Voyage à Nantes : le festival Electropixel à l'avant-garde des arts électroniques

Troisième du nom, Electropixel, le festival des cultures et pratiques électroniques libres, propose dans le cadre du Voyage à Nantes, du 19 au 24 août, une série de rencontres, expositions, performances et concerts ouverts aux amateurs éclairés et autres esprits curieux...

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Amateurs d'attentats sonores, de détournements de signaux électriques, de brouillages radio et autres piratages, ne zappez pas, ce qui suit risque fortement de vous intéresser...

Programmeurs, bidouilleurs, inventeurs, artistes, théoriciens... Tout ce que compte le monde des arts électroniques ou presque sera à Nantes cette semaine pour un festival interdisciplinaire basé sur des pratiques émergentes, underground et souvent, il faut bien l'avouer, relativement obscures pour les non initiés.

Justement, histoire d'y voir plus clair, nous avons posé quelques questions à Julien Ottavi, artiste, fondateur de l'association APO 33, directeur artistique et programmateur du festival...

En quelques mots, pouvez-vous nous expliquer le concept d'Electropixel ?

Julien Ottavi. Le Festival à démarré il y a trois ans, quand nous nous sommes rendus compte qu'il n'y avait aucun espace intermédiaire pour que des artistes puissent montrer leur travail, expérimenter avec du public en croisant avec d'autres artistes nationaux, internationaux, le tout dans une optique ouverte à la nouveauté et à la prise de risque.

Electropixel s’inscrit dans un réseau international de festivals d’arts électroniques (Pixelache). Le festival ouvre un espace singulier permettant de croiser programmeurs,  bidouilleurs (informatiques, de circuits, de machines…), inventeurs de tout bord (Dorkbot et ateliers), artistes (audio, visuel, musique, art plastique, interactif, performance…), théoriciens (Philosophie, histoire de l’art, Anthropologie, Psychanalyse…). De plus en plus rares, ces espaces de croisement deviennent importants pour les nouvelles formes d’écriture, recherches de possibilités inédites, de domaines encore inconnus, imprévisibles, de créations novatrices attachées aux utopies modernes.

Apo33 (l'asssociation organisatrice, ndlr) souhaite proposer une programmation pointue avec des artistes, des penseurs, des projets qui se situent à l’avant-garde des pratiques d’arts électroniques, numériques et intermédia qui serviront à terme à mieux faire connaître les pratiques émergentes, obscures, underground issus des nouveaux genres et codes contemporains nés de bifurcations insolites.

Vous inscrivez le festival dans une logique de guerilla culturelle et de piratage urbain. C'est pour faire jolie sur l'affiche ou bien...?

J.O. C'est le thème de cette troisième édition. L'année dernière, c'était “le règne des machines”. Le thème n'est pas un exercice imposé comme un coup de semonce, il est un objet de discussion, de débat de potentiel artistique. Certaines propositions y répondent, d'autres s'en éloignent et d'autres le rejettent. 
Ça fait aussi jolie sur l'affiche, pourquoi pas... De toutes les façons, cela va interroger le public et les artistes qui y participent.

Il ne s'agit pas de prendre les armes et de prendre le pouvoir, il s'agit de questionner notre milieu, notre quotidien, nos réalités par une démarche créative 

Les termes guerilla et piratage sont aussi souvent vus comme négatifs mais en réalité il ne le sont pas toujours dans tous les milieux. Le pirate, par exemple, dans l'esprit populaire c'est aussi l'aventurier, c'est faire des choses que personne n'ose faire, changer ses habitudes, transformer son environnement proche, le détourner, c'est ça le rôle de l'artiste. L'urbanisme et l'architecture sont depuis très longtemps rationalisés et imposés aux citoyens, aux habitants des cités... Que se passerait-il si ces derniers se mettaient à changer les règles?

De même, le terme guerilla est utilisé dans les cas graves de révoltes, de guerre, de violence mais cela peut être aussi utilisé dans le cadre de guerilla verte, ainsi pour planter des graines ou bien encore utiliser les ondes radio comme transmission sonore alternative dans la cité. Il ne s'agit pas de prendre les armes et de prendre le pouvoir, il s'agit de questionner notre milieu, notre quotidien, nos réalités par une démarche créative. L'artiste n'est plus au 21e siècle une figure romantique qui est seulement là pour produire du beau et décorer nos espaces publics.

Le public du festival est-il uniquement composé de fins connaisseurs ?

J.O. À priori, il y aura des connaisseurs, mais les lieux que nous avons choisis cette année pour réaliser le festival seront les grands lieux du tourisme nantais, le parc des chantiers, l'éléphant et aux alentours. Si nous faisions un festival pour les connaisseurs, on ne s'embêterait même pas à faire de la pub, diffuser des flyers, des affiches... Les réseaux sociaux, sites web et autres seraient largement suffisants pour toucher les connaisseurs. Donc si vous lisez cette interview sur le site de France 3 c'est que, à priori, vous n'êtes pas un connaisseur et que vous pouvez passer voir/entendre ce qui se passe pendant toute la semaine.

