Le maire Charles Aslangul, qui dénonce un "déni démocratique des parrainages" en vue de l’élection présidentielle, a lancé un vote en ligne sur Twitter afin de faire son choix. Le candidat d’extrême-droite Eric Zemmour est arrivé en tête.
La publication décompte près de 52 000 votes. Le sondage Twitter lancé mardi soir et pour deux jours par Charles Aslangul, le maire LR de Bry-sur-Marne propose uniquement trois choix : Marine Le Pen (RN), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et enfin Eric Zemmour (Reconquête), arrivé largement en tête avec 67% des résultats. Trois candidats qui rencontrent des difficultés à rassembler les 500 parrainages nécessaires d’ici le 4 mars pour se présenter à l’élection présidentielle.
L’édile a promis : "Je signerai pour celui qui obtiendra le plus de voix". Pourtant il y a quelques semaines encore, Charles Aslangul prévoyait de ne parrainer personne, "pour rester à la hauteur de la fonction d’élu local". Mais le maire a finalement décidé de passer par un sondage en ligne, accessible à n’importe quel utilisateur de Twitter.
"Ce n’est pas la meilleure des solutions, mais le pire aurait été de rester les bras croisés"
"La situation est catastrophique, déplore l’édile en expliquant sa démarche. Notre démocratie est abîmée. On constate que trois des principaux candidats, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, sont aujourd’hui empêchés de concourir à l’élection présidentielle, alors même qu’ils représentent chacun des millions de Français. Donc je considère qu’il est de mon devoir de prendre ma part."
Charles Aslangul dit "répondre à l’appel de David Lisnard", maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France (AMF), qui a récemment donné son parrainage à Jean-Luc Mélenchon par "esprit républicain".
Pour ce qui est du choix de passer par Twitter, le maire de Bry-sur-Marne s’explique : "Je ne voulais pas uniquement consulter mes habitants. L’élection présidentielle appartient à tous les Français et ce n’est pas un sujet local. Et surtout, c’était très difficile d’organiser ça rapidement avec les vacances scolaires. La population est partie et les services municipaux fonctionnent au ralenti. J’ai considéré qu’il fallait faire au mieux et au plus vite, et les réseaux sociaux sont un outil performant. J’ai conscience que ce n’est pas la meilleure des solutions, mais le pire aurait été de rester les bras croisés face à ce déni de démocratie."
"Il y a une forme de déresponsabilisation, mais tout ça n'intéresse pas le conseil constitutionnel"
Du côté de la population de Bry-sur-Marne, la procédure semble être plutôt bien reçue. "Je pense que c’est une bonne idée de sa part de laisser une possibilité à ceux qui ont moins de parrainages, dans la mesure où ils ont un pourcentage suffisant dans les sondages", estime une habitante. "Sur le principe je suis d’accord, réagit un autre administré. Je pense malheureusement qu’on est obligé de passer par ce mode de fonctionnement. Chaque maire peut avoir un avis sur la façon dont ça se passe, démocratiquement." Une Bryarde trouve toutefois "réducteur" de passer par Twitter, même elle trouve l’initiative "très bonne".
Au-delà de l’Île-de-France, d'autres maires ont opté pour un tirage au sort ou une consultation locale. D’après Me Aloïs Ramel, avocat en droit public, le conseil constitutionnel - qui valide les parrainages - n’a jamais trouvé à redire : "En procédant à des tirages au sort ou des consultations, il y a une forme de déresponsabilisation, mais tout ça n'intéresse pas le conseil constitutionnel, qui fait confiance aux responsabilités qui sont données à ces personnes. A ma connaissance, le conseil constitutionnel n’a jamais invalidé un parrainage pour ce type de raisons."
"Le conseil constitutionnel ne s'occupe pas tellement de la façon dont la décision a été prise, ajoute l’avocat. Il va surtout se concentrer sur les aspects formels. Il va vérifier que le parrainage est bien issu de la personne habilitée à présenter une candidature à l'élection présidentielle, que le candidat est bien consentant à se présenter, et enfin si le formulaire a été correctement rempli. En dehors de ces aspects formels, le conseil constitutionnel ne s’occupe pas de savoir dans quelles conditions la décision de l’élu a été prise." Les candidats, eux, ont encore huit jours pour convaincre les élus de signer un parrainage en leur faveur.