Une dizaine de travailleurs sans-papiers occupe depuis ce lundi un centre de tri exploité par Veolia dans le 15e arrondissement de Paris. Soutenus par la CGT, ils estiment avoir été surexploités par une société sous-traitante.
"Dès que je parlais de mes droits avec le gérant, il me disait ferme ta bouche", "J'ai travaillé plusieurs mois au noir", dénoncent des anciens employés d'une société de sous-traitance de Veolia.
Une dizaine d'entre eux se mobilise depuis ce lundi pour dénoncer leurs conditions de travail avec le soutien de la CGT. Selon le syndicat, ils sont victimes de "surexploitation" de la part d'une société sous-traitante du groupe Veolia."Travail illicite, non-respect des obligations de devoir de vigilance des donneurs d'ordre, non-respect des conditions de travail, non-respect des normes de sécurité, travail indigne", résume Ali Chaligui, délégué CGT pour la Fédération nationale des syndicats du transport-activités des déchets.
Selon la CGT, la cinquantaine de salariés qui était employée par l'entreprise sous-traitante, NTI, a subi ce type de dérive depuis 2018, "avec une évolution exponentielle, notamment pendant la période Covid, pour remplacer les salariés en activité partielle ou pour des raisons de santé".
Embauches et régularisations
La CGT Île-de-France et la CGT Transports demandent l'embauche en CDI et la régularisation d'une dizaine de ces salariés sans papiers employés par la société NTI, dans un tract dont l'AFP a pris connaissance mardi. Des négociations avec Véolia sont en cours.
Les employés ont déposé une requête devant le tribunal des prud'hommes. Il vise notamment la société Véolia. Selon Maître Katia Piantino, avocate des travailleurs sans-papiers, "il y a eu un grave manquement à l'obligation de vigilance. Le Code du travail est très clair dans le cadre d'une sous-traitance, le donneur d'ordre doit vérifier que son sous-traitant ne fait pas de travail dissimulé, et n'emploie pas de travailleurs étrangers sans titre de travail."
NTI, une entreprise liquidée
Dans un communiqué, le groupe Véolia assure qu’il "ignorait" (...) "l'éventuel emploi de salariés sans papiers par NTI", entreprise qu'il a sollicitée entre 2019 et 2022 sur quelques sites et de manière non continue".
Veolia indique avoir "pris la décision d'arrêter de travailler" avec NTI après avoir "détecté des incohérences dans les éléments de réponses fournis" par cette société. Le groupe assure appliquer "la plus stricte vigilance aux conditions d'exécution de l'ensemble de ses contrats de sous-traitance" et demander régulièrement "des attestations de vigilance de l'Urssaf et la liste des salariés étrangers".
NTI a, selon Ali Chaligui, été "liquidée récemment après des contrôles de l'inspection du travail, pour "échapper aux sanctions, échapper aux contrôles, échapper au suivi", une partie de ses dirigeants ayant depuis fondé la société AR Environnement.
Contactée, l'entreprise sous-traitante n'était pas joignable dans l'immédiat.