De plus en plus de communes franciliennes adoptent la limitation de vitesse à 30 km/h. Si les associations et experts de la sécurité routière avancent que cela ne change pas les temps de déplacement, la mesure suscite souvent du mécontentement.
Si les chiffres en matière de sécurité routière sont très clairs, la mesure ne passe pas forcément très bien auprès des automobilistes. Pourtant, en cas de choc à 30 km/h avec un véhicule, un piéton à 9 chances de survie sur 10, contre 1 sur 10 à 50 km/h.
"Baisser la vitesse autorisée est toujours vécu comme une régression. Mais on sait globalement que rouler à 30 km/h en ville aujourd'hui n'engendre pas de différence de temps de déplacement. Mais pour les usagers vulnérables, ce n'est pas du tout la même histoire", indique Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière.
Ce dernier plaide pour une généralisation de l'abaissement de la vitesse à 30 km/h dans les centres-villes franciliens. Une mesure, qui, année après année, fait son chemin dans la région.
"Mobilités qui changent et évoluent"
Si Paris a, de façon emblématique, abaissé la vitesse à 30 km/h depuis 2021, certaines communes de banlieue et rurales font aussi ce choix. Massy, Brétigny-sur-Orge dans l'Essonne, Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine, ou plus récemment, Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.
"La ville de Saint-Ouen a fait le choix de passer à une limitation de vitesse de 30 km/h dans la majorité de ses rues en réponse à un tragique événement : la mort de Paul Varry, un Audonien et cycliste engagé, percuté par un automobiliste à Paris le 15 octobre dernier. Cet accident a profondément marqué la communauté locale et a révélé la nécessité urgente de repenser la sécurité des usagers vulnérables, comme les cyclistes et les piétons", indique la mairie.
"Nous sommes une ville de 60 000 habitants. On a 40 % de la population qui a moins de 30 ans. Ce sont des types de mobilités qui changent et évoluent. Qui dit évolution des mobilités, dit enjeu écologique, sécuritaire et éducatif", évoque Karim Bouamrane, maire (PS) de la commune.
Application repoussée à Aulnay-sous-Bois
Selon Pierre Lagache, de la Ligue contre la violence routière, cet abaissement de la limitation de la vitesse doit absolument s'accompagner d'autres mesures : "Il faut une politique globale : réaménager les infrastructures, faire en sorte que tous les usagers connaissent et respectent les règles. Il y a a un déficit énorme dans ce domaine-là. Aujourd'hui, les automobilistes ne connaissent pas les règles qui s'appliquent aux vélos, les cyclistes ne les connaissent pas eux-mêmes parfois. Et les trottinettes, en grande majorité, ignorent les règles également".
Dans une autre commune proche de Paris, à Aulnay-sous-Bois, l'abaissement de la vitesse à 30 km/h ne se fait pas sans remous. Annoncé dans un post sur Facebook entre Noël et le jour de l'An.
"C'est l'exemple même d'une administration bureaucratique qui exécute à la lettre sans se poser de questions" : ces mots proviennent … du maire (LR) de la commune de Seine-Saint-Denis. Ce dernier indique avoir "immédiatement exigé de mon administration un sursis à exécution".
Certains axes vont être exclus du dispositif, une campagne pédagogique va être lancée. De façon que chacun vive en harmonie avec les autres, car chacun peut se retrouver "un jour piéton, un jour cycliste, un jour automobiliste", selon l'expression de Pierre Lagache.