Dans une "note confidentielle" adressée au ministère de la Culture, la présidente du Louvre, Laurence Des Cars, alerte sur l'état du musée parisien, pointant une "multiplication d'avaries" et la nécessité de grands travaux.
Cette note, datée du 13 janvier, dénonce "la réalité sévère de l'état" des bâtiments du musée le plus visité au monde, "trop sollicités" et dont beaucoup "arrivent à un niveau d'obsolescence inquiétant", rapporte Le Parisien.
Le document, en partie reproduit sur le site internet du quotidien, évoque une "multiplication d'avaries dans les espaces du musée parfois très dégradés". "Certains ne sont plus étanches quand d'autres connaissent d'importantes variations de température mettant en danger la conservation des œuvres", est-il ajouté.
Selon Elise Müller, secrétaire nationale du syndicat SUD Culture, "les enjeux bâtimentaires et la déliquescence du Louvre sont connus depuis bien longtemps. La direction actuelle le sait depuis sa prise de poste. Quand elle est arrivée, un plan décennal de programmation de travaux avait été budgété par l'État. Les crédits n'ont vraisemblablement pas été attribués à ce qu'ils auraient dû. Trois ans et demi après, rien n'a été fait pour entretenir le bâtiment donc on se retrouve dans une situation extrêmement compliquée".
Une "épreuve physique" pour visiter le musée
Autre grief : "l'épreuve physique" à laquelle sont soumis les visiteurs du Louvre, privés d'espace "permettant de faire une pause". "L'offre alimentaire ou les sanitaires sont en volume insuffisant, largement en deçà des standards internationaux. La signalétique doit être entièrement repensée", est-il détaillé.
Le Parisien cite également les "importantes lacunes" attribuées à "la conception" de la grande pyramide de verre du Louvre, espace inauguré en 1988, "très inhospitalier" les "journées de forte chaleur" et au "traitement phonique (...) très médiocre".
Une femme venue visiter le Louvre ce jeudi matin évoque bien le manque de bancs quand une autre rapporte "le bruit insupportable" dans le hall de la pyramide.
Selon la représentante syndicale Elise Müller (SUD Culture), "le sentiment général parmi le personnel, c'est la honte, pour être clair. Cela devient insupportable : on a des fuites au niveau des toitures, des ascenseurs qui ne fonctionnent plus, les canalisations qui rompent. Les agents doivent trouver des solutions pour permettre au public international et national de continuer à profiter de ce patrimoine universel".
Projet d'une nouvelle entrée
La note insiste en outre sur la nécessité d'"interroger" la "présentation de la Joconde dans la salle des États", la plus vaste du musée.
En avril 2024, Laurence Des Cars avait déjà annoncé réfléchir, "en lien avec le ministère de la Culture", à une amélioration des conditions d'exposition du célèbre tableau de Léonard de Vinci, qui mériterait selon elle une salle à part.
L'ouverture d'une seconde entrée au musée afin de désengorger la principale, située sous la Pyramide, figure également parmi ses projets. Cette dernière a été conçue à l'origine pour accueillir "quatre à cinq millions de visiteurs par an", selon le Louvre, dont la fréquentation a approché les 9 millions en 2024.
De manière générale, "cette situation ne peut plus souffrir le statu quo", fait valoir Laurence Des Cars en conclusion de sa note, remerciant Rachida Dati "d'avoir bien voulu attirer l'attention du Chef de l'État" Emmanuel Macron sur ce dossier, dont il compte se saisir, selon le Parisien.
De son côté, Elise Müller, du syndicat SUD Culture, pense que cette nouvelle entrée ne fasse pas partie des travaux urgents : "Il semblerait que la facture totale soit de 1 milliard pour avoir une ouverture supplémentaire du Louvre de l'autre côté de la Pyramide. Aujourd'hui, la priorité absolue est de ne pas transmettre aux générations futures un bâtiment délabré, alors qu'on l'a eu en état. Avec des collections qui risquent d'être abîmées. Il y a deux ans, une exposition a dû être en urgence fermée du fait d'une inondation qui n'avait pas été anticipée par la direction actuelle."
Contactés par l'AFP, le Louvre et le ministère de la Culture n'avaient pas réagi mercredi soir.