Repas à 1 euro pour tous les étudiants : "Ça permettra peut-être de manger plus équilibré le soir", une mesure très attendue

La proposition de loi instaurant un repas à un euro pour tous les étudiants a été adoptée mercredi par l'Assemblée nationale. Une première victoire pour les organisations étudiantes. Le dispositif doit être examiné au Sénat.

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"On se retrouve vite à faire des pâtes au beurre tous les jours", ironise Pauline, non boursière, inscrite à l'Ecole Supérieure de Chimie. Dans ce quartier estudiantin du 5e arrondissement de Paris, Pauline et ses camarades font la queue ce midi devant le R.U, le restaurant universitaire du Châtelet.

"Si on fait le calcul, le repas à un euro, ça fera économiser 40 € par semaine. Ça permettra peut-être de manger plus équilibré le soir quand la plupart des restos U sont fermés et de garder une part de budget pour le reste, les visites, la culture, etc.", estime Simon, étudiant non boursier. 

Donner accès à tous les étudiants à des repas à un euro, c'est la proposition de loi votée mercredi à une écrasante majorité à l'Assemblée nationale. Porté par la députée socialiste de Seine-Saint-Denis, Fatiha Keloua Hachi, le texte de loi étend à tous les étudiants les repas à un euro dans les restaurants et points de vente gérés par les Crous, les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires.

Il y a deux ans, pendant la crise du Covid, le gouvernement avait déjà mis en place ce dispositif avant de le réserver aux étudiants boursiers et précaires. 500.000 personnes pourront en bénéficier sur un total de 2,965 millions d'étudiants en France.

Une mesure attendue "depuis longtemps"

La FAGE, la Fédération des associations générales étudiantes qui se "réjouit" de ce vote des députés "attendu depuis longtemps", reste néanmoins très prudente. Car la proposition doit maintenant passer le cap du vote du Sénat.

Elisa Mangeolle, la vice-présidente de la FAGE tire des leçons de l'épisode politique de 2023 où la même proposition parlementaire de repas à un euro pour tous les étudiants avait été soumise aux députés. "On avait été extrêmement déçu, ce n'était pas passé à une voix près ! (...) les politiques ne prennent pas en compte les besoins de la jeunesse '(…) il faut dire que quand 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim, ça a un impact majeur sur leur réussite académique"

Selon une enquête réalisée par l'IFOP en novembre 2024,"plus d’un tiers des jeunes interrogés déclare sauter souvent ou de temps en temps un repas par manque d’argent. Pour boucler la fin du mois, les étudiants mettent en place des stratégies plurielles" Pour presque une majorité d'entre eux, cela passe par la réduction de portions et de quantité ou encore, pour près de 18 % des étudiants interrogés, par un recours à l’aide alimentaire.

Des CROUS déjà au régime maigre

La proposition de loi votée hier pourrait fragiliser l'équilibre budgétaire des CROUS, pointe le ministre chargé de l’Enseignement supérieur. Philippe Baptise évalue une perte de leurs recettes à 50 millions d'euros. "On a des CROUS qui sont en grande difficulté", reconnaît Elisa Mangeolle. "Donc, il y a une importance majeure aussi à se dire qu'il faut aussi les financer pour qu'ils puissent continuer à proposer leurs services, que ce soit sur la restauration, le logement, la vie étudiante", préconise-t-elle.

Lors du débat à l'Assemblée nationale, le ministre a dénoncé une mesure "injuste socialement". Les étudiants les plus aisés paieront moins et l'accès au repas à un euro engorgerait encore plus les R.U prédisent les détracteurs de ce dispositif. Dans son enquête, l'IFOP souligne que 17 % des étudiants renoncent à y manger en raison de files d’attente excessives.

La vice-présidente de la FAGE rétorque : "Les étudiants à l'aise pour payer 3,30 €, ce sont souvent des gens qui ne vont pas manger au restaurant universitaire parce qu'ils ont les moyens d'aller manger ailleurs."

Quant au risque d'engorgement des restos U, Elisa Mangeolle estime qu'il faut aborder le problème avec une "logique inverse". "L'idée, c'est d'abord de se dire qu'on leur donne accès et que derrière, on finance la masse salariale pour pouvoir assumer le rythme et que l'on ouvre de nouveaux espaces et de nouveaux modes de restauration."





 

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