En 2024, les Nantais ont passé 96 heures en moyenne dans les embouteillages. C'est dire si la Métropole, placée dans le top 5 national, est congestionnée aux heures de pointe. 2025 ne devrait pas être une année plus zen pour les automobilistes, qui vont encore devoir faire face à de nombreux travaux impactant la circulation.
Une nouvelle étude sur le trafic routier positionne Nantes à la cinquième place des villes les plus embouteillées de France. En 2024, les automobilistes ont ainsi perdu 96 heures dans les bouchons de la métropole nantaise aux heures de pointe, ce qui représente environ quatre jours sur une année, selon le TomTom Traffic Index. De quoi donner raison aux conducteurs chafouins : aux heures d'embauche et de débauche, ou bien au moment du départ et du retour de week-end, il faut compter 25 minutes et 29 secondes en moyenne pour faire 10 kilomètres.
La route de Pornic, un point de crispation
Et cela ne va pas en s'améliorant. En une année, la durée passée dans les bouchons a progressé de 40 secondes, selon le classement de cette société spécialisée en géolocalisation. Serait-ce la conséquence des nombreux grands travaux engagés l'an passé qui ont compliqué la circulation dans la cité des Ducs ? À cet égard, le début des travaux de la route de Pornic, ce mardi 14 janvier, concentre toutes les crispations. Ce chantier, qui vise à aménager les voies pour les nouvelles lignes de tramway 6 et 7 et le busway 8, qui relieront Bouguenais et Rezé au centre-ville, risque d'occasionner d'importants ralentissements, à un moment où de nombreux autres axes de la métropole sont déjà bouchés.
Interrogé sur ce point, Thomas Quéro, adjoint à la maire de Nantes, délégué à l'urbanisme et aux travaux publics, réfute en bloc. "Tout d'abord, on ne sait pas vraiment comment TomTom travaille et d'où viennent ces chiffres. De notre côté, nous avons les chiffres d'un institut d’étude de trafic, l’INRIX, dont la dernière étude nous dit au contraire que la situation s'est améliorée en 2024 par rapport à 2023."
Un chantier par-ci, une route bloquée par là
Pour autant, plusieurs automobilistes interrogés nous font part de leur lassitude. Le GPS d'un salarié croisé au volant de sa voiture, route de Pornic mardi matin, affichait un trajet de "plus d'une heure" au lieu de "20 minutes". D'autres, régulièrement coincés dans la déviation de la rue Jeanne d'Arc, près du marché de Talensac, ont aussi largement augmenté leur temps de trajet.
Que ce soit à cause du chantier du quai de la Fosse et du pont Anne de Bretagne, de l'aménagement du boulevard des Pas Enchantés à Saint-Sebastien-sur-Loire, du quartier de Pont Rousseau à Rezé, ou encore les travaux boulevards Stalingrad et Dalby, les Nantais doivent déjà slalomer depuis des mois entre les routes barrées. Des déviations sont mises en place, mais les axes empruntés, qui ne sont pas toujours conçus pour accueillir un tel surplus de circulation, sont parfois saturés.
On dit qu'il y a un phénomène "d'évaporation", ce sont des voitures qui, soit font d'autres trajets, soit décalent leurs horaires.
Aurélien Besnard, chargé de projet centralité à Nantes métropole
"Nous sommes dans une nouvelle phase de transformation très forte du cœur de la métropole, plusieurs projets se croisent dans un même lieu stratégique et dans un même temps", justifie Aurélien Besnard, chargé de la coordination des projets de la centralité métropolitaine pour Nantes Métropole. L'ensemble des chantiers est d'ailleurs visible sur cette carte interactive. "Mais ce que l'on a remarqué, notamment sur le quai de la fosse, c'est qu'on a quelques difficultés les premières semaines et ensuite, on sait qu'il y a une organisation personnelle qui se met en place. On dit qu'il y a un phénomène "d'évaporation", ce sont des voitures qui, soit, font d'autres trajets, soit qui décalent leurs horaires."
