A la maison centrale de Poissy, les détenus bénéficient d’un téléphone fixe dans leur cellule. Une révolution dans la vie des détenus et un facteur de réinsertion pour l'administration pénitentiaire. En 2021, toutes les prisons françaises en seront équipés.
"Demain, c’est l’anniversaire de ma nièce. Je vais pouvoir l’appeler pour lui souhaiter. J’appelle tous les jours ma mère car elle est inquiète et mes enfants aussi. A la force d’être enfermé, on réfléchit, alors ça permet d’évacuer tout cela." Comme Vincent L, les 172 autres détenus de la prison de Poissy dans les Yvelines bénéficient d’un téléphone fixe dans leur cellule.
Depuis 3 semaines, fini la queue pour la cabine téléphonique sans intimité. Une attente et une promiscuité bien souvent sources de tensions. Les condamnés peuvent désormais appeler un certain nombre de numéros approuvés par l’administration pénitentiaire. Mais ils ne peuvent pas recevoir d'appels extérieurs.
A la centrale de Poissy, la majorité des détenus est condamnée à de longues peines. Leurs proches sont parfois éloignés et avec la pandémie, les visites au parloir se sont plus rares. Alors le téléphone est devenu un allié précieux. La visio est également en expérimentation. "Cette amélioration est quelque chose d’extraordinaire. Les enfants qui rentrent de l’école, on peut les avoir toute la soirée et s’occuper d’eux, leur faire faire les devoirs, leur souhaiter bonne nuit", témoigne Rachid R en prison depuis 8 ans.
Le téléphone, un facteur de réinsertion.
Pour l’administration pénitenciaire, le téléphone dans les cellules "n’est pas un cadeau fait aux condamnés", explique Laurent Ridel, le Directeur interrégional des services pénitenciaires d’Île-de-France. Il prévient des risques de suicides, des risques de récidives en favorisant l'ancrage familial. Il apaise les tensions en milieu carcéral et permet également de lutter contre le trafic de téléphones portables.Les conversations peuvent être écoutées et enregistrées. Le déploiement des téléphones en cellule sera achevé début 2021 dans les 188 établissements Français. Les cellules des quartiers disciplinaires restent à l’écart de ce dispositif.