Alstom a retiré l'offre de Bombardier Transport, pourtant retenue par la RATP et la SNCF pour fournir les nouvelles rames du RER B, choisissant l'affrontement avec ses principaux clients. Une décision dénoncée par les associations d’usagers.
Le RER B peut dire adieu à ses nouveaux trains. Alstom a retiré jeudi l'offre de Bombardier, pourtant retenue par la RATP et la SNCF pour fournir les nouvelles rames du RER B, expliquant que le contrat n'est pas viable.
Bombardier Transport et l'espagnol CAF avaient en effet été retenus, face à l'offre d'Alstom, pour fournir 146 rames, pour 2,56 milliards d'euros, avec une livraison des premiers trains prévue fin 2025. Mais Alstom a multiplié les recours, parvenant à retarder la signature du contrat jusqu'à sa prise de contrôle de Bombardier Transport, effective depuis le 29 janvier.
Le constructeur ferroviaire explique que les "conditions technico-financières de l'offre du consortium Bombardier-CAF ne correspondent pas aux prix de marché et ne permettent pas d'exécuter ce contrat sans risques importants pour le financeur, l'exploitant, les voyageurs et pour notre entreprise". Un contrat "déséquilibré (techniquement, industriellement ou financièrement)" toujours selon Alstom, dont les propositions de médiation ont été rejetées. Le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, avait déjà évoqué mercredi la perspective de perdre "beaucoup d'argent" sur ce contrat.
La RATP et SNCF, de leur côté, ont condamné la décision, se disant prêtes "à engager toutes les actions judiciaires" pour obliger Alstom à exécuter le contrat. Les deux groupes ainsi qu’Île-de-France Mobilités, qui finance les trains, considèrent que le constructeur est tenu d'honorer le contrat, signature ou pas, dès lors qu'il a fait une offre ferme et qu'il a été retenu. "Par son rachat de la société Bombardier Transport, Alstom a repris l'ensemble des contrats et engagements de l'entreprise", ont affirmé la RATP et la SNCF dans un communiqué commun publié jeudi.
Valérie Pécresse, présidente d'IDF Mobilités, a encore dénoncé jeudi matin une "stratégie d'entrave absolument scandaleuse" de la part d'Alstom, lui demandant de "tenir sa parole". L’autorité régionale des transports a passé pour 19 milliards d'euros de commandes au groupe et à Bombardier.
"Voilà comment sont baladés les usagers de la ligne RER/Transilien la plus dégradée"
Calendrier politique, intérêts industriels… Si les responsabilités sont multiples, ce sont les intérêts des usagers qui risquent d’être avant tout touchés.
Le #RERB peut dire adieu à ses nouveaux trains ! #Alstom vient d'annoncer à la #RATP son refus d'honorer le contrat proposé par #Bombardier
— Bertrand Lambert (@B_Lambert75) February 4, 2021
► mon analyse ⤵️
► les responsabilités sont multiples et, comme toujours sur cette ligne, ce sont les usagers qui trinquent#transports pic.twitter.com/VU0ZYAwQKP
La FNAUT IDF (Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports) se dit sur Twitter "sidéré" par l’annonce. "Si cette décision se confirme, c'est au moins deux ans de retard pour l'arrivée des nouvelles rames sur le RER B", déplore l’association, qui évoque une décision "consternante".
Épisode 28 de la saga des nouveaux trains #RERB: la réponse (virulente) de RATP-SNCF au retrait d’Alstom.
— Plus de Trains (@Plusdetrains) February 4, 2021
Ne loupez pas l’épisode 29 demain: la décision du tribunal sur un des recours d’Alstom.
Voilà comment sont baladés les usagers de la ligne RER/Transilien la plus dégradée. https://t.co/kdMoVWZzpj pic.twitter.com/nTZGAFO38r
"Voilà comment sont baladés les usagers de la ligne RER/Transilien la plus dégradée", regrette encore l’association Plus de trains, évoquant une "honte", un "affront" et un "scandale".
Valérie Pécresse a convoqué la RATP et la SNCF ce vendredi afin de trouver des solutions "pour sortir de l'impasse", selon un porte-parole.