En Pays de la Loire, le RN est arrivé en tête des élections européennes. Après la claque pour les partis, le choc de l'annonce de la dissolution, déjà la gauche et la droite, unies ou pas, repartent en campagne pour des législatives anticipées. Elles se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochain.
Le résultat était attendu, la dissolution de l'Assemblée nationale, pas vraiment. Les réactions s'enchainent depuis la prise de parole d'Emmanuel Macron.
À commencer par le RN, qui sort grand vainqueur de ce scrutin des Européennes. pour la première fois, il est en tête en Pays de la Loire avec 27, 63 % des suffrages, devant Valérie Hayer 17,92 % et Raphaël Glucksmann, 7, 91 %.
Le RN à la conquête de l'Ouest
Une extrême droite triomphante, partie à la conquête de l'Ouest, terre d'ordinaire hostile. Pour Gauthier Bouchet, patron du RN de Loire-Atlantique, la victoire en Loire-Atlantique d'ailleurs est historique.
"Je prends les choses avec gravité, une dissolution, ce n'est pas une annonce anodine. Ça n'est pas arrivé depuis plus de 25 ans. Il faut prendre cet instant politique avec respect pour nos électeurs et avec sérieux", commente ce lundi 10 juin Gauthier Bouchet.
Nous allons tout tenter au niveau national pour avoir une majorité d'alternance qui porte au pouvoir le rassemblement national et qui fasse en sorte que Jordan Bardella soit nommé Premier ministre
Gauthier BouchetDélégué départemental du RN 44 et conseiller régional
Jordan Bardella a gagné les élections européennes ! Quelle soirée historique !#Européennes2024 #RN #RNPdL pic.twitter.com/z4a06dANk6
— Gauthier Bouchet (@GauthierBouchet) June 10, 2024
Face au raz de marée de l'extrême droite, Emmanuel Macron a donc tranché net. Comme un joueur de poker qui fait tapis, il convoque de nouvelles élections, laissant son propre camp groggy et circonspect face à cette stratégie de tous les dangers.
Je prends acte de la leçon du scrutin de ce jour, tirée par le Président de la République. Le 30 juin et le 7 juillet, la France aura à faire un choix déterminant, existentiel. La République est un combat
Mounir BelhamitiDéputé de Loire-Atlantique
Pour la maire socialiste de Nantes ; "LE RN n'est plus seulement aux portes du pouvoir, il a un pied dans la porte. Emmanuel Macron porte une lourde responsabilité dans les résultats de l'extrême droite. Il a conduit la France dans une impasse."
"La gauche et les Écologistes doivent désormais offrir une perspective pour les élections des 30 juin et 7 juillet prochains, en apportant une réponse aux difficultés et aux peurs qu'un grand nombre de françaises et de Français ont exprimé lors de ce scrutin".
Seul le rassemblement de la gauche et des écologistes peut désormais représenter une alternative à l'extrême droite
Johanna RollandMaire socialiste de Nantes
L'union est-elle possible à gauche ?
Christophe Clergeau, député européen socialiste, dénonce la "folie" d'Emmanuel Macron.
La dissolution de l’Assemblée nationale est une monstruosité politique, une folie présidentielle qui ne sait faire qu’une chose : jouer avec le RN. La gauche est en capacité de l’emporter, il faut retrouver le sens du rassemblement autour d’un projet clair !
Christophe ClergeauDéputé européen socialiste
L'union oui, mais pas à n'importe quel prix pour Michel Ménard, président socialiste du département.
"Nous avons la confirmation que lorsque la gauche propose un programme clair, crédible et ambitieux, elle peut de nouveau incarner une espérance comme Raphaël Glucksmann a su le faire", écrit l'élu.
"Face à la montée des populismes, je suis convaincu que nous avons besoin d'une gauche qui regarde la réalité telle qu’elle est sans renoncer à vouloir la changer. Une gauche capable d’incarner un projet d’espoir, capable de tracer un chemin pour répondre à l’urgence sociale, sans renoncer à son ambition écologique et démocratique"
Michel MénardPrésident du Département de Loire-Atlantique
"Dès demain, nous devons poursuivre dans cette voie, celle d'une gauche qui ne sombre pas dans les postures et les invectives. Le seul rempart au Rassemblement national, c'est une gauche rassemblée sur des bases claires", ajoute Michel Ménard. Autrement dit, sans la France Insoumise.
Côté LFI, alors que François Ruffin appelle à un "front populaire" réunissant toutes les gauches, Andy Kerbrat député LFI de la 2ᵉ circonscription de Loire-Atlantique, dit oui, mais derrière le programme de la Nupes.
À gauche, nous devons nous retrouver à nouveau, autour d’une ligne de rupture claire et sans compromission avec le libéralisme économique. C'est le programme de la NUPES ! Notre responsabilité est immense
Andy Kerbrat, député LFI, 2e circonscription de Nantes
"Sans sursaut immédiat, l'extrême droite arrivera au pouvoir"
"Dissolution de l'Assemblée nationale à l'heure où le RN fait 31 % aux européennes ?!" s'interroge sur X la députée écologiste de Loire-Atlantique, Julie Laernoes.
