Après dix-huit mois à la tête du club de football FC Poissy, son président quitte son poste. Il dénonce des menaces, des injures et des intimidations répétées et pointe l'inaction de la mairie face à sa situation.
À la tête du club de football du FC Poissy (Yvelines) depuis un an et demi, Thomas Chardon s'attendait à des difficultés mais pas à une situation pareille. Depuis plusieurs mois, il est la cible d'insultes et d'intimidations sur les réseaux et a décidé de démissioner le 29 janvier. Il estime ne pas avoir été soutenu par la municipalité.
Plainte en novembre
Menaces, insultes et tentatives d'extorsions : les messages se sont répétés sur les réseaux sociaux et proviendraient en partie d'une même personne, qui ne fait pas actuellement partie du club selon Thomas Chardon. Il a porté plainte le 22 novembre dernier pour "extorsions, chantage et intimidations". "Cette personne semble incontrôlable, la police municipale fait des rondes mais je ne fais pas du foot pour ça, c'est un travail bénévole !", ajoute-t-il.
Mais la démission de Thomas Chardon fait suite à un événement bien précis. Fin janvier, la maire de Poissy, Sandrine Berno Dos Santos, est interpellée par la personne qui serait l'auteur des menaces selon T.Chardon. L'élue décide alors d'avertir le président du club de cette rencontre. Ce dernier démissionne avec effet immédiat. "C'est la menace de trop, je ne suis plus en sécurité pour remplir ma mission.", estime Thomas Chardon ce 1er février.
La maire de Poissy a pourtant déposé une main courante. Une réaction jugée insuffisante par Thomas Chardon. "J'aurais aimé une réponse forte de la maire, que l'on se rende ensemble au commissariat pour porter plainte", regrette le détsormais ex-président du club libraire de profession. S'il assure ne pas vouloir "tirer à boulets rouges" sur la maire, il regrette un manque de soutien. "Ma réaction est liée à l'absence d'une réponse forte de la municipalité qui aurait dû porter plainte. Ça peut changer, et je serais à l'écoute.", assure-t-il.
Du côté de la mairie, la réaction se veut plus nuancée. La personne rencontrée fin janvier n'aurait en effet pas émis de menaces de mort ce jour-là, "contrairement à ce que Thomas Chardon a affirmé dans la presse", explique Sandrine Berno Dos Santos. "Je n'ai pas reçu moi-même de menaces, et même si Thomas a déjà été menacé, cela n'a pas été le cas cette fois, la plainte aurait donc été irrecevable", précise-t-elle. "Je suis surprise de ce procès d'intention, ce n'est pas la première fois qu'il y a des menaces et on a toujours été à ses côtés !", ajoute l'élue LR. Elle affirme avoir saisi la préfecture des Yvelines et les renseignements généraux à ce sujet. La main courante pourra être versée au dossier de Thomas Chardon.
"Transition compliquée"
L'élue se dit aussi "'étonnée" des circonstances de cette démission. "Aujourd'hui, le président démissionne alors qu'on a un club qui aurait dû faire une demande de du subventions il y a plus de six mois et qui ne l'a toujours pas fait, la situation est très compliquée financièrement", explique l'édile. La municipalité dit avoir demandé des comptes à l'association.
Il y a un an et demi, Thomas Chardon et son équipe avaient pris les rennes d'un club criblé de dettes et nouvellement appelé FC Poissy. Il remplaçait l'AS Poissy, dont l'équipe avait été exclue de toutes compétitions nationales après la sanction de la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion), le gendarme financier du football français.
Dans un communiqué, le directeur général du club, Kentin Olive, fils de l'ancien maire de Poissy et actuel député des Yvelines Karl Olive, veut rassurer les licenciés et leurs familles malgré une "période de transition compliquée".
Au stade de Poissy ce matin, peu de personnes présentes ont souhaité s'exprimer sur la situation. "Je comprends qu'un président bénévole, investi, démissionne dans ces circonstances pour protéger son bien-être et celui de sa famille.", explique simplement un parent interrogé sur les lieux.