L'explication de texte s'annonce houleuse mercredi à Matignon entre Jean-Marc Ayrault et les sidérurgistes d'ArcelorMittal convaincus d'avoir été floués par l'accord avec le géant de l'acier
Les métallos réclament depuis vendredi la teneur du "compromis" conclu entre l'Etat et Lakshmi Mittal sur l'avenir du site mosellan après d'âpres tractations, dont ils ont été tenus à l'écart. L'intersyndicale a rendez-vous à 18H00 avec le Premier ministre.
La publication sur Lemonde.fr d'extraits de l'accord a "confirmé les inquiétudes" des métallos. "Depuis le début, on sait que c'est un marché de dupes", a réagi Jean Mangin (CGT). "C'est ce que j'appelle du foutage de gueule. Même le plus mauvais délégué syndical ne négocie pas aussi mal", a lancé Edouard Martin (CFDT).
Pour Laurent Wauquiez (UMP), "on a voulu duper l'opinon publique". "On a menti sur l'accord", a renchéri Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP).
Le groupe s'engage à maintenir le niveau de production du train à chaud (qui transforme les brames, grosses plaques d'acier, en bobine de tôle) de Florange, stipule le texte.
Mais sur les 180 millions d'investissements envisagés sur cinq ans, seuls 53 millions concernent des investissements stratégiques.
Des investissement en hausse ?
Pour autant, selon la fédération CFE-CGC de la métallurgie, il est "injustifié" de dire que "Matignon n'a rien obtenu".
Entre 2008 et 2012, "sur le périmètre de Florange sans la phase liquide, ArcelorMittal a dépensé 25 millions par an en moyenne en comptant tout (...) Dans l'accord Matignon, c'est 36 millions par an en moyenne, soit +44%", a calculé Xavier Le Coq.
Quant aux hauts fourneaux et autres activités de la phase liquide, en partie en sommeil depuis l'été 2011 et pour laquelle près de 749.000 heures de chômage partiel ont été demandées par ArcelorMittal, ils seront arrêtés "à l'issue de la procédure
légale", soit au printemps 2013.
Le salut ne viendra pas non plus du projet de captage et stockage de CO2 (Ulcos), car "l'état actuel des résultats de la recherche ne permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange", dit le texte cité par Lemonde.fr.
Départs "volontaires"
Le gouvernement a fait "une grosse erreur", a commenté Walter Broccoli, secrétaire de FO. La direction "continue à détruire l'outil de travail. On va couper les vannes de gaz", ce qui implique qu'"à partir du 1er avril on est condamnés à fermer" les
hauts fourneaux, conclut-il.
Le trouble va croissant aussi sur le site de Basse-Indre (Loire-Atlantique) où les salariés craignent des dommages collatéraux avec le transfert d'activités de leur usine vers Florange. L'emploi était l'un des enjeux et il n'y aura pas de plan social, comme l'a répété M. Ayrault mardi à l'Assemblée nationale, où le nom du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a été applaudi.
Un comité de suivi
Pas de plan social, mais la disparition des 629 emplois dédiés à la phase liquide. Les salariés seront reclassés "sur des bases exclusivement volontaires", via des dispositifs de fins de carrière ou de mobilités internes au site. Les 130 employés de la filiale Gepor bénéficieront de conditions similaires.
"En prenant en compte les ouvriers nés en 1955, ce sont 25% des effectifs de Florange qui sont concernés par un départ en retraite", estime François Pagano, délégué CFE-CGC.
Un "comité de suivi" a été installé pour veiller au respect des engagements. "On garde le revolver sur la table", avait prévenu l'Elysée.
Polémique sur d'éventeuls repreneurs
Par ailleurs, la polémique sur les éventuels repreneurs n'est pas close. Selon Le Républicain lorrain de mercredi, deux "poids lourds" de la sidérurgie mondiale, le belge CMI et le russe Severstal étaient prêts à reprendre Florange.
Pour les métallos, la merguez partagée en février avec celui qui était alors candidat socialiste à la présidentielle n'est plus qu'un souvenir au goût amer.
lire l'article de notre confrère Lemonde.fr sur le contenu de l'accord
lire l'article de notre confrère Le Républicain lorrain sur les éventuels repreneurs