Ils ne passeront pas ! Il faut un Front Populaire aux législatives, notre camp à une responsabilité. Dès demain, repartons en campagne sous la bannière d'une gauche rassemblée
Julie LaernoesDéputée les Écologistes de Loire-Atlantique
"Je suis plus que jamais déterminée à combattre les idées nauséabondes de l’extrême-droite et faire gagner un programme de rupture avec la politique néolibérale d’Emmanuel Macron, pour redonner un espoir et des perspectives d’apaisement aux françaises et aux français. C’est ce à quoi je me suis attelée depuis mon élection en juin 2022 avec l’ensemble des députés de la gauche et de l’écologie à l’Assemblée nationale. Et aujourd’hui, je ne compte pas abandonner", précise la députée de la 4ᵉ circonscription de Loire-Atlantique
"C’est pourquoi, j’ai décidé de me porter à nouveau candidate aux élections législatives au service de l’union de la gauche et des écologistes. Sans sursaut immédiat, l’extrême droite arrivera au pouvoir. L’unité de la gauche, dans son ensemble, est donc indispensable ! Les résultats d’hier le démontrent.", souligne l'élue écologiste dans un communiqué.
Jean-Claude Raux, le député Écologiste de la 6ᵉ circonscription de Loire-Atlantique, est sur la même longueur d'ondes.
"La dissolution imposée par Emmanuel Macron est une faute d’un cynisme sans nom. Elle peut propulser la France dans un avenir bien plus sombre. Cette fatalité, je la refuse et continue de proposer l’alternative : celle de l’espoir, d’une volonté résolument tournée vers l’avenir. Celle qui assume vouloir sortir de l’échec d’une société qui se détourne de l’humain et du bien commun, d’une société de l’argent plutôt que du vivant et des inégalités plutôt que de la solidarité.
"Je suis candidat à ma réélection. Pour continuer à agir à l’Assemblée nationale, pour être le député qui défendra le mieux la 6ᵉ circonscription de Loire-Atlantique et les ruralités actives", conclut Jean-Claude Raux.
"Chacun est devant ses responsabilités"
Christelle Morançais, présidente Horizons de la région, a, elle, salué le "courage d'Emmanuel Macron."
Emmanuel Macron a pris une décision courageuse. On ne se trompe jamais quand on demande aux Français de voter. Nos concitoyens ne sont jamais le problème. Ils sont toujours la solution.
— Christelle MORANÇAIS (@C_MORANCAIS) June 9, 2024
La France est à l’arrêt. Elle est bloquée et livrée au spectacle affligeant des partis…
"La France est à l’arrêt. Elle est bloquée et livrée au spectacle affligeant des partis politiques. Il faut en sortir par le haut. Et le haut, en démocratie, c’est le vote – c’est toujours le vote ! Je dis aujourd'hui ce que j’ai dit il y a 2 ans. Il faut bâtir une coalition large, claire et nette, conforme aux idées de la droite républicaine et européenne, autour de priorités fondamentales : rétablir notre sécurité, rebâtir notre école, restaurer notre justice, redresser notre force productive, protéger notre nature, sauver notre modèle de santé", ajoute la présidente de région."
"Chacun est devant ses responsabilités", poursuit-elle.
Franck Louvrier, maire LR de la Baule, appelle de ses vœux depuis 2022 à un rapprochement avec le camp présidentiel, c'est donc sans surprise qu'il appelle à un rassemblement autour du parti gouvernemental.
Pour le sénateur vendéen les Républicains, Bruno Retailleau, "Emmanuel Macron n’avait pas d’autre choix que se dissoudre l’Assemblée Nationale. C’est ce que je demandais depuis plusieurs semaines. En démocratie, il est sain et légitime de redonner la parole au peuple quand le peuple est aussi manifestement en désaccord avec ses gouvernants". Pour autant, pas question d'alliance avec la Macronie. Pour le Vendéen, les LR doivent faire cavaliers seuls.
Ce soir, commence la campagne des législatives. Après un échec cinglant, une absence de majorité à l’Assemblée Nationale et une situation politique totalement bloquée, Emmanuel Macron n’avait pas d’autre choix que se dissoudre l’Assemblée Nationale. C’est ce que je demandais…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) June 9, 2024
"Le RN n'est pas le FN"
Divers droite et sympathisant LR le maire de Cholet Gilles Bourdouleix se dit prêt à faire alliance avec le RN.
Le Rassemblement national, ce n'est pas le Front national que l'on a connu. Il faut être clair, c'est un parti de droite et je considère qu'il y a une alliance des droites possible entre le RN, LR et Reconquête
Gilles BourdouleixMaire de Cholet Divers Droite
"LR avec 7 % ne peut pas gouverner. Donc soit on veut réformer la France et c'est l'objectif, soit on regarde le train passer et on ne fait rien", précise le maire de Cholet.
"Je prends acte de la décision du président de la République de mettre fin immédiatement au mandat des députés.", note Anne-laure Blin, députée LR de la 3ᵉ circonscription du Maine-et-Loire.
"Plus que jamais, les Français mesurent l’ampleur du travail à fournir pour redorer notre fierté d’être français et répondre aux défis auxquels la France est confrontée", ajoute-t-elle.
Je me tiens à vos côtés et souhaite poursuivre, pour vous, comme je m’y suis engagée pour continuer à vous défendre et vous protéger
Anne-Laure BlinDéputée LR de la 3e circonscription du Maine-et-Loire
"La proximité, la sincérité et l’investissement total sont au cœur de mon mandat. Je serai donc candidate à cette élection législative partielle annoncée le 30 juin prochain pour continuer à dire haut et clair à Paris ce qui se passe sur le terrain sans jamais rien lâcher", conclut la députée.
Les Législatives se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochain, une période de vacances pour les Français. Dans quelles conditions ? Avec quels candidats ? Et surtout quels résultats ? Avec une campagne restreinte à trois semaines, tous les scénarios sont envisageables.
La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au dimanche 16 juin,18 heures, ce qui laisse à peine une semaine aux partis pour former d'éventuelles alliances.
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