Il est le n°1 français des moins de 70 kg selon le site Tapology qui recense les événements liés aux arts martiaux mixtes (MMA). Le Nantais Amin Ayoub se produira lors d'un combat de gala le 1er février au Zénith de Nantes. On l'a rencontré lors d'un entraînement. La poignée de main est aussi ferme que le sourire est sincère.
Le rendez-vous avait été donné à la salle Fitness Park de Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes. Passé l'accueil, on longe les rangées d'équipements pour l'entrainement cardio où des sportifs que l'on devine chevronnés transpirent en silence, l'œil braqué sur l'écran affichant leurs performances.
Puis, plus au fond de la salle, on passe par la zone musculation. Le sol tremble, un abonné vient de relâcher une barre montée à quelques dizaines de kilos.
Shhhhh... ssss... fffchhhh... Ici, les échanges sont plutôt rares. On n'est pas là pour refaire le monde, mais pour se faire un corps.
Le seul sportif de la fratrie
Un jeune homme s'approche, tend la main et se présente : "Amin ! Tu vas bien ?"
Amin Ayoub décoche le tutoiement comme il enverrait un kick (coup de pied). Naturellement.
Puis, il fait demi-tour et on comprend que si l'on veut poursuivre la conversation, il faudra le suivre jusqu'au fond de la salle où il s'est installé pour sa préparation physique du jour.
Amin Ayoub, 29 ans, "marié, deux enfants", tient-il à ajouter, est un natif de l'ouest nantais. Il est passé par les Dervallières, Le Breil, Bouguenais, Couëron et Saint-Herblain. "Mes parents avaient la bougeotte", se contente-t-il d'expliquer.
À 14 ans, il se met au kick-boxing et puis, très vite, au MMA (mixed martial arts). À l'époque, on disait "Pancrace". C'était avant que le MMA soit légalisé en France, avant 2020.
Le garçon est le seul sportif d'une fratrie qui compte cinq garçons et une fille.
"J'ai toujours été très motivé par le sport, raconte Amin. Pour les contacts qu'on peut y faire, l'image. Et j'ai eu très vite de bons retours."
Champion d'Europe de kick-boxing
À 19 ans, le garçon est champion de France de kick-boxing puis champion d'Europe. Cinq ans plus tard, il remporte les Championnats du Monde MMA BRAVE FC (organisation pour les sports de combat mixtes basée au Bahreïn), catégorie moins de 70 kg. Catégorie dans laquelle il combat toujours aujourd'hui.
Mais Amin veut revenir à la maison et s'inscrit dans l'Hexagone MMA qui a pour ambition, affiche-t-elle, de "proposer le meilleur du MMA à l’ensemble du public français et européen".
"Je voulais combattre en France, chez moi", explique Amin qui est aujourd'hui le n°1 français (-70 kg) de cette discipline, selon le site en ligne Tapology qui compile événements, résultats et classements des combattants.
En sélection pour la ligue américaine
Entre deux explications, le champion jette un œil sur son smartphone, non pour répondre à ses fans, mais pour consulter le programme de préparation physique que lui a concocté son coach. Puis, il se met en position et commence une série de pompes sautées. Histoire de travailler son explosivité. Un truc ou vous et moi, nous nous écraserions le nez par terre en une seule tentative.
À peine essoufflé, il se relève et parle de son ambition de rejoindre l'UFC, le top du top. "La grosse organisation mondiale, dit-il. C'est une sélection où ils prennent les meilleurs."
L'UFC (Ultimate Fighting Championship, organisation américaine de combats, la plus importante ligue mondiale de MMA) ne se contente pas de quantifier les performances et les titres, il s'agit aussi, pour y entrer, de montrer qu'on est connu sur les réseaux sociaux. "C'est un business", confirme Amin.
Le sport des réseaux sociaux
Si Amin a choisi ce sport exigeant, c'est pour son succès grandissant. "C'est le sport en vogue, dit-il, qui a toute la lumière dessus, c'est un sport d'avenir. Le n°1 en termes d'influence sur les réseaux sociaux."
Violent le MMA ? Amin sourit. "C'est moins dangereux que la box anglaise, affirme-t-il. Les zones de frappe sont partout. Les coups sont placés un peu sur tout le corps. Et grâce aux phases de lutte, on peut même éviter de prendre des coups, et c'est pendant 3 rounds de 5 minutes. La boxe anglaise, c'est pendant 12 rounds que tu ne prends des coups que sur la tête."
Amin aime bien aussi être dans la lumière, sur le ring et adhère à l'esprit de ce sport.
"Après le combat, tout le monde est ami", assure-t-il.
À regarder les vidéos des séances de pesée où les futurs adversaires se jaugent et se cherchent avant même de monter dans la cage, on doute un peu du côté "amical" de l'exercice.
"Oui, mais ça, c'est pour le show, s'amuse Amin Ayoub. J'aime bien performer, savoir qui est le meilleur et tout ça dans le respect."
Ses deux filles de 4 et 8 ans sont fières de lui, dit-il.
"Il faut être entouré de bonnes personnes"
Côté business, Amin est suivi par des sponsors locaux, France autohaus, à Carquefou et Atlantic Café, à Vertou. "Avec des sponsors locaux, on a un meilleur rapport humain", estime-t-il. Mais il sait bien que s'il rejoint les cages de combat américaines, il lui faudra trouver d'autres partenaires.
"Les sponsors, c'est super important si on veut s'entrainer l'esprit tranquille", avoue le sportif qui espère poursuivre sa carrière encore quelques années. En MMA, certains pros ont 36 ou 37 ans.
Ce qui fait la différence dans ce sport, comme dans beaucoup d'autres, c'est le mental, mais une chose est aussi importante.
"Ton entourage, dit-il. Il faut être entouré de bonnes personnes, bienveillantes avec toi. Celui qui t'entraine et ceux qui t'entourent au quotidien."
Tête d'affiche au Zénith de Nantes
Le 1er février, le Nantais Amin Ayoub sera la tête d'affiche du show Hegaxone MMA au Zénith de Nantes. Il y affrontera Pedro Souza. Amin est 25-5-0 alors que Pedro est 18-6-0.
Ce qui signifie, pour les non avertis, que Amin a comptabilisé 25 victoires, 5 défaites et 0 matches nuls. Ça devrait faire la différence. En plus, Amin combattra devant son public et ça le portera.
"Merci aux Nantais qui me soutiennent depuis tant d'années", tient à dire Amin Ayoub, après avoir donné quelques conseils aux jeunes qui voudraient monter dans la cage :
"Définis bien ce que tu veux, quels sacrifices tu es prêt à faire et choisis ta voie, énonce le maître. Si tu veux combattre moyen en gardant des plaisirs à côté et un travail. Ou si tu veux être dans l'élite et faire une croix sur beaucoup de choses, les soirées entre amis, les filles."
On se quitte là-dessus. "Prend soin de toi", conclut Amin.
On aurait envie de lui répondre la même chose, mais dire ça à un champion de MMA, ça parait un peu inapproprié.
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv