Cadeaux de Noël. De Mafalda à Nestor Burma, notre sélection de BD pour les plus grands

Vous cherchez des idées de cadeaux et pourquoi pas des bandes dessinées ? Bonne pioche ! Nous avons sélectionné pour vous dix albums, dix nouveautés, qui ne manqueront pas de faire sensation au pied du sapin.

Vous rêvez d'une grande aventure maritime ou d'un polar dans le Paris des années 50, vous adorez les récits en forme de témoignages ou les autobiographies et n'avez rien contre l'humour... Alors, découvrez sans plus attendre nos dix coups de cœur, spécialement sélectionnés pour vous !

1 Mafalda fête ses 60 ans

Une chevelure noire épaisse ornée d'un petit nœud, un nez bien rond et une bouille d'enfant sage, Mafalda célèbre cette année ses 60 ans autour d'une intégrale revue et augmentée, près de 650 pages qui permettront aux plus jeunes de faire sa connaissance et aux autres de redécouvrir avec délectation cet inoubliable personnage.

Née dans l'Argentine des années 60 sous le pinceau et le regard affutés de Quino, Mafalda marque plusieurs générations de lecteurs, à la fois dans son pays, alors confronté à des turbulences politiques majeures, et à l'étranger, notamment en France où près de deux millions de ses albums ont été vendus. Contestataire, féministe, impertinente, lucide, Mafalda incarne un caractère bien trempé. Ses aventures, racontées sous la forme de strips de quelques cases, sont autant de fenêtres ouvertes sur le monde, la société, l'être humain.

Cette édition spéciale rassemble l'intégralité des strips de Quino, soit près de 2000, accompagnée d'une série de bonus : des esquisses originales, des archives rares et une analyse approfondie signée Claire Latxague, spécialiste de Mafalda. Un classique du neuvième art !

Mafalda Intégrale, de Quino. Glénat. 35€

2 Le Chili en plein cœur

On reste en Amérique latine avec cet ultime volet de la trilogie chilienne écrite et dessinée par le couple que forment dans la vie et sur le papier Désirée et Alain Frappier.

Après Là où se termine la terre en 2017 et Le temps des humbles en 2020, Et que se taisent les vagues, paru en octobre 2024, poursuit l'exploration de l'histoire intérieure du Chili.

Fidèle à l’intention initiale de raconter à hauteur d'homme les mille jours du gouvernement d’Unité populaire dirigé par Salvador Allende, l’œuvre s’appuie sur un contexte réel rigoureusement documenté et sur les témoignages des différents protagonistes incarnant les "invisibles" de l'Histoire, des personnages bien réels que les auteurs ont rencontrés et représentés le plus fidèlement possible.

Cette fois, le récit suit un jeune groupe de marins devenus témoins d’un complot visant à renverser Allende. Le récit signé Désirée Frappier est sublimé par le graphisme d'Alain Frappier et une mise en page d’une sobriété remarquable, évoquant le travail d’Emmanuel Guibert (La Guerre d’Alan, L'Association). Une lecture toujours aussi passionnante !

Et que se taisent les vagues, de Désirée et Alain Frappier. Steinkis. 24€

3 Une adaptation de Joseph Kessel

L'Armée des ombres est d'abord un roman de Joseph Kessel paru en 1943 à Alger, alors situé en France combattante. Il a ensuite été adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville dans un film sorti en 1969, avec Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse et Jean-Pierre Cassel dans les rôles principaux. C'est aujourd'hui une bande dessinée réalisée par Emmanuel Moynot au dessin et Jean-David Morvan au scénario. Ce dernier est l'auteur de plusieurs bandes dessinées explorant les thèmes liés à la Seconde Guerre mondiale, à la Résistance et à la déportation, comme Madeleine Résistante, Adieu Birkenau ou encore Simone. Des ouvrages à chaque fois salués par la presse et les lecteurs.

"Il n'y a pas de propagande en ce livre et il n'y a pas de fiction. Aucun détail n'y a été forcé et aucun n'y est inventé", écrivait Joseph Kessel en préface de son roman. Bien évidemment, l'adaptation de Jean-David Morvan est fidèle à l'esprit de l’œuvre originale, illustrant avec justesse ce qu'était le quotidien de la Résistance à travers quelques-uns de ses héros, des Français qui ont choisi de vivre et de mourir en hommes - et en femmes - libres. Avec son trait expressif et ses contrastes marqués, Emmanuel Moynot apporte au récit une gravité nécessaire et parfaitement adaptée à ces années noires de l'histoire de France. 

L'armée des ombres, de Kessel, Morvan, Moynot et Lacou. Philéas. 22,90€

4 Joyeux Noël Nestor Burma

Nestor Burma ne croit pas au Père-Noël, même s'il en croise à tous les coins de rue. Et ça tombe plutôt bien car cette affaire-là n'a rien d'un cadeau.

