"Il me dit qu’il fait ça pour échapper à la dureté de la vie", paroles intimes de parents face à la toxicomanie de leur enfant

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Documentaire "Mon enfant chéri" - La détresse et les combats d'un père ou d'une mère face à l'addiction de son enfant
Documentaire "Mon enfant chéri" de Nicolas Bourgouin - extrait Le choc de la découverte ©LCP/AN - 416 Productions - France 3 Pays de la Loire

Dans son documentaire "Mon Enfant Chéri", Nicolas Bourgouin donne la parole à des parents confrontés à la toxicomanie de leurs enfants. À travers des témoignages intimes et émouvants, il explore leur incompréhension, leur culpabilité, mais aussi leur espoir. Ce film, qui se concentre sur les parents plutôt que sur les enfants, offre un regard unique sur une épreuve familiale souvent taboue.

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Roselyne, Isabelle et Jocelyn ne se connaissent pas. Leurs mots pourtant se répondent pour former une même histoire quand ils se confient sur le parcours de leurs fils respectifs. Un enfant, leur enfant, qui un jour a croisé la drogue. Certains n’en sont pas sortis, d’autres si. Comme Grégoire, le fils de Dominique et Patrick qui a traversé un long épisode de toxicomanie et est devenu durant plusieurs années un étranger aux yeux de ses parents.

Le regard intime et l'écoute de Nicolas Bourgouin

Nicolas Bourgouin, réalisateur de "Mon Enfant Chéri" a choisi de faire un film autour d’une parole intime qu’il recueille délicatement. Il cadre les visages à la juste distance de la conversation, usant à l’économie de rares séquences de vie quotidienne qui font rupture avec l’énormité de ce qui nous est raconté.

"Mon Enfant Chéri" n’appartient pas au genre des documentaires friands de reconstitutions de scènes de shoot, ou autres comportements toxicomanes sur fond musical dramatisant. Pas de parole d’experts non plus pour évoquer le sujet de la toxicomanie et rapprocher le film d'une enquête journalistique. Pas même d’interview des enfants dont il est question. Ce qui fait la puissance et l'intérêt de la démarche de Nicolas Bourgouin est à rebours de tout cela. Son sujet, c’est le parent, ce qu'il ou elle dit, comprend, espère.

Il me dit qu'il fait ça pour échapper à la dureté de la vie.

Roselyne Febvre

Affronter l'incompréhension pour les mères et les pères

Des mères, des pères qui racontent entre émotion et résignation les affres d’interrogations laissées longtemps sans réponse, ou qui le demeurent toujours.

C’est d’abord l’incompréhension. Pourquoi lui ? "Avant ses 15 ans, c’était un enfant agile, vivant, intéressé par beaucoup de choses, il avait beaucoup d’empathie" se souvient Isabelle, qui travaille dans l’immobilier à Paris. "Il aidait toujours les autres, c’était ce genre d’enfant".

Elle en parle à l’imparfait, son fils a 19 ans aujourd’hui, il est toxicomane depuis 4 ans. Elle pense qu’il a été harcelé au collège. Une explication à laquelle se raccrocher, faute d’autre raison connue.

"Il me dit qu’il fait ça pour échapper à la dureté de la vie" se souvient Roselyne. "Mais est-ce qu’il faut chercher un mal-être ? L’humanité entière est dans le mal-être". Comprendre  : tout le monde ne se drogue pas.

Le fils de Roselyne, 27 ans aujourd’hui, est vu par sa mère à l’adolescence comme "hypersensible, peu attiré par l’école, mais créatif". À 15 ans, pris d’une bouffée délirante aigüe, il trouble l’ordre public. Il est appréhendé, hospitalisé. "Je fais alors connaissance avec une part de lui complètement inconnue."

Jocelyn, qui vit en Anjou sur les bords de Loire, décrit son fils Adam comme "jovial, bon enfant, vivant, sans souci"  jusqu’à sa mise en cause infondée par un parent d’élève du collège où il est scolarisé, ce qui le déstabilise complètement. Adam fait une tentative de suicide a 13 ans et commence à se droguer.   

Qu’est ce que j’ai fait, pas fait, n’ai-je pas été assez sévère  ?

Dominique

Mère de Grégoire

Pour Grégoire, le fils de Dominique et Patrick, la rencontre avec la drogue s’est faite après le bac, à 19 ans. Garçon plutôt renfermé, ils le voient changer, sortir, devenir extraverti, puis c’est  la descente aux enfers selon leurs propres mots.

