Coronavirus : les paysagistes reprennent le chemin des jardins entre espoirs et inquiétudes

Les professionnels du secteur espèrent rebondir rapidement après un début de printemps confinés mais il reste des inquiétudes.

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« Le fait d’arrêter en moyenne 15 jours dans cette période très dense aura forcément un impact. On reste confiant sur la reprise mais on se pose encore des questions ». Alain Martineau est président régional de l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep).

Ce professionnel vendéen veut rester optimiste pour l’avenir mais il sait que le secteur traverse un moment difficile.

"Entre mars et juin, c’est la plus grosse période de travaux dans l’année. Sortant d’un hiver très pluvieux, on comptait sur cette période pour rattraper le retrard", dit-il.

Emmanuel Bourrut Lacoutre, paysagiste à Nantes confirme, "on a pris 4 mois de pluie tout l’hiver et le jour du confinement, il s’est mis à faire beau. C’est là où on aurait plus travailler le plus".

Moins d’activités et plus de mesures sanitaires

Emmanuel Bourrut Lacouture a vu une nette baisse de son activité.

"Sur la partie entretien de jardins, on devrait avoir 10 appels par jour en ce moment pour des prises de rendez-vous mais on n’en a aucun".

Après les deux premières semaines de confinement, comme pour beaucoup de paysagistes, il a pu relancer des chantiers dans certains jardins de particuliers, en priorité les plus accessibles. "Il y a tout un process qui s’est mis en place grâce au groupement professionnel de l’Unep très rapidement".

Dans son entreprise de 5 personnes, il n’y a désormais qu’un seul employé par véhicule, certains se déplacent avec leur propre voiture. Des systèmes de nettoyage des mains et de désinfection des cabines ont été installés. Des gants en latex jetables ont également été fournis.

"On est en attente de masques pour du travail rapproché et pour passer plus en sécurité dans les maisons",
explique-t-il. Le carnet de commandes est vide pour la semaine prochaine. Il a pu avoir un accord pour mettre ses équipes en chômage partiel. Mais à partir du 11 mai, il sait qu’il pourra reprendre son activité dans de meilleures conditions avec deux chantiers importants qui vont donner du travail pendant deux mois.
 

Des difficultés sur les gros chantiers

Alain Martineau a une vingtaine de salariés dans son entreprise basée en Vendée. Il a repris son activité à 80-90 % en privilégiant lui aussi les terrains à proximité et facilement accessibles.

Pour les protections, "une entreprise locale de sellerie à pu nous fournir des masques lavables. On a pu en distribuer à nos employés." Mais c’est plus compliqué pour les interventions sur de gros chantiers : il peut y avoir d'autres corps de métiers, ils peuvent dépendre d'une commande publique stoppée ou nécessiter un déplacement.

"J’ai des collaborateurs qui doivent se déplacer sur un chantier à 200 km de l’entreprise pour l’entretien d’un camping. Je n’envisage pas de reprendre tant qu’il n’y a pas d’hôtel ouvert. Ca sera compliqué pour se loger mais aussi pour se ravitailler en matériaux",
explique le paysagiste.

Le secteur traverse un moment difficile mais pour l’instant le groupement professionnel de l’Unep dans la région n’a pas eu de professionnels annonçant des cessations d’activité. "On a eu un certain nombre d’entreprise qui disaient craindre des problèmes de trésorerie. Mais depuis une dizaine de jours, on a une relance d’appels pour des demandes d’interventions. C’est rassurant".

Inquiétudes sur les fournitures

Si la reprise pointe le bout de son nez, c’est bien toute la filière qui doit pouvoir se remettre en marche. Et là, le ciel n’est pas totalement dégagé. Des inquiétudes planent encore.

Emmanuel Bourrut Lacouture s’est, par exemple, retrouvé devant un problème très concret. "On a eu un gazon à faire mais on n’a pas réussi à trouver un motoculteur. Les loueurs d’engins mécaniques ne sont pas tous ouverts. Les gars ont dû retourner tout le terrain à la main".

Ça prend plus de temps et surtout la rentabilité économique baisse. Alain Martineau précise aussi que certains produits sont déjà compliqués à avoir et que certains délais de livraison s’allongent. Certains matériaux arrivent habituellement d’Italie ou d’Espagne.

Et le printemps n’est pas éternel. "La période faste pour engazonner et planter c’est jusqu’au mois de mai. Après, c’est plus compliqué". Il faudra donc peut-être reporter certains travaux à l’automne en espérant que la météo sera au rendez-vous.

Forêt vierge et petit coin de paradis

Les paysagistes ont malgré tout deux bonnes raisons d’espérer une reprise à court terme. Tout d’abord, la forêt vierge qui envahit certains jardins que les propriétaires n’ont pas les moyens d’entretenir eux-mêmes.

Il peut s’agir d’une résidence principale ou d’une résidence secondaire. Dans les deux cas, le paysagiste sera autant attendu que le coiffeur pour certains.

Il y a aussi ceux qui regardent leur petit bout de nature d’un autre œil depuis le confinement : "Il a fait beau, on a vécu dans le jardin. On aimerait le réaménager".  Alain Martineau a eu ce type de témoignages.

Pour lui, "les gens ont pris goût à la vie dans le jardin et le plaisir que ça procure. Ils n’avaient peut-être pas le temps de l’apprécier avant parce qu’on a une vie trépidante". Et en prime, dans cette période printannière,  "les gens ont pu voir exploser les feuilles et les fleurs".

Encore une note d’espoir pour les paysagistes. Emmanuel Bourrut Lacouture suggère que le budget qui ne sera pas consacré à des voyages rendus impossibles cet été pourra peut-être se retrouver investi dans le jardin.

On aura-là du tourisme en circuit ultra-court avec une empreinte carbone à zéro. Il faudra sans doute quand même avoir à portée de main un bon bouquin pour se sentir complètement en vacances et ouvrir son esprit à des horizons lointains.
 

Chiffres-clé des entreprises du paysage dans les Pays de la Loire

7 250 actifs

1 810 entreprises

410 millions de chiffres d’affaires (5,9 milliards en France)
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