Décembre 1957, Paris. Nicole Manchol, des industries pharmaceutiques Manchol & Biscorne, débarque dans le bureau de notre détective privé, sort un pistolet, déclare avoir tué son mari et se tire une balle dans la bouche. De quoi redécorer le sapin de Noël et le papier peint ! De quoi aussi agiter la flicaille du 36 et envoyer notre Nestor Burma enquêter à travers tout Paris, jusqu'à débarquer dans un sombre laboratoire d'expérimentation animale…  

Plus de quarante ans après Brouillard au Pont de Tolbiac, sa première adaptation d'un roman de Léo Malet, Jacques Tardi retrouve le cultissime Nestor Burma dans une histoire qu'il signe entièrement, scénario et dessin. Fidèle à son style, l'auteur nous plonge dans un Paris typique des années 1950, et plus précisément ici dans le XXe arrondissement, avec ses décors authentiques et ses personnages aux gueules d'atmosphère.

Une série culte portée par l'un des plus grands auteurs du neuvième art, un livre incontournable qui séduira tous les amateurs de polars et de films noirs ! 

Du rififi à Ménilmontant, de Tardi et Malet. Casterman. 25€

5 De la photographie au cinéma

Peut-être que son nom ne vous dit rien, il est pourtant l'un des pionniers de la photographie et du cinéma ! Eadweard Muybridge, anglais de nationalité, américain d'adoption, découvre la photographie dans les années 1860. Il en fait son métier, se fait connaître à travers le monde pour ses photographies de l'Ouest sauvage et de l'Alaska. Mais l'homme nourrit une obsession qu'il partage avec le richissime Leland Stanford, président de la Southern Pacific Railroad et gouverneur de Californie : capturer le mouvement d'un cheval au galop. Et pour cela, il déploie des trésors d'ingéniosités jusqu'à y parvenir. Nous sommes alors en 1878. 

S'il s'est fait un nom dans la bande dessinée grâce à ses récits autobiographiques, tels que Pyongyang, Shenzhen, Chroniques de Jérusalem ou encore, sur un ton plus humoristique Le Guide du mauvais père, le Canadien Guy Delisle s'autorise, avec le même talent, à explorer d'autres genres, notamment le témoignage avec S'enfuir, récit d'un otage, paru en 2016, ou la biographie avec ce nouvel album consacré à la vie mouvementée d'Eadweard Muybridge.

Extrêmement documenté, enrichi de quelques clichés de Muybridge et parsemé d'une touche d'humour, Pour une fraction de seconde bouscule nos idées reçues sur l'histoire de la photographie et du cinéma. L’album met en lumière un homme passionné et des innovations majeures ayant marqué l’évolution de l’art photographique, prélude à l’apparition du cinéma.

Cet ouvrage confirme, s'il en était encore besoin, l'immense talent de narrateur et de dessinateur de Guy Delisle. Captivant !

Pour une fraction de seconde, la vie mouvementée d'Eadweard Muybridge, de Guy Delisle. Delcourt. 23,95€

6 Résistante jusqu’au bout de la vie

Madeleine Riffaud n’a que 18 ans lorsqu’elle rejoint l’armée de l’ombre avec un objectif clair : chasser les Allemands hors de France. Prête à tout pour y parvenir, elle n’hésite pas à se mettre en danger. Elle abat un officier nazi, est arrêtée, subit la torture pendant des jours et des jours sans jamais révéler un nom, échappe de justesse au peloton d’exécution et à la déportation, avant de participer activement à la Libération de Paris.

Résistante à 18 ans, grand reporter par la suite, infatigable militante pour la décolonisation et contre l’oppression des peuples, amie de Picasso et de Hô Chi Minh, Madeleine Riffaud est une figure exceptionnelle, comme seules les grandes heures de l’Histoire peuvent en façonner.

Des destins comme celui de Madeleine Riffaud méritent assurément d’être racontés, à la fois pour inscrire leur mémoire dans notre patrimoine collectif et transmettre les valeurs d’engagement et de résistance. Le scénariste Jean-David Morvan et le dessinateur Dominique Bertail l’ont bien compris en s’attelant à cette tâche dès 2021.

S’appuyant sur les souvenirs de Madeleine Riffaud et sur un travail approfondi de documentation historique, ils déroulent sa vie avec un découpage d'une très grande fluidité, un trait sobre, élégant et minutieux, ainsi que des atmosphères parfaitement ancrées dans l'époque. Ce témoignage essentiel pour l'humanité est aussi un vibrant hommage à Madeleine Riffaud, récemment disparue.

Madeleine, Résistante, tome 3, de Bertail, Morvan et Riffaud. Dupuis. 23,50 euros

7 À deux, c'est mieux ?

Révélée au grand public en 2008 grâce à son blog, Margaux Motin connaît une ascension fulgurante dans le monde du neuvième art. Aujourd’hui, elle compte plus de 400 000 abonnés sur Instagram, 290 000 sur Facebook, et ses albums s'écoulent à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires. Autant dire que son univers touche un large public, notamment féminin.

Son créneau ? La vie tout simplement ! Avec une bonne dose d'autodérision et une lucidité à toutes épreuves, un graphisme contemporain, une narration fluide, une ambiance très colorée et un ton résolument léger, l'autrice raconte son quotidien de mère célibataire.

