La première pierre sera posée mi-mars, mais le public devra attendre septembre 2025 pour se promener au cœur du chantier de la fabrique de la flèche. Ce mardi 7 octobre, la presse était conviée à découvrir les premières esquisses de ce projet qui rassemble expérience virtuelle et technique de construction du Moyen Âge.
"Stéphane Bern est disponible pour une interview", glisse une communicante en tapotant l'épaule d'une journaliste. Ni une ni deux, celle-ci fend la foule qui se presse dans le jardin de la basilique Saint-Denis. Micro en main, elle se rue vers le président du comité de parrainage de l'association Suivez la flèche qui vise à promouvoir la reconstruction de l'édifice mythique de cette cathédrale.
Un poste que l'animateur a "immédiatement accepté à la suite d'une proposition formulée dans une lettre par l'ancien Président François Hollande en 2014". Onze ans plus tard, le projet est sur le point de débuter. Raison pour laquelle, il est convié ce matin en compagnie d'une cinquantaine de visiteurs au point presse qui présente le chantier. À son issue, la seconde tour de l'église devrait de nouveau surplomber la ville de Saint-Denis d'ici 2030.
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15 228 pierres pour 90 mètres de haut
"L'ensemble des 15 228 pierres qui vont être utilisées sont issues d'un banc de calcaire semblable à celui où avaient été puisées celles de l'ancienne flèche au Moyen Âge. Elles sont extraites d'une carrière de l'Oise en respectant leur formation naturelle", explique Christophe Bottineau. L'architecte en charge du projet se tient devant une vitre en plexiglas derrière laquelle une dizaine d'artisans commencent à tailler les premières pierres qui formeront la base de la nouvelle flèche de la cathédrale.
Dégradé par une série d'ouragans, l'édifice de 90 mètres de haut s'est vu démonté en 1847 par crainte qu'il ne s'effondre. Usée par 150 années de conservation, aucune des pierres de l'ancienne flèche n'a pu être réutilisée. Mais les méthodes de construction tentent de reproduire les conditions de l'époque. "Le chantier est basé sur le principe du zéro déchet. Toute chute de pierre est ensuite réutilisée", poursuit Christophe Bottineau qui tente de se faire entendre par-dessus le fracas des marteaux.
Un chantier ouvert et immersif
À une centaine de mètres du repère des tailleurs, un autre spectacle se joue. Un immense échafaudage de forme cubique trône au milieu de la pelouse du jardin de la basilique. "C'est ici que sera installé le cube immersif qui va projeter un film en 360° sur l'histoire de la flèche. Derrière, on trouvera la galerie didactique dédiée au passé de la basilique", décrit Julien de Saint Jores, directeur général de Suivez la flèche.
Diffusé plus tôt dans la matinée au cours de la conférence de presse, un clip vidéo donne une idée de ce à quoi vont ressembler les coulisses du chantier, ouvertes aux visiteurs dès septembre 2025. Salle de réalité virtuelle et expositions en plein air vont cohabiter avec un "village des artisans". Au cours des cinq prochaines années, 130 professionnels partageront leurs techniques et méthodes de travail au public qui profitera aussi de plusieurs activités immersives.
"La première vraie pierre sera posée à la mi-mars avec la présence de quelques autorités", révèle Mathieu Hanotin. Au micro de la petite tribune installée dans la sacristie, le maire de Saint-Denis évoque son "rêve secret" de voir la flèche "garnie de ses cloches". Cette ambition n'est pas à l'ordre du jour, mais il ne l'exclut pas. "Ce genre de projet a besoin d'une incarnation. C'est le rôle de Stéphane Bern."
Dernier intervenant à s'exprimer, l'animateur prétend que ce chantier n'est "pas que du patrimoine, mais aussi une aventure humaine collective". Pour Stéphane Bern, la "symbolique extraordinaire" des cathédrales réside en partie dans "tous les chantiers" qui gravitent autour d'elle.
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Une flèche à 27 millions d'euros
"D'après une étude, 1 euro investi dans le patrimoine en rapportera 21 autres", avance le passionné d'histoire en référence à celle réalisée par le cabinet Pluricité. "Alors je veux bien payer la pierre que je vais poser en mars", s'amuse Stéphane Bern avant de quitter le pupitre.
D'ici à l'inauguration du chantier, le circuit de visite de la basilique Saint-Denis fait peau neuve. Carte numérique devant les 70 tombeaux des reines et rois de France, début du parcours dès la façade, accessibilité pour les malvoyants : des nouveautés qui devraient permettre d'engranger de nouveaux revenus au même titre que la flèche et son chantier de fabrication.
Peu concluante, la campagne de mécénat n'a, elle, rapporté que quelques "dizaines de milliers d'euros", signale le maire de Saint-Denis. Le montant total des dépenses s'estime à 27 millions dont plus de 5 millions proviennent de la Région Île-de-France. La grande majorité est attribuée par le fonds de solidarité interdépartemental d'investissement (FS2i) qui débloque 20 millions d’euros pour reconstruire la flèche de la basilique.
Une somme que la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) a déjà dépensée pour la cathédrale au cours des dix dernières années. Personne ne le dit mieux que Stéphane Bern : "tous les chemins ramènent à Saint-Denis."