Depuis des mois, les habitants d’une résidence neuve située à Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis, vivent un cauchemar. Déversement des eaux usées dans les parties communes et dans les logements, infiltrations d’eau et coupures de chauffage.
"Depuis qu'on est installé, il n'y a que des problèmes et des galères", explique Fabienne Métier, une locataire qui réside dans l'un des deux bâtiments de cette nouvelle résidence située au 19 et au 21, avenue Lucie Aubrac à Livry-Gargan.
Ces deux immeubles sont neufs. 18 logements pour l'un et 34 pour l'autre ont été livrés en mai 2023.
"Ça a commencé en août avec les eaux usées qui sont remontées chez tous les locataires du rez-de-chaussée ainsi que dans le cabinet dentaire qui est installé au rez-de-chaussée. Il y a eu un arrêté préfectoral qui a permis que des travaux soient faits sur la fosse septique et pour l’instant ça a l’air de tenir", relate la locataire.
Depuis, les problèmes électriques ont pris le relais. "Dans mon séjour cuisine, j’ai réussi à avoir 9° en mettant un convecteur toute la journée, je vis avec cette température depuis le début de l’hiver", confie Fabienne Métier.
"Dès l'emménagement, les pompes à chaleur étaient en panne régulièrement. Depuis début mai 2024, elle ne fonctionne plus du tout. Le bailleur nous a fourni des convecteurs électriques qui consomment énormément. Il nous donne un forfait par logement, mais qui ne suffit pas à payer les factures liées à l’utilisation de ces convecteurs", déplore-t-elle.
De nombreuses familles vivent dans ces logements. La résidence comprend deux bâtiments. Le bâtiment A de 34 logements connaît de nombreux problèmes d'humidité à l'intérieur des appartements neufs. "Ils ont énormément de moisissure dans leurs appartements", témoigne Kheireddine Benchao, locataire de cette résidence. "Mes voisins ont un bébé qui est un grand prématuré, leur enfant n’arrête pas de faire des allers-retours entre l’hôpital et la maison", raconte Fabienne Métier.
Face à cette situation, le maire de la commune, Pierre-Yves Martin se dit scandalisé. "Les locataires passent leur deuxième hiver dans le froid, et ce n'est pas acceptable". "Depuis un an et demi, la situation perdure, il faut que le bailleur Batigere prenne ses responsabilités et garantisse à ses locataires des conditions de vie dignes", explique le maire.
Des rencontres ont eu lieu avec les représentants de Batigere pour que le bailleur s'engage à mettre fin à ces dysfonctionnements. Une réunion avec les locataires s’est déroulée le 13 novembre dernier. Malgré les engagements pris par le bailleur, la situation ne s'arrange pas. "Avec ce froid glacial, les locataires n’ont aujourd’hui pas d’eau chaude et se chauffent très difficilement avec des chauffages électriques", dit le maire.
Astreinte journalière
Ce mardi matin, Fabienne Métier et Kheireddine Benchao sont venus prendre conseil dans les bureaux de la CLCV à Livry-Gargan.
Éric Adachowsky, président de la CLCV 93, représente la deuxième association nationale de défense de locataires. "On accompagne les locataires sur les problématiques qu’ils peuvent rencontrer avec les bailleurs majoritairement des bailleurs sociaux", explique-t-il.
Pour lui, le bailleur social "Batigere a fait rentrer beaucoup trop vite les locataires dans un bâtiment qui n’était pas terminé, et où il y avait des erreurs de fabrication", explique le responsable de l'antenne de Seine-Saint-Denis.
"Ça va se terminer au tribunal, on va les accompagner pour aller jusqu’au tribunal", dit Éric Adachowsky. L'association va demander au tribunal judiciaire une astreinte journalière pour que le bailleur résolve les problèmes. "C’est ce qu’on a fait pour la fosse septique, le bailleur avait une astreinte de 500 € par jour. Les réparations ont été effectuées", explique le président de la CLCV 93.
Depuis des mois, les locataires prennent sur leur temps personnel pour tenter de résoudre les problèmes qui affectent leur résidence. "On est tout le temps sur les nerfs", explique Kheireddine Benchao. "C’est l’angoisse, on se demande tous les jours, ce qui va encore nous tomber sur la tête", confie-t-il.