Dans cette intégrale qui réunit les deux volumes du Printemps suivant, parus en 2020 et 2022, Margaux emménage avec son amoureux et redécouvre les joies de la vie en couple, avec ses avantages, ses inconvénients, ses limites, les inévitables compromis, les disputes, les réconciliations et les courses chez Ikea et Jardiland… Un récit à la fois drôle et touchant !

Le Printemps suivant - édition intégrale, de Margaux Motin. Casterman. 30€

8 Thriller maritime

Avec son grand format, ses 240 pages au total et ses somptueuses couvertures à l'ancienne, le dyptique 1629 ou l'effroyable histoire des naufragés de Jakarta ne peut que titiller la rétine de tout amateur de bande dessinée.

Et pas seulement la rétine ! Le contenu est à l'image du contenant, grandiose ! Le scénariste Xavier Dorison, déjà largement connu et reconnu dans le monde du neuvième art (Goldorak, Le Château des animaux, Le Troisième testament…), et le dessinateur Thimothée Montaigne signent un grand récit d'aventure à la fois fascinant et terrifiant ! Inspirée d'une histoire vraie, l'intrigue débute dans le huis clos du Jakarta, un navire de 40 pieds affrété par la compagnie Voc pour un voyage depuis les Pays-Bas vers l'Indonésie, plus précisément Java.

À son bord, 300 matelots, criminels, déserteurs et mercenaires, mais aussi des passagers, quelques enfants, trente femmes et surtout, dans les cales, une belle cargaison d'or et de diamants destinée au négoce. De quoi rendre ce voyage furieusement explosif. Maladie, mutinerie, naufrage, crimes… Xavier Dorison et Thimothée Montaigne nous embarquent pour un voyage sans retour, où chaque planche explore la profonde noirceur de l’âme humaine dans des illustrations d’une exceptionnelle composition, sombres et violentes à souhait.

1629 ou l'effroyable histoire des naufragés de Jakarta, de Dorison et Montaigne. Glénat. 35€

9 Objectif Nuremberg

Berlin, mai 1945. La ville n'est plus qu'un amas de ruines fumantes. Partout, des cadavres. Partout, des civils hagards, errants à la recherche de quelque nourriture. Les forces alliées occupent Berlin, le drapeau russe flotte sur ce qui reste du toit du Reichstag. La guerre est finie. Enfin presque ! Car pour certains, après l'écrasement de l'armée nazie, un autre enjeu majeur se dessine.

En vue du procès de Nuremberg, les soldats américains du Counter Intelligence Corps sont chargés de récupérer un maximum de photographies et de films de la propogande allemande, notamment le matériel issu de ces fameuses "3ᵉ kamera", des appareils non officiels qui permettaient aux photographes de la Propaganda Kompanien, pas toujours acquis à l'idéologie nazie, d'échapper à la censure. Avec un objectif pour les alliés : repérer les visages de certains officiers SS et surtout apporter la preuve irréfutable des atrocités commises pendant la guerre. 

C'est à travers une fiction que les auteurs de cette bande dessinée ont choisi de raconter l'histoire de l'une de ces "kamera", et de l'un de ces reporters de guerre allemands placés sous les ordres de Goebbels, une fiction bien évidemment très documentée, et au bout du compte une histoire absolument captivante, sublimée par le graphisme réaliste et puissant de Denis Rodier, précédemment dessinateur du best-seller La Bombe aux mêmes éditions Glénat.

La 3ᵉ kamera, de Apikian et Rodier. Glénat. 23€

10 Histoires vraies

Depuis 2014, Fabien Toulmé ne cesse de nous enchanter avec des récits empreints d'humanisme. Tout a commencé avec Ce n'est pas toi que j'attendais, une autobiographie bouleversante dans laquelle il racontait sa relation avec sa fille trisomique, une œuvre qui a touché de nombreux lecteurs. Puis il a enchaîné avec Les deux vies de Baudouin et la trilogie L'Odyssée d'Hakim qui lui valut de remporter en 2021 le Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage. Après un petit passage par la fiction pure avec Suzette ou le grand amour, Fabien Toulmé revient au récit de témoignage avec la série Les Reflets du monde et celle qui nous intéresse aujourd'hui, Inoubliables dont le deuxième tome vient tout juste de paraître.

Avec la même ambition, la même envie : réunir des histoires qui ont transformé des vies et qui pourraient changer notre vision des choses. Le résultat ? Cinq nouveaux témoignages : Julie et son face-à-face avec la mort après une avalanche, Cyntia et son combat pour échapper à une relation toxique, Kévin et son engagement pour remettre de la vie dans un Ehpad, Bruno et son coming out tardif, l'Ukrainien Bohdan et son départ pour la guerre, des tranches de vies racontées avec une empathie et une pudeur exemplaires, des histoires vraies, des histoires inoubliables.

Inoubliables tome 2, de Fabien Toulmé. Dupuis. 20,50€

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