Une quinzaine de buralistes franciliens va tester un outil de "vérification d'âge" des acheteurs de cigarettes. Cette caméra intelligente leur indiquera s'il faut vérifier ou non, la date de naissance du client ; la vente du tabac étant interdite aux mineurs.
Comment ça marche ?
Les clients sont prévenus. Un autocollant jaune vif informe que l'établissement est doté d'un vérificateur d'âge où l'on peut lire : "Protection des mineurs, anonyme, sans enregistrement d'images, sans reconnaissance faciale".
La caméra intelligente trône à côté du buraliste, face aux clients. Elle analyse les traits du visage de la personne qui souhaite acheter un paquet de cigarette. Si la lumière vire au rouge, le buraliste demande alors une pièce d'identité au consommateur et vérifie son âge. Si la lumière reste verte, le buraliste peut vendre du tabac sans craindre d'être en infraction.
Le dispositif s'appuie sur l'intelligence artificielle. "Il ne s'agit pas d'une prise de photos", rassure Stephan Rosseneu, de l'entreprise Bergens, qui a mis au point cette caméra. "La machine n'est pas connectée à internet et ne stocke aucune donnée personnelle", précise-t-il.
Pourquoi ces caméras sont-elles déployées ?
"Il n'est pas évident pour le buraliste qui doit vendre du tabac qu'à des personnes majeures, de reconnaître la majorité du client. Avec cet outil ça va nous aider", affirme au micro de France 3 Paris Île-de-France, Jean-François Vigouroux, président de la fédération des buralistes des Yvelines, installé à Maurepas.
"Les buralistes, qui ont le monopole de la vente de tabac en France, doivent respecter la réglementation, à savoir l'interdiction de la vente de produits de tabac aux mineurs", rappelle à l'AFP Philippe Alauze, président de la fédération des buralistes d'Ile-de-France. "Le buraliste est décisionnaire dans cet acte de vente" et peut parfois se tromper", poursuit-il. "Il nous arrive souvent d'avoir une interrogation et (...), l'appareil "aide donc à la décision" et "à appliquer la réglementation".
Autre objectif poursuivi par les buralistes : apaiser les tensions qui peuvent naître d'un refus de vente. Pour le tabac, mais aussi pour les jeux d'argent interdits aux moins de 18 ans. "Aujourd'hui quand nous demandons une pièce d'identité à quelqu'un, elle peut mal le prendre", pointe Jean-François Vigouroux.
Même son de cloche pour Eric Saucet, qui tient le Tabac des Facultés à Paris. Il cite l'exemple d'un jeune homme qui souhaitait acheter une carte de paiement prépayée pour des sites de paris en ligne, interdits aux mineurs. La lumière est passée au rouge et le buraliste s'est appuyé sur sa machine pour réclamer une pièce d'identité. "Le jeune homme n'a pas insisté".
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Qu'en pensent les clients ?
Les clients majeurs rencontrés trouvent l'idée excellente. "C'est une très bonne idée, au moins on sait que ce sont des mineurs, ça permet de savoir si on peut les servir ou pas", affirme l'un d'entre eux. D'autres sont plus dubitatifs : "Les jeunes arriveront à acheter du tabac d'une manière détournée avec un copain à eux par exemple." Quant aux mineurs fumeurs, pas certain qu'ils partagent le même avis que leurs aînés.
L'installation de la machine coûte 590 euros, à la charge du commerçant. Il n'y a pas d'abonnement.
La phase de test en Ile-de-France durera jusqu'en avril et pourrait être étendue aux 23 000 bureaux de tabac que compte la France.
Ces "vérificateurs d'âge" sont déjà installés dans des supérettes pour encadrer la vente d'alcool.