Il était reproché au candidat arrivé en tête Ali Rabeh (Génération.s) d'avoir fait la promotion de sa candidature entre les deux tours du scrutin par le biais d'une association dont il est le fondateur.
La justice a tranché. Le Conseil d'Etat — plus haute juridiction administrative de France — a définitivement annulé ce mercredi l'élection municipale de 2020 à Trappes (Yvelines) remportée par Ali Rabeh (Génération.s), en lui reprochant d'avoir fait la promotion de sa candidature entre les deux tours.
En février, le tribunal administratif de Versailles avait annulé ce scrutin, après le dépôt d'un recours par la liste d'opposition Engagement Trappes Citoyens et l'élu Othman Nasrou, proche de Valérie Pécresse. Le tribunal avait dénoncé des "actions de propagande" menées par M. Rabeh, proche de Benoît Hamon, entre les deux tours de l'élection de 2020. Ali Rabeh, qui contestait cette décision, avait fait appel devant le Conseil d'Etat, qui a finalement rejeté son recours.
Une gestion "sectaire et clientéliste"
Selon la décision du Conseil d'Etat, l'association "Coeurs de Trappes" a bien "assuré la promotion de la candidature d'Ali Rabeh", son fondateur, entre les deux tours. L'association a notamment organisé une distribution "d'environ 15 000 masques", "au cours d'une période où les masques chirurgicaux n'étaient disponibles qu'en faible quantité", est-il écrit. Ces lots de masques comportaient "une notice d'utilisation où figurait une photo de M. Rabeh (...) identique à celle utilisée pour ses documents et affiches de propagande électorale".
La plus haute juridiction de notre pays vient de confirmer à son tour la tricherie d'Ali Rabeh aux dernières municipales.
Le Conseil d'Etat a cependant également annulé l'inéligibilité à laquelle le tribunal administratif avait condamné M. Rabeh, et a demandé à l'Etat de lui rembourser ses comptes de compagne. "La plus haute juridiction de notre pays vient de confirmer à son tour la tricherie d'Ali Rabeh aux dernières municipales", a réagi Othman Nasrou, qui l'accuse de diriger une gestion "sectaire et clientéliste" de la ville de Trappes.
Interrogé par France 3 Paris Île-de-France, ce dernier estime que "la ville de Trappes mérite mieux : qu’on arrête ce clientélisme et qu’on règle les vraies problématiques sur lesquelles on a perdu un an maintenant (depuis la derniière élection) sur la sécurité, sur l’emploi, sur le cadre de vie, sur la mixité sociale et qu’on tourne cette page sectaire, brutale, clientéliste et anti-républicaine", précisant par ailleurs que la ville a "besoin d’apaisement, de sérieux, de rassemblement d’abord entre eux, puis avec les institutions de notre République, et pas d’élu(s) qui jette(nt) de l’huile sur le feu et joue(nt) sur la division dans une ville comme Trappes".
Nouveau scrutin en automne
"Les juges considèrent que c'est aux Trappistes de trancher en votant de nouveau et je m'en réjouis. Cela va me donner l'opportunité de clarifier le jeu politique, alors que mes adversaires ont voulu encombrer les tribunaux avec des procédures judiciaires", a pour sa part déclaré Ali Rabeh. "La décision du Conseil d’Etat a annulé la décision du tribunal de Versailles qui avait décidé d’annuler l’élection municipale mais surtout de me rendre inéligible, ce qui était la demande de mon adversaire. L’objectif de l’opposition de droite à Trappes était de faire en sorte de refaire le match sans le principal protagoniste : celui qui a gagné les élections il y a un an", nous a-t-il affirmé.
L’objectif de l’opposition de droite à Trappes était de faire en sorte de refaire le match sans le principal protagoniste : celui qui a gagné les élections il y a un an.
Concernant les accusations de tricheries dont il fait l'objet, il déclare : "mon adversaire n’est pas honnête. Il a distribué lui-même des masques pendant la campagne électorale par dizaines de milliers. Il les a fait payer par le contribuable dans ses comptes de campagne. J’ai souhaité, comme bénévole et président d’association, et avec d’autres bénévoles de la ville de Trappe, fabriquer des masques en tissu et les distribuer à tous ceux qui en avaient besoin (...) je n’ai aucun regret d’avoir mené ces actions pendant le confinement. C’était nécessaire à mes yeux", poursuit-il, martelant par ailleurs que son "adversaire les a fait payer par le contribuable" et lui "par des bénévoles".
Au second tour de l'élection municipale de juin 2020 dans cette ville d'environ 30 000 habitants, la liste d'Ali Rabeh était arrivée en tête avec 40,40% soit 2 023 voix, devant les listes d'Othman Nasrou (divers droite, 37,19%) et de Guy Malandain (divers gauche, 22,41%). La nouvelle élection municipale devrait se tenir à l'automne.