée", "succincte", "pour éclairer la cour et les parties", a rappelé Jean-Louis Periès.

Au sein du palais de justice historique de Paris, sur l’île de la Cité, certains accusés ont semblé particulièrement stressés. S’exprimant tour à tour au micro, plusieurs d’entre eux ont souligné leur volonté de "répondre à toutes les questions", et certains ont clamé leur innocence, quand d’autres ont préféré ne pas parler pour le moment. Plusieurs ont évoqué leur émotion vis-à-vis de la douleur des victimes, ou encore "condamné avec la plus grande fermeté les atrocités". 

On dit souvent que je suis provocateur, mais ce n'est pas vrai, je veux être sincère.

Salah Abdeslam, seul survivant des commandos

Seul survivant des commandos terroristes de Paris et Saint-Denis, Salah Abdeslam a commencé par prévenir qu’il serait "un peu plus long" que les autres, alors que la salle d’audience était plongée dans le silence. "On a attaqué la France, on a visé la population, des civils, mais en réalité il n'y avait rien de personnel", a-t-il dit. En tentant de justifier les attentats, l’accusé a évoqué "les avions français qui ont bombardé l'Etat islamique" sans faire de distinction selon lui entre "les hommes, les femmes, les enfants". Et d’ajouter : "On a voulu que la France subisse la même douleur".

"François Hollande a dit que nous avons combattu la France à cause de ses valeurs, mais c'est un mensonge… François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l'Etat islamique en Syrie. Il savait qu'en prenant cette décision, des Français allaient trouver la mort", a également déclaré Salah Abdeslam, vêtu d’un pull sombre, avec un masque noir sur son épaisse barbe. "Alors je sais que certains de mes propos peuvent blesser mais mon but n'est pas de remuer le couteau dans la plaie mais d'être sincère, a-t-il poursuivi. On dit souvent que je suis provocateur, mais ce n'est pas vrai, je veux être sincère."

"C'est impossible de savoir si des gens sont sincères quand ils risquent des dizaines d’années de prison derrière"

La séance a ensuite été brièvement suspendue. Croisé dans la salle des pas perdus, à la sortie de la salle d’audience, Georges Salines, qui a perdu sa fille Lola au Bataclan, a trouvé l’intervention des accusés "intéressante" : "Donner la parole aux accusés était une très bonne initiative de la part du président. Je reste complètement neutre quant à leur niveau de sincérité, quand ils disent qu’ils condamnent les attentats. C'est impossible de savoir si des gens sont sincères quand ils risquent des dizaines d’années de prison derrière. Mais je trouve néanmoins intéressant qu’ils expriment leur compassion vis-à-vis des victimes."

Cette démarche politique est humainement absolument impossible à accepter. Mais on y voit plus clair.

Georges Salines, partie civile, et président d’honneur de l’association 13onze15 Fraternité et Vérité

"D’autant que certains se sont tus et au moins un a revendiqué une démarche politique, poursuit le fondateur de l’association de victimes 13onze15 Fraternité et Vérité, aujourd’hui président d’honneur. Cette démarche politique est humainement absolument impossible à accepter. Mais on y voit plus clair. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit aussi clair. C’est une clarification extrêmement importante."

Les propos de Salah Abdeslam ont été reçus différemment selon les parties civiles. "Il est gonflé, c’est le moins que l’on puisse dire, estime Paul Henri Baur, qui a été blessé au Stade de France. Il parle car il sait qu’il ne s’en sortira pas. Il est sincère, contrairement aux autres qui ont l’air complètement dépassés."

Le reste de l’après-midi, un enquêteur antiterroriste a témoigné, évoquant notamment à la barre l'analyse des voitures des trois commandos. L'audience a pris fin vers 17h. Jeudi et vendredi, les débats s’annoncent sensibles, avec des diffusions de vidéos et photos.

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