Deux hommes ont été blessés par balles, ce vendredi 6 décembre au soir, après des coups de feu près de l'arrêt Pirmil entre Nantes et Rezé. Un autre a été touché par arme blanche. Au lendemain des faits, Céline Guimard, témoin, raconte encore légèrement sous le choc.
Pirmil, une gare routière réputée pour un des nombreux points de deal de l'agglomération. À cheval entre Nantes et Rezé, le quartier est bien connu des services de police, le trafic de stupéfiants y est monnaie courante.
Et hier soir, c'est probablement un règlement de compte sur fond de stupéfiants qui s'est déroulé sous les yeux médusés des riverains et des habitants qui travaillent ici. Le bruit des tirs et puis les sirènes des véhicules de secours. Une scène "de quartier" en plein centre-ville.
Les faits se sont déroulés aux abords d'un petit parc entre Pont-Rousseau et la rue Gabriel-Goudy, le bilan fait état de deux blessés par balles et un troisième par arme blanche.
Céline Guimard est responsable technique de la section gym artistique de l'ASC Bonne Garde. Elle était à quelques centaines de mètres de la fusillade.
J'ai signalé aux pompiers qu'il y avait une victime qui était dans le gymnase. Quand je suis arrivée, la personne était accompagnée de bénévoles en attente que les secours puissent emmener la personne au CHU, elle était ensanglantée.
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
Au moment où les coups de feu claquent, peu avant 19 heures, des adhérents de l'association sortent d'un cours de pilate.
" Il y a beaucoup de personnes qui circulent. Il y avait énormément de cours dans le gymnase hier soir", précise Céline Guimard, notamment des adultes.
Un individu arrive pour se mettre à l'abri, il est recouvert de sang.
Ils l'ont pris en charge pour le mettre en bas des escaliers, juste dans le hall d'entrée, pour la mettre en sécurité
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
"Nous avons tout de suite protégé les accès parce qu'on avait quand même 60 enfants qui étaient en cours de gymnastique dans la salle. On a fait passer les familles par les extérieurs pour éviter de passer à l'endroit où la personne perdait beaucoup de sang. C'était assez impressionnant", témoigne Céline Guimard.
Nous avons communiqué auprès de nos adhérents pour expliquer qu'il y avait eu une espèce de fusillade, au moins des attaques à armes à feu et arme blanche dans le quartier, certainement liées à du narcotrafic
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
Les bénévoles s'occupent prioritairement des plus jeunes.
"Nous nous sommes mis en relation avec la mairie pour savoir s'il pouvait y avoir un accompagnement psychologique pour les familles. Il y a trois petits garçons qui ont vu le blessé. On a tout de suite accueilli les familles et on a discuté avec eux", explique la responsable de Bonne Garde.
Certains enfants sont choqués choqués.
On a dit qu'il fallait en parler avec eux, qu'il fallait débriefer un petit peu de la situation. Mon fils qui était présent, il n'était pas bien hier soir. Il a fallu dormir avec lui
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
Pour elle, ces choses-là n'arrivent pas, mais elle veut "recontextualiser".
Ça se passe dans un climat particulier. Le quartier est quand même sensible depuis quelques temps. Nous, on a bien vu
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
"Nous avons des échanges réguliers avec les élus pour voir ce qu'il est possible de mettre en place et faire en sorte d'apaiser au maximum les choses."
On a envie de faire vivre le quartier de façon positive. C'est le genre de choses auxquelles on n'est pas préparé
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
La victime n'a pas prononcé un seul mot. "Elle n'a pas parlé. Elle était très pâle. Elle était sans doute en état de choc aussi et puis pas bien".
Céline Guimard évoque "des voitures qui circulent et qui cherchent le blessé".
Des amis ou pas des amis, on ne sait pas. La priorité, c'était que les pompiers le prennent vite en charge pour le transférer. Les blessures étaient un peu importantes, mais on sentait qu'il perdait beaucoup de sang. C'était ça qui était le plus impressionnant
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
Les blessures essentiellement à la main la rassurent tout de même un peu, "ça ne pouvait pas être vraiment critique. Mais ça restait quand même très choquant pour les personnes qui ont dû l'aider au tout début".
Une fusillade ici, rien d'étonnant pourtant. "Il y a huit jours de ça, on discutait avec des élus et des gens de la mairie. On a des gymnastes qui se font régulièrement embêter sur leur déplacement ou dans le tram."
Une situation intenable pour les bénévoles. "On accueille des jeunes qui viennent pratiquer leurs activités et qui se font embêter. C'étaient plus des petits délits, mais en attendant, voilà ce qui passe", souffle-t-elle.
Elle sait qu'il y a un point de deal dans le petit parc juste à côté, "où les familles font remonter les informations aussi parce que les enfants ne peuvent pas jouer".
C'est un site connu. Après, on sait qu'il y a du deal, mais on ne s'attendait pas à ce que ça dégénère en règlements de compte ! "Et en pleine ville, ça craint !
Céline GuimardResponsable technique section gymnastique artistique de l'ASC Bonne Garde
"Nous, on essaye de faire en sorte quand même que ça brille. Regardez, là, on est en pleine compétition", glisse-t-elle dans un sourire légèrement forcé. Ce matin, le cœur n'y est pas.
Propos recueillis par Vincent Raynal
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