Après deux siècles de sommeil, la maison Lignereux fondée au siècle des Lumières, et spécialisée dans les objets d'art, reprend vie entre les mains de Gonzague Mézin et son collectif d'artisans d'art.
Des fontaines d'un bleu céruléen parsemées de gouttelettes d’or semblables à de la cire fondante : dans cette ligne d'objets aux allures des Grandes Eaux de Versailles, Gonzague Mézin et son collectif d'artisans d'art Lignereux illustrent avec finesse la splendeur et l’opulence du château de Versailles sous le règne de Louis XV. Cette perfection jusque dans les détails signe l’excellence du savoir-faire de ses ateliers, restés fidèles au raffinement du XVIIIème siècle.
L'installation intitulée Après nous le déluge, fait référence à la célèbre phrase attribuée au monarque, et a nécessité 10 000 heures de travail à 17 ateliers d'arts : "La structure reprend la découpe du bassin de Neptune, le seul inauguré par Louis XV. Une beauté parfaite qui donne l’impression qu’elle ne s’arrêtera jamais", résume le créateur.
En observant l'or ruisseler sur l'œuvre et se glisser entre les premiers mots de la Déclaration des droits de l'homme, on comprend le présage de la Révolution française à venir. Cette dualité artistique finement orchestrée met en lumière la splendeur et la fragilité de cette époque : "Je souhaite faire émerger une réflexion sur ce qui constitue l'objet d'art, celui d'hier et d'aujourd'hui. En réveillant Lignereux, j'imagine des objets d'art contemporains à partir de savoir-faire extraordinaires. Il y a un désir de continuité de ce que peut être cette maison, aujourd'hui à notre époque", souligne Gonzague Mézin.
Une réussite forgée par la persévérance
Lignereux évoque le bonheur, celui de l'univers créatif de Gonzague Mézin. Par son ingéniosité, il a revitalisé cette maison du XVIIIème siècle en concevant des objets authentiques et beaux. Diplômé d’HEC et titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art de La Sorbonne (Paris IV), Gonzague Mézin travaille successivement au château de Versailles, chez Sotheby's, l'ébéniste parisien Benoît Blaise, et l'assureur d'art Hiscox. C'est lors de travaux de recherche en histoire de l'art, en 2005, qu'il découvre Lignereux et ses pièces patrimoniales d'exception : "Je travaillais sur les collections de Quentin Craufurd, un ancien espion écossais devenu collectionneur. Il possédait plusieurs pièces de Lignereux, le fournisseur des maisons royales européennes qui avait la confiance de Marie-Antoinette."
Conscient de sa valeur artistique et historique, il dépose la marque emblématique du XVIIIème et XIXème siècles en 2013 et décide de proposer des objets travaillés cette fois-ci à la manière contemporaine d’un collectif d’artisans d’art. Gonzague Mézin dessine son premier objet en 2015 et orchestre la production de l'œuvre : "Les planètes s'alignent, je rencontre Marella Rossi, une grande antiquaire de la place de Paris. Elle est conquise par ce que je fais et me propose de présenter mon premier objet à la TEFAF, le plus grand salon d'art du monde, situé à Maastricht en mars 2016". Une opportunité rare que ni lui ni son collectif ne laissent passer. L'équipe dispose de trois courtes semaines pour finaliser la production de cette sculpture en forme de sphère rugueuse, prise dans les méandres de trois serpents dorés. Quelques mois plus tard, la création arrive en finale du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main 2016.
Une rencontre providentielle
En 2018, Gonzague Mézin fait une rencontre décisive. Celle de la collectionneuse et mécène suisse Caroline Freymond. Ce soutien, notamment durant la période difficile de la pandémie de Covid-19, va lui permettre, en 2022, de créer et exposer de nouvelles pièces dans la galerie d'art que possède la mécène à Genève. Il sera par la suite invité à créer un objet à la demande d'Yves Carlier et d'Hélène Delalex, les conservateurs du patrimoine du château de Versailles et du Trianon, pour clore l'exposition Louis XV, goûts et passions d'un roi. Depuis, Gonzague Mézin et son collectif Lignereux poursuivent leur élan créatif et exposent à la Galerie Ariane C-Y, en abordant cette fois-ci le thème de l’insouciance collective et individuelle face aux défis climatiques.
Infos pratiques :
Après nous le déluge à la Galerie Ariane C-Y, jusqu'au 22 février 2025, au 21 rue Chapon 75003 Paris.