Le sauvetage de FagorBrandt en péril, audience cruciale jeudi

Le tribunal de commerce de Nanterre aura jeudi entre les mains le sort de FagorBrandt et de ses 1.800 salariés : le fleuron français de l'électroménager court à la liquidation, sauf accord de dernière minute sur les marques permettant sa reprise par l'Algérien Cevital

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L'offre du conglomérat algérien, la seule d'ampleur, permettrait de sauver 1.200 emplois en France. Elle est sur la table depuis deux mois déjà mais il manque toujours à Cevital l'essentiel : les marques (Brandt, Vedette, Sauter, De Dietrich...).

Les précieuses marques, condition suspensive d'une reprise, sont détenues par une filiale de Fagor, la maison mère espagnole de FagorBrandt. Et problème : leur cession est bloquée depuis le 14 mars par la justice espagnole. Le tribunal de commerce de Saint-Sébastien, dans le pays basque espagnol, demande à Cevital 35 millions au lieu des 25 millions d'euros négociés avec l'administrateur judiciaire du groupe Fagor, en voie de liquidation.
Le groupe algérien dirigé par le milliardaire Issad Rebrab n'entend pas verser 10 millions d'euros supplémentaires. Il négocie pour obtenir une révision de la décision espagnole mais le temps presse car de jour en jour, la situation de l'entreprise s'aggrave.
Un prêt de l'Etat permettait à FagorBrandt de tenir jusqu'à mars mais avec le retard pris sur le calendrier de reprise, l'entreprise est financièrement exsangue.

Depuis une semaine, faute de pouvoir passer commande à ses fournisseurs, la production est de nouveau arrêtée dans les quatre usines du groupe, situées à Orléans (Loiret), Vendôme (Loir-et-Cher), La Roche-sur-Yon et Aizenay (Vendée), et les salariés sont au chômage technique.
La situation de FagorBrandt est devenue "très critique", et "chaque jour, son fond de commerce se déprécie", admet une source proche du dossier. La direction de FagorBrandt doit faire mercredi un point sur la situation aux représentants des salariés, lors d'un nouveau comité central d'entreprise (CCE).


Une bombe sociale à déminer

Pour que le plan de sauvetage présenté il y a deux mois par le conglomérat algérien ne vire pas au naufrage social entre les deux tours des élections municipales, le gouvernement et le président François Hollande suivent le dossier de près.
Mais l'issue de la négociation menée par Cevital avec l'appui des autorités françaises en lien avec le gouvernement espagnol est plus qu'incertaine. Et pour les salariés de FagorBrandt, en redressement judiciaire depuis novembre dernier, l'attente est insupportable. "Les gens sont à bout", observe un commercial qui reproche aux "Espagnols de jouer leur jeu personnel". Sa crainte est celle de tous les salariés, que Cevital, lassé des embûches rencontrées, "laisse tomber" et ne proroge pas son offre au-delà du 30 mars, la limite qu'il s'était fixée.

Si le "miracle" -un accord trouvé en Espagne - se produit, le tribunal pourra valider jeudi le choix du repreneur et Cevital pourrait mettre en oeuvre son plan de reprise. Celui-ci ne prévoit pas de garder les deux usines vendéennes, pour lesquelles les syndicats espèrent voir aboutir des offres de reprise secondaires qui permettraient de sauver 150 à 200 emplois, en plus des 1.200 salariés gardés par Cevital. 
Mais sans accord, le tribunal de commerce de Nanterre pourrait mettre l'entreprise en liquidation. "Il y a un vrai risque", alerte Christian Legay, représentant de la CFE-CGC. Dans ce scénario noir, si Cevital ne jetait pas l'éponge, il pourrait encore présenter un plan de cession, mais de voilure certainement réduite.

L'entreprise a toutefois encore, selon plusieurs sources, de quoi payer les salaires du mois de mars. S'il subsiste un espoir d'arriver à une entente sur les marques avec quelques jours supplémentaires, le scénario "le plus probable" est donc le tribunal reporte pour la quatrième fois l'examen du dossier, selon la source proche du dossier. Le suspense peut durer "jusqu'à l'audience et un peu au-delà si le tribunal décide de surseoir quelques jours".

AFP
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