Un étudiant tunisien de 19 ans, mort égorgé quelques jours après son arrivée en France: l'enquête progresse peu à peu après la découverte d'un cadavre découpé en morceaux et abandonné dans des sacs poubelle en Seine-Saint-Denis.
La victime, dont l'identité n'avait jusque-là pas été révélée, est un jeune homme originaire de M'saken, dans l'est de la Tunisie. Afif Chebil était "venu poursuivre ses études en France", a précisé mardi une source proche du dossier. Début septembre, "la police française nous a appelés pour nous dire que c'était le corps de mon neveu", a confirmé l'oncle de la victime, Fakher Youssef, joint par téléphone en Tunisie.
Le cadavre avait été découvert par des passants le 2 septembre dans trois sacs poubelle déposés sur un trottoir, sur le boulevard circulaire de Villepinte, dans la banlieue nord-est de Paris. Selon une source policière, l'un des sacs contenait la tête et les bras, le deuxième les jambes et le troisième le reste du corps. Depuis, l'autopsie a permis d'en savoir un peu plus sur son décès: Afif Chebil a été égorgé avant que son corps ne soit découpé en morceaux avec une scie à métaux, a expliqué une source proche du dossier.
Pourquoi Afif, décrit par ses proches comme "sage" et "sérieux", a-t-il été tué? Pourquoi s'est-on acharné sur son corps, avant de l'abandonner en pleine rue? Aucune certitude. Très peu d'informations filtrent sur l'enquête, confiée par le parquet de Bobigny aux spécialistes de la brigade criminelle, à Paris.
"Crime odieux"
Issu d'une famille de cinq enfants, Afif Chebil aurait fêté ses 20 ans dans un mois. Après le bac, le jeune homme, qui était malvoyant, avait entamé des études d'architecture à Tunis, qu'il avait ensuite interrompues. "Il avait passé un concours pour étudier en France", a précisé son oncle. Après un premier séjour d'un mois à Paris en juin, il était revenu en France le 27 août "pour terminer son inscription à la fac et trouver un logement", a-t-il ajouté. Il devait suivre des études de maths et d'informatique à l'université Paris-VII (Paris Diderot).
Les jours précédant sa mort, le jeune homme résidait seul chez un ami de son père à Aulnay-sous-Bois, ville voisine de Villepinte. "Je lui avais prêté mon appartement, je ne sais pas du tout ce qui a pu arriver", a confié ce dernier, en vacances en Tunisie au moment des faits. Ses proches racontent l'avoir vu sur Skype pour la dernière fois à minuit le 31 août. "Il allait se coucher, il était tout à fait normal", a expliqué son oncle, qui le décrit comme un jeune homme "instruit" et "pas particulièrement aventureux".
En Tunisie, où le décès a suscité de l'émoi, plusieurs pages Facebook ont été ouvertes en hommage au jeune homme. Deux rassemblement de recueillement sont annoncés sur le réseau social pour vendredi, l'un devant l'ambassade de Tunisie à Paris, l'autre devant l'école d'architecture de Tunis. Dans un communiqué, le ministère tunisien des Affaires étrangères déplore "un crime odieux", affirmant "soutenir la famille dans ses efforts auprès des autorités françaises concernées pour découvrir les auteurs".
De son côté, l'oncle d'Afif affirme avoir "tout à fait confiance dans la justice française pour qu'elle retrouve le meurtrier". Mais "on aimerait que la procédure accélère un peu pour faire transporter le corps et l'enterrer en Tunisie", ajoute-t-il.