Témoignage. "Soit je paye 7 000 euros par mois, soit je les licencie" : l'inquiétude d'une tétraplégique qui craint de perdre ses aides à domicile

Publié le Écrit par Tom Rousset

Marie-Antoinette Bachène-Vicaire doit désormais payer une partie du salaire de ses auxiliaires de vie. En cause, une nouvelle réglementation mise en place par le département du Val-d'Oise. Tétraplégique, elle ne peut pas se passer de leur aide quotidienne et se retrouve face à un dilemme.

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Marie-Antoinette Bachène-Vicaire est tétraplégique. Cette maman du Val-d'Oise a besoin d'une aide à domicile toute la journée et toute la nuit. "Je ne peux bouger que mon index et mon pouce droit pour diriger mon fauteuil", détaille-t-elle. Au quotidien, ses quatre aides à domicile l'assistent pour tout le reste. "Elles m'aident à manger, me laver et aller aux toilettes."

Sans elles, je ne peux pas vivre normalement. Cette habitante de Saint-Clair sur Epte accuse le coup. Jusqu'à maintenant, l'entièreté du salaire des aides à domicile et des charges sociales étaient prises en charge par le département : la Prestation de Compensation du Handicap.

Ce n'est plus le cas depuis le début de l'année.

"Une condamnation à l'isolement"

En effet, depuis le 1er janvier, le département ne souhaite plus rembourser l'intégralité du salaire des auxiliaires de vie.

"Dans un courrier, le département m'a annoncé qu'il y aurait désormais un reste à charge et que c'est à moi de le payer."

Le courrier, daté du 23 décembre dernier, indique que "le remboursement du salaire de votre auxiliaire de vie à domicile, sera fixé à 18,96 € par heure travaillée."

À cause de cette nouvelle règle, Marie-Antoinette doit payer un reste à charge de 6,20 euros par heure.  Avec quatre auxiliaires, cela fait "7 000 euros à payer tous les mois en plus du reste de mes dépenses", explique la maman de 46 ans. "Ce n'est pas tenable en touchant seulement une allocation adulte handicapé qui est autour de 1 000 euros", regrette-t-elle.

"Ce n’est pas une simple coupe budgétaire. C’est une condamnation à l’isolement, à l’abandon", indique-t-elle. Elle craint de devoir licencier les aides à domicile qu'elle emploie depuis 2006. "Je suis coincée dans un dilemme, car je n'ai pas l'argent nécessaire pour continuer à les payer avec ces nouvelles règles. Si je m'en sépare, je ne vais plus pouvoir vivre correctement. Je suis à la campagne, ce sera très dur de retrouver des auxiliaires qui viendront jusqu'à moi. De plus, le licenciement me coûtera aussi beaucoup d'argent avec les primes d'ancienneté."

Cette nouvelle réglementation concerne des centaines de personnes en situation de handicap dans le Val-d'Oise. "Beaucoup de personnes qui emploient des aides à domicile sont dépendantes de leurs présences. À défaut de pouvoir baisser leurs salaires, on sera obligés de s'en séparer. Cela nous met en danger", déplore Marie-Antoinette Bachène-Vicaire.

 "Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience que cela risque de forcer de nombreuses personnes à rester chez elles. Sans aide quotidienne, je ne vis pas", poursuit-elle.

Celine Drilhon, directrice adjointe en charge des affaires publiques pour la santé et la citoyenneté pour AMF-Téléthon, dénonce, elle aussi, cette décision "brutale". "De nombreuses personnes dépendent entièrement de ces aides pour des besoins vitaux. Ce reste à charge peut représenter une somme considérable à la fin du mois", estime-t-elle.  

"Le désengagement de l'Etat"

De son côté, le conseil départemental justifie cette moindre prise en charge par le désengagement de l'État.

"Jusqu'à présent, le département du Val-d'Oise versait la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : le salaire net, la rémunération des congés payés, les indemnités kilométriques du salarié, la carte Navigo et une partie des charges patronales.  (...) et "avait fait le choix volontaire de compléter la PCH en remboursant l’ensemble des charges patronales".

"Au regard de la forte évolution des tarifs horaires de la PCH imposée par l’État sans compensation pour les Départements ces dernières années (+15,3 %), auxquelles s’ajoutent les difficultés rencontrées par les Départements en raison de l’instabilité économique et politique de l’État, le Val-d'Oise a dû, avec regret, se résoudre à arrêter cette prestation complémentaire et d’appliquer le tarif horaire maximum légal fixé par l’État au 1er juin 2024." 

Le conseil départemental du Val-d'Oise annonce avoir mis en place une cellule d'écoute téléphonique pour accompagner les familles concernées.

        

   

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