La descente aux enfers, une épreuve pour les parents

L’enfer pour des enfants malades de la drogue, l’enfer pour les parents soumis à de hautes doses de culpabilité. Ils passent tout en revue comme Dominique : "Qu’est-ce que j’ai fait, pas fait, n’ai-je pas été assez sévère ?".

"On a peur de le dire à l’entourage" admet Roselyne, "on a peur du jugement, de s’entendre dire qu’on ne s’est pas assez ou bien occupé de lui, qu’on a été défaillant".

Culpabilité bien sûr si on s’est séparé de l’autre parent. Jocelyn, dont le divorce ne s’est pas bien passé, admet qu’il était assez dans le laisser-faire quand Adam était chez lui les week-ends, "on se dit qu’on lui a fait assez de mal comme ça".

Si on est encore en couple, la toxicomanie le met à l’épreuve : Patrick, mari de Dominique et père de Grégoire, pensait que les choses allaient revenir à la normale. Dominique confie ne s’être pas senti écoutée à l’époque, pensait que son mari aurait dû plus intervenir, que lui en tant que père avait des clés qu’elle n’avait pas. Patrick le reconnaît : "J’étais en difficulté, dans une sorte de paralysie, un non-agir".

Ce sentiment d’impuissance face à la toxicomanie procure un sentiment de déqualification des parents. Car, comme le confie Isabelle, "tout y passe" : cannabis, opiacés, crack, cocaïne, champignons hallucinogènes, amphétamines, alcool. Roselyne en fait le constat : la drogue a introduit dans la relation avec son fils deux poisons,  le mensonge et le déni. "Ce sont des enfants qui disparaissent"  conclut-elle.

La société et le corps médical ne répondent pas toujours présents

Si la toxicomanie est une maladie, sa prise en charge thérapeutique laisse à désirer. Adam et Grégoire ont bénéficié de l’aide de lieux de vie qui les ont accueillis, travail et hébergement compris durant plusieurs mois. Pour Isabelle, le constat est plus rude. "Le service d’addictologie n’a pas voulu le prendre au début, au motif qu’il ne fumait "que" 5 joints par jour à 15 ans. Le suivi par un psychiatre reste possible, mais si le jeune ne veut pas, il n’y va pas."

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Documentaire "Mon enfant chéri" de Nicolas Bourgouin - extrait Une prise en charge déficiente ©LCP/AN - 416 Productions - France 3 Pays de la Loire

L'espoir malgré tout

Il y a néanmoins une place pour l’espoir, nous dit Nicolas Bourgouin, en nous laissant découvrir à la fin de son film la situation actuelle de Grégoire et Adam, aujourd’hui sortis de la drogue et insérés. Deux magnifiques séquences qui nous montrent que la relation parent-enfant dans laquelle la drogue s’était interposée peut se réparer. Mieux, elle peut grandir et embellir.

Roselyne a écrit un livre, "Les battements de cœur du colibri, le combat d'une mère face à l'addiction de son fils"  (Les éditions du Rocher) pour retrouver le sentiment de l’action et alerter sur les carences de prise en charge de la toxicomanie chez les plus jeunes. Isabelle, accablée, mais vaille que vaille toujours debout, espère contre vents et marées : "C’est peut-être rattrapable, après tout, il n’a que 19 ans".

Deux documentaires sur les addictions

"Mon enfant chéri" est diffusé dans le cadre d'une soirée sur les addictions, avec deux regards, l'un sur la drogue et l'autre "Les abonnés absents" sur les smartphones.

Ce documentaire d'Anne-Sophie Levy Chambon, traite donc d'une addiction plus récente. Car il fut un temps où l’on se baladait le nez en l’air et si l'on se perdait, on trouvait toujours une bonne âme pour nous remettre sur le droit chemin. Aujourd’hui, depuis l’avènement des smartphones, toutes les attentions se portent machinalement vers ces petits rectangles lumineux qui nous collent aux basques et nous isolent du monde qui nous entoure.

La dépendance aux écrans est devenue un problème majeur. Selon les dernières études, presque 100 % des personnes ayant un téléphone portable estiment y passer beaucoup trop de temps. Et pendant ce temps, les Français n’ont jamais eu autant le sentiment de manquer de temps… Cherchez l’erreur !

Face à ce phénomène universel de détournement des esprits, des âmes rebelles de toutes les générations ont décidé de ne pas céder au chant des sirènes de la connexion permanente.
Ce sont les abonnés absents. Avec Amélie Nothomb, Sylvain Tesson, Alain Finkielkraut, Miguel Benasayag, William Lowenstein, Laurent Karila, Yves Marry et des abonnés absents libres et heureux. 

►Ces deux documentaires sont à retrouver en intégralité sur la plateforme france.tv dans notre collection La France en vrai.

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