En Seine-Saint-Denis, les jeunes de 13 à 25 ans sont fortement exposés aux publicités de paris sportifs selon une enquête. Le Département veut s'engager dans une campagne de sensibilisation active pour lutter contre l'addiction à ces jeux.
Teddy n'a plus une seule application de paris sportifs sur son téléphone. II a tout supprimé. Mais de 15 à 17 ans, l'adolescent a parié presque en continu. Tout a commencé par une publicité vue sur les réseaux sociaux. "Je me suis dit c'était de l'argent facile à gagner. Je me suis fait influencer à ce moment-là (...) Comment j'ai su que j'étais addict ? C'est quand j'ai perdu beaucoup trop de paris", explique-t-il.
Teddy a réussi à décrocher grâce à son père et à un projet l'année dernière dans lequel il s'est investi avec une association de professionnels du cinéma dans sa classe en terminale. Le jeune homme a réalisé des courts-métrages. Des parodies publicitaires qui dénoncent le marketing agressif des opérateurs de paris sportifs qui s'adressent à la jeunesse des quartiers populaires et aux plus précaires en utilisant leur code et leur langage.
Le département de Seine-Saint-Denis compte diffuser à grande échelle ces films de sensibilisation. En attendant, les parodies publicitaires réalisées par les adolescents sont actuellement visibles dans une exposition ludique et interactive à Rosny-sous-Bois.
"Il y a quelque chose encore plus insupportable pour nous qu'ils ciblent effectivement des jeunes et des jeunes de milieux sociaux défavorisés. À qui ils font miroiter une amélioration de leur situation personnelle, une amélioration de la situation de leur famille. Ça me fait rager !", s'agace Stéphane Troussel, président PS du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
Des parieurs dès l'âge de 13 ans
En Seine-Saint-Denis, 2000 jeunes de 13 à 25 ans ont été interrogés pour réaliser une enquête sur les jeux sportifs baptise "PARIJEUNES 2024". Selon ses conclusions, 82,4 % de mineurs en Seine-Saint-Denis ont vu ou entendu une publicité pour les jeux d’argent au cours des derniers mois. Des parieurs de plus en plus jeunes. 4 jeunes sur 10 ont commencé à jouer dès l'âge de 13 ans.
Pour endiguer l'exposition de ce public aux jeux d'argent, des solutions existent avance Thomas Amadieu, sociologue auteur de l'enquête "PARIJEUNES 2024". "On a différents leviers. On peut aller de quelques limitations comme le font par exemple les Anglais qui interdisent pendant les rencontres sportives les publicités. Jusqu'à l'interdiction totale, comme on le fait pour d'autres pratiques addictives."