REPORTAGE. "On ne pourra plus accompagner autant de jeunes qu'avant", les missions locales s'alarment d'une baisse de leurs crédits

Les missions locales qui accompagnent sur le chemin de l'emploi des jeunes de 16 à 25 ans, parfois sans formation, redoutent une diminution drastique des aides de l'Etat. Rencontre avec des professionnels de l'insertion à la mission locale de Vitry-sur-Seine.

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Dans la salle d'entrée, Ismaël, 19 ans patiente sur une large banquette orange. La mission locale de Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne accueille ses visiteurs dans un intérieur soigné et très coloré. "Je suis convaincu que la première forme de considération qu'on peut accorder à quelqu'un, c'est la qualité de la relation et l'environnement matériel", souligne Florent Michelin, directeur de cette mission locale.

Ismaël a pris rendez-vous et c'est aujourd'hui son tout premier contact avec une mission locale. "Après mon bac, j'ai cherché une formation, mais je n'en ai pas trouvé, j'aimerais bien qu'on m'aide à travailler dans l'industrie, dans le secteur électrique", avance-t-il.

Ismaël est reçu ce matin par Yasmine Bouchaour, conseillère généraliste en insertion professionnelle. L'entretien "confidentiel" est prévu pour une durée d'une heure. "Après avoir instruit son dossier d'inscription, échanger son projet professionnel, on va tenter d'identifier des freins périphériques à l'insertion professionnelle, c’est-à-dire s'il y a des problèmes de logement familiaux, financiers, d'insertion sociale (...) c'est le gros de l'entretien", explique Yasmine Bouchaour.

Ismael, 19 ans, en entretien dans le bureau de la conseillère en insertion. © Jean Forneris France TV

"On va fragiliser la qualité d'accompagnement"

La mission locale de Vitry-sur-Seine accompagne plus de 4 000 jeunes de 16 et 25 ans, 8 000 ont un "un contact" avec la structure d'insertion. Des jeunes issus de Vitry mais aussi d'Ivry-sur-Seine. 30 % d'entre eux sont sans diplôme.

Aujourd'hui, le directeur de cette mission redoute une réduction significative du financement public venant de l'État, le principal bailleur de fonds des missions locales.

Le prochain projet de loi de finances 2025 va être discuté, mais l'Union nationale des missions locales estime que les crédits publics pourraient être rabotés de 5 %. Voire plus pour les missions locales en Île-de-France si l'on tient compte de la baisse du budget alloué par un autre financeur, le conseil régional. Moins d'argent public, c'est donc moins de conseillers, alerte le directeur de Vitry.

"Cela veut dire qu'on ne pourra plus accompagner autant de jeunes qu'avant ou alors, mais ce n'est pas une meilleure solution, on va réduire les temps de rendez-vous pour maintenir le nombre de jeunes suivis. On va les accueillir une demi-heure et on va fragiliser la qualité d'accompagnement", explique Florent Michelin.

"Gérer des collectifs de jeunes, ça prend beaucoup de temps"

"Ce que propose une mission locale passe par du temps d'écoute et de la coordination de parcours où l'on traite tous les sujets : l'accès au logement, au droit, la santé", insiste Florent Michelin.

Ce matin, dans l'une salle de la mission locale, 25 jeunes participent à un atelier santé. Tous ici bénéficient de l'un des dispositifs phares porté par les missions locales : le CEJ, le contrat d'engagement jeune. Un parcours rémunéré de 6 à 12 mois (une allocation mensuelle pouvant aller jusqu'à 500 euros) qui accompagne des jeunes sans formation à définir un projet professionnel et à trouver un emploi.

On a affaire à des jeunes qui sont en manque de repère, en manque de confiance, des jeunes aussi qui n'ont parfois que très peu d'interactions sociales.

Zakia Seggar, formatrice au sein du contrat d'engagement jeune.

"On organise différents types d'ateliers, comment gérer son budget, se présenter à un employeur, préparer son CV. On leur explique qu'il faut prendre soin de leur santé pour pouvoir travailler pour se réinsérer simplement", précise Zakia Seggar, formatrice au sein du contrat d'engagement jeune. "On fait des liens avec sur la santé mentale, comment gérer son stress, comment gérer ses émotions", détaille-t-elle.

L'atelir santé organisé dans le cadre du contrat d'engagment jeune. © Jean Forneris France TV

La mission locale de Vitry reçoit 700 nouveaux jeunes par an dans le cadre du CEJ. Fin 2024, 210 000 jeunes ont été accompagnés par le réseau des missions locales en France. La perspective d'une réduction de financement de ce dispositif à venir inquiète les personnels de ces établissements.

"Gérer des collectifs de jeunes, ça prend beaucoup de temps, il faut les mobiliser, organiser la vie des ateliers. Et si jamais on avait moins de temps, les jeunes auraient le sentiment qu'on est beaucoup plus dans un rapport administratif et on va les perdre." "Ils ne vont plus nous faire assez confiance. On ne souhaite pas avoir un rapport administratif avec eux, mais un rapport humain", affirme le directeur de la mission locale de Vitry-sur-Seine.

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