L'artiste n'est plus au 21e siècle une figure romantique qui est seulement là pour produire du beau et décorer nos espaces publics


Quels sont les grands moments à retenir de cette troisième édition ?

J.O. L'Underground seeds party proposé par Shu Lea Cheang (venez participer en plantant des graines!), la soirée ciné pirate (détournement de tv, de films hollywoodiens), les attentats sonores ou autre performances en mode urbain mais aussi l'exposition de Jason Kahn à la plateforme intermédia, l'Audio car quartet dans les parkings de l'île...

Que conseilleriez-vous en priorité à un amateur éclairé et à un esprit curieux ?

J.O. De venir prendre un programme détaillé et de se balader dans les installations, performances qui auront lieu un peu partout sur le bout de l'île mais aussi de venir participer aux soirées selon les médiums qui l'intéresse. Il y en a pour tous les goûts “aventureux” bien sur, si vous vous attendez à des choses genre rire&chanson ou ambiance jazz à papa, c'est un peu perdu mais dans tous les cas vous serez surpris, interloqué et peut-être cela vous amènera à explorer d'autres perspectives sur votre environnement.

Que représente pour vous le festival Scopitone ?

J.O. Je ne sais quoi en dire réellement, il n'y a plus de prises de risques aujourd'hui dans Scopitone... Cela ne représente pas les scènes artistiques que nous défendons, il n'y a pas de places pour l'émergence ou les nouvelles formes expérimentales. Je ne critique pas non plus, c'est leur choix de programmation et de politique festivalières. 
C'est leur projet. La ville, la région ont besoin d'une pluralité de proposition, on espère qu'il y aura de la place pour autre chose, c'est la question principale qui nous concerne.

Justement, estimez-vous que les arts électroniques ont la place qu'ils méritent dans le paysage culturel français ?

J.O. Non pas vraiment. Il n'y a pas assez de financement pour que les artistes et les organisations qui en font la promotion puissent survivre. Les mannes financières se trouvent du coté de la musique ou du spectacle mais les arts électroniques sont assez pauvres. Il n'y a pas d'équilibre, il y a eu des tentatives il y a une dizaine d'années mais cela à été détruit par le règne des ignorants sous le régime sarkozyste. 
La Région des Pays de la Loire, par exemple, n'a aucune politique en matière d'arts électroniques, aucune des collectivités n'en a réellement, il y a un gros travail à faire pour que les formes d'arts électroniques soient reconnues en tant que telles. Dans le même temps, cela laisse aux artistes l'espace d'explorer différents domaines sans les contraintes que peuvent rencontrer la danse ou le théâtre. Par contre, en terme de continuité et d'économie durable du secteur, c'est ne pas réellement envisageable dans cet état de fait.

Merci Julien et bon festival...


Plus d'infos ici
APO 33 : Julien Ottavi nous présente l'association organisatrice d'Electropixel
Fondée en 1997 par Julien Ottavi, APO33 est une association gérée par des artistes professionnels privilégiant la pratique intermédia : croisement des arts expérimentaux, de l’art sonore, des arts numériques, de la créativité sociale et théorique.
APO33 propose ainsi un développement de la recherche artistique sous la forme de collaborations, de nouvelles formes d’écritures et d’approches de la création tout en invitant des artistes, théoriciens, chercheurs, public… à expérimenter à travers des expositions, des soirées lives, concerts, performances, rencontres et ateliers locaux (Ville de Nantes, Département, Région), nationaux et internationaux.
APO33 est un laboratoire artistique, technologique et théorique transdisciplinaire qui développe des projets collectifs divers alliant recherche, expérimentation et intervention dans l’espace social.
S’inscrivant dans la continuité des dynamiques ouvertes par le mouvement des logiciels libres, APO33 se construit comme un espace modulaire, initiant des projets et processus de création collaboratifs et explorant de nouveaux modes de production et de diffusion artistiques et créatifs.
A travers des workshops, des ateliers de partage, des séminaires, des interventions dans l’espace public, des créations, des rencontres internationales, des projets en ligne, des publications... APO33 interroge les transformations actuelles des pratiques artistiques et culturelles conséquence des réappropriations et usages des Technologies de l’Information et de la Communication. Ce questionnement conduit APO33 à travailler aux marges du champ culturel pour explorer les passages et croisements qui peuvent s’opérer entre la création et d’autres disciplines ou pratiques sociales (activisme politique, médiation ou action sociale, sciences dures et sciences humaines, urbanisme, écologie, économie…).
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