La Métropole incite donc à emprunter le plus possible les transports en commun, notamment en offrant un mois d'abonnement gratuit. "Le message qu'on délivre aux automobilistes, c'est de s'organiser : renforcer le covoiturage, se garer aux parkings relais, se renseigner sur les alternatives qui existent et celles qui arriveront à la rentrée 2025, peut-être essayer le vélo en location avec Naolib vélo", nous indique Aurélien Besnard.
Pourquoi tous les chantiers se déroulent en même temps ?
Pour pallier la réduction des voies route de Pornic, par exemple, la ligne express 8 (Le Pellerin et Pirmil/Greneraie) passera toutes les 10 minutes aux heures de pointe, même chose pour le Navibus depuis Trentemoult-Gare Maritime. On peut également prendre le TER à Bouaye et le tramway 3 à Neustrie, mais la fréquence de ces transports, qui font déjà souvent le plein, reste inchangée. En revanche, cette ligne de tramway va être coupée dès le mois prochain entre Neustrie et la Trocardière pour rénovation, et remplacée par un bus relais.
La galère des voyageurs s'ajoutera donc à celle des automobilistes. Selon le chargé de coordination des travaux de la Métropole, il existait un trop fort risque de rupture sur les rails. S'il juge l'inquiétude des usagers "extrêmement légitime", Aurélien Besnard explique qu'il faut "garantir la bonne performance et la tenue dans la durée des alternatives à la voiture". Les rails ont un certain âge, donc le choix a été fait de ne pas attendre, et de faire des travaux sur un temps court, jusqu'au 12 mai. Il faut savoir qu'on observe de près les impacts que ces travaux peuvent apporter, et s'il y a des projets qu'on maintient, comme la rénovation de la ligne 3, il y en a d'autres qu'on reporte."
Proposer d'autres alternatives à "l'autosolisme"
Pourquoi ces travaux interviennent-ils en même temps, alors que la tension est déjà palpable sur les routes nantaises ? "Effectivement ça fait beaucoup de travaux, mais ils n'ont pas la même temporalité", explique le "monsieur travaux" de la Métropole. "Depuis le quai de la Fosse jusqu'à la route de Pornic, on est sur un projet linéaire, qui sera livré dans son ensemble, sur un objectif 2027. Il y a d'autres projets qui se déploient, mais qui vont être livrés dans le mandat, en 2025 ou 2026 : un certain nombre de parcs et jardins, des axes structurant pour les vélos, le projet Stalingrad Dalby Sainte-Luce, ou le boulevard des Pas Enchantés à Saint-Sébastien."
Thomas Quéro, l'adjoint à la maire, n'est pas non plus sourd aux plaintes des Nantais, mais les exhorte à changer leurs habitudes. "On ne nie pas que c'est une période compliquée, mais ça fait maintenant 10 ans que l'on favorise les mobilités alternatives et que l'on prépare l'après. Un sondage récent montrait qu'un Français sur deux était prêt à abandonner la voiture. C'est un ordre de grandeur qui permettrait déjà une transformation radicale." Pour Aurélien Besnard, c'est le projet de mobilité de la future métropole qui se dessine. "On veut proposer d'autres alternatives à l'autosolisme (lorsqu'on est seul au volant), renforcer l'itinéraire Loire à vélo, la desserte en transport en commun des nouveaux équipements (le nouvel hôpital, la future piscine olympique métropolitaine...) ainsi que des habitants du sud-ouest de la métropole ou des nouveaux quartiers de l'île. C'est tout un réseau qui demain sera maillé différemment."
Dans le futur, les Nantais et les visiteurs n'auront donc plus le choix que de relier la ville différemment pour éviter les fameux bouchons. Mais un certain nombre de communes seront toutefois mieux reliées entre elles autrement que par la voiture.
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