Le cigarettier Seita, qui veut supprimer un tiers de ses effectifs en France, a convaincu mercredi  in extremis les syndicats hostiles à son plan social de signer
un accord sur les mesures d'accompagnement proposées aux licenciés

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La filiale d'Imperial Tobacco avait convoqué les élus du personnel à un dernier Comité central d'entreprise (CCE), à son siège à Paris, pour boucler la procédure d'information du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) annoncé en avril.
La réunion, qui a duré toute la journée de mercredi, constituait un ultime rendez-vous pour les deux camps, qui bataillent depuis plus de quatre mois. En cas d'impasse, la direction aurait dû rédiger un plan unilatéralement, avec le risque de conditions
moins bonnes pour les salariés.
Répondant à la demande "de la très grande majorité des salariés", les trois syndicats représentatifs (CGT, Unsa et CFE-CFC) ont accepté "à l'unanimité" les modalités du plan social imposées par la direction, a indiqué Éric Comparot, délégué central CGT, premier syndicat dont la signature suffit à un accord majoritaire.


Une longue grève de la faim protestataire

Le fabricant des célèbres Gauloises et Gitanes avait créé la stupeur au printemps en annonçant la suppression nette de 366 emplois (sur 1.150) et la fermeture de sa principale usine à Carquefou en Loire-Atlantique, près de Nantes, ouvrant la voie à une délocalisation partielle en Pologne.
Le bras de fer entre Seita et ses salariés en lutte avait conduit certains d'entre eux à démarrer une grève de la faim le 29 septembre. Ils y ont mis fin au bout de 17 jours.
Plus tôt, les syndicats (CGT, Unsa, CFE-CGC) avaient été reçus par des conseillers du ministre du Travail, François Rebsamen, sans que la réunion ne débouche sur des avancées, selon eux.
"Le ministère confirme son impuissance à empêcher les licenciements boursiers", à l'origine du plan social selon les syndicats, avait déploré M. Comparot, dénonçant le peu d'implication du ministre dans ce dossier.


Rapport à charge

Les syndicats s'appuient sur les conclusions d'un cabinet d'experts comptables, qui s'étonne du "manque de sérieux pour justifier d'une quelconque difficulté économique du groupe et de sa filiale".
La société Progexa, mandatée par les élus du CCE, dénonce dans un rapport à charge la "stratégie court-termiste" du groupe Imperial Tabacco, qui "privilégie le retour de cash aux actionnaires au détriment de l'investissement industriel et commercial". Mi-août, le cigarettier britannique avait fait état d'un effritement de 1% de son chiffre d'affaires, dû aux "conditions de marché difficiles" dans les marchés arrivés à maturité, notamment au Royaume-Uni et en France.


Des indemnités supplémentaires

Mardi soir, un dernier round de négociation avait abouti à un nouveau projet d'accord sur les mesures sociales (congés de reclassement, indemnités, etc.) contenues dans le PSE.
Les syndicats l'ont dans un premier temps repoussé, inquiets du manque de garanties offertes sur le second site de production de Seita, à Riom (Puy-de-Dôme). Ils ont finalement fait volte-face. Il revient désormais à l'administration de donner son feu vert.
Le plan de la direction prévoit des indemnités supplémentaires de licenciement égales à 1,5 mois par année d'ancienneté et permet une préretraite d'entreprise dès 52 ans avec 70% du salaire garanti.
L'avenir semble bouché pour les salariés laissés sur le carreau. Les élus du CCE ont eu confirmation mardi qu'aucun cigarettier n'était intéressé par une reprise de l'usine de Carquefou.
Des projets de reconversion partielle du site pour des activités de logistique ont été toutefois évoqués. Et pour le centre de recherche de Bergerac (Dordogne), voué à fermer également, des salariés ont un projet de Scop, selon la CGT. Selon le syndicat, Seita s'est engagé à "étudier sérieusement" ce projet.
Le fabricant avait présenté il y a quelques jours son plan comme "assez exemplaire", avec des conditions "très nettement supérieures à ce qui se fait en moyenne".

avec AFP
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