Une enquête menée auprès de cyclistes pointe le manque d'infrastructures dans le département.
Bagnolet, Bobigny, Drancy ou Villemomble (qui détient le pire score de l'étude) : il ne fait pas bon pédaler dans de nombreuses communes de Seine-Saint-Denis selon le Baromètre des villes cyclables paru le 10 février. Onze villes du département obtiennent la note "G", soit très défavorable et aucune au-dessus de "D" (Moyennement favorable).
Ce ne sont pas des observateurs mandatés qui ont fait ce classement mais des usagers qui ont répondu à un questionnaire détaillé. Pour qu'une commune soit classée, il était nécessaire qu'au moins 50 personnes y répondent.
"En Seine-Saint-Denis, les baromètres ne sont pas surprenants. Mais des villes ont fait de gros efforts, je pense notamment à Montreuil, à Pantin ou au Prés-Saint-Gervais", indique Louis Belenfant, directeur du Collectif Vélo Île-de-France, une structure qui regroupe 42 associations de cyclistes franciliens.
Le département met des moyens
Pourtant, au niveau du département, les moyens sont affichés pour rendre le "territoire 100% cyclable" . Le conseil départemental souhaite investir 150 millions d'euros sur la période 2019-2024 pour adapter l'ensemble des routes pour que "toute personne qui le souhaite puisse se déplacer en vélo en toute sécurité dans le département".
Cependant, certaines villes régressent dans les classements. C'est le cas de Bagnolet, "gros point noir des cyclistes" selon les mots de M. Belenfant. Les sondés pointent ainsi le manque de sécurité, de confort et d'efforts de la commune.
"La Seine-Saint-Denis obtient les notes les plus basses sur la sécurité, cela veut bien dire que c'est là où il y a le plus à faire. Dans les commentaires, ce que l'on voit revenir est le besoin de pistes connectées, de carrefour protégés, comme le montre les efforts de Montreuil. La bonne nouvelle est que même lorsque l'on est mal classé, cela peut aller très vite. Pantin et Montreuil on fait un bon en 2 ans et montrées que l'on peut changer radicalement le quotidien des cyclistes. Une politique cyclable, cela se fait beaucoup plus rapidement qu'une route ou un métro", poursuit-il.
Hausse de la mortalité
Pour la première fois depuis vingt ans, le nombre de cyclistes tués a dépassé les 200 en France. Au total, ce sont 226 cyclistes qui ont trouvé la mort en 2021 (39 de plus qu'en 2019).
"Cette hausse est davantage marquée hors agglomération (+35% en 2021 par rapport à deux ans auparavant) où les vitesses élevées des usagers motorisés rendent les cyclistes plus vulnérables", note l'Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR).
"Ce sont avant tout des personnes qui décèdent hors agglomération, percutées par des véhicules qui roulent très vite, il n'est pas question de casque ou de feu rouge", détaille Olivier Schneider, le président de la fédération française des usagers de la bicyclette.
Ce dernier plaide pour le développement de liaisons intercommunales en dehors des villes, le développement des pistes cyclables sécurisées en ville et le déploiement de caméras sur les poids lourds leur signalant par des alarmes visuelles ou sonores la présence de vélos dans les angles morts.
"Il faut être astucieux pour faire du vélo en Seine-Saint-Denis. Il faut choisir ses jours et ses heures. Les portes, les ponts, les franchissements de canaux restent de gros points noirs", raconte Louis Belenfant du Collectif Vélo Île-de-France. Il espère ainsi que le RER V (le plan régional qui vise à créer des axes cyclables connectés dans l'ensemble de la région prendra forme.
Un partage de l'espace public qui se fera au détriment des automobilistes selon lui : "En Seine-Saint-Denis, la voiture est partout, y compris sur les trottoirs, alors que c'est le département où les ménages en possèdent le moins. Il faut un rééquilibrage de l'espace public pour améliorer la qualité de vie des habitants."