L'Observatoire régional des transports des Pays de la Loire démontre que le transfert sur route représente une perte sèche de 30% de la clientèle du rail qui d'emblée passe à l'automobile
Transférer les lignes ferroviaires peu fréquentées à la route, comme le préconise la Cour des comptes, est "une fausse bonne idée", selon la Fédération Nationale des Usagers des Transports (Fnaut) qui juge que le train reste le transport le plus
pertinent sur ces dessertes.
"Le transfert sur route est une fausse bonne idée qui mène à la dégradation de la qualité, du bilan économique et du bilan carbone du service public", a expliqué mercredi le président de la Fnaut, Jean Sivardière, qui présentait les conclusions
d'une étude comparative de trois économistes.
La SNCF des trains contre la SNCF des toutes
Dans un rapport de 2009, la Cour des comptes préconisait de transférer massivement sur route les services ferroviaires TER peu utilisés afin de limiter les dépenses des régions, et de fermer 7.800 km de lignes régionales.
Soucieuse de réduire ses coûts, la SNCF se prépare à cette éventualité et a lancé l'été dernier un service de bus longue distance, iDBUS, qu'elle pourrait aisément transposer aux relations régionales.
Keolis, sa filiale spécialisée dans les transports urbains, pourrait aussi assumer ce rôle, un scénario qui fait dire au vice-président de la Fnaut, Jean Lenoir, que "le pire ennemi de l'entreprise publique SNCF, c'est le groupe SNCF et ses
filiales privées".
Le train émet 0,4% des gaz à effet de serre produits par les transports
Outre l'argument économique, le rapport de la Cour des comptes faisait valoir un bilan carbone favorable à l'autocar alors que 90% des lignes ferroviaires TER peu fréquentées ne sont pas électrifiées et que le gazole représente la moitié de l'énergie consommées par les trains régionaux.
Un argument "artificiel", selon Jean Sivardière, compte tenu de la faible contribution des autorails au bilan carbone national.
Le représentant des usagers a rappelé que le rail ne représente globalement que 0,4% des émissions de gaz à effet de serre produites par les transports en France, 95% étant imputables à la route.
La voiture personnelle plutôt que le car
La Fnaut s'est attachée à invalider une autre idée reçue selon laquelle le rail (lorsqu'il n'est pas électrique) est plus gourmand en énergies fossiles que son concurrent routier.
Elle s'est appuyée pour cela sur une étude de l'Observatoire régional des transports des Pays de la Loire qui démontre que le transfert sur route représente une perte sèche de 30% de la clientèle du rail qui d'emblée passe à l'automobile.
Dans cette hypothèse, il convient donc d'additionner la consommation automobile à celle de l'autocar, relève la Fnaut, qui estimé que "le bilan énergétique d'un transfert sur route" est toujours négatif dès qu'on dépasse 15 voyageurs à bord de l'autorail".