Trois semaines après l'incendie qui a complètement enfumé la maison des Morel, à Derval, au nord de la Loire-Atlantique, les parents de cette famille de 9 enfants ont retrouvé le sourire. Ils évoquent "un cauchemar" tant matériel que financier, en train de se dissiper grâce à un élan de solidarité.
Laëtitia et Christophe Morel n'y ont pas cru, lorsqu'ils sont rentrés chez eux, à Derval (nord de Nantes) vers 15h20, le 16 décembre dernier. Leur maison, qui abrite habituellement des 11 membres de leur famille, dont leurs 9 enfants âgés de 4 à 18 ans, était en flamme. "On se dit que c'est un cauchemar. On a l'impression qu'on va se réveiller, mais c'est bien vrai. Dans notre malheur, on a eu de la chance qu'il n'y ait personne dedans, aucun animal de compagnie non plus", raconte Christophe.
L’incendie s’est déclaré dans la pièce principale : un vêtement posé sur une chaise, trop près du poêle, aurait pris feu. Les flammes se sont répandues sur la table et ont gagné les chaises... La chaleur s'est condensée dans la maison fermée, la fumée et la suie sont remontées dans les étages de la maison grâce au système de récupération de chaleur. "Il a fallu du temps pour rentrer dans la maison, la fumée était tellement dense, tellement épaisse, on n’y voyait pas à 50 centimètres", se souvient le père de famille.
Vêtements, nourriture, équipements recouverts de suie
Les dégâts ne sont que matériels, mais ils sont très importants. La maison, si elle n'est pas totalement brûlée, est couverte de suie. Il s'agit de particules extrêmement fines (un tiers du diamètre d’un seul cheveu humain) et toxiques, puisqu'elles contiennent des métaux lourds, qu'il est particulièrement dangereux d'ingérer. La suie, à cause de ses éléments métalliques, combinés à l'humidité, fait rouiller les équipements, ce qui pose un risque de court-circuit.
On est à près de 8 000 euros de pressing et à 12 000 euros de décontamination.
Christophe Morel, père de la famille sinistrée
D'importants travaux de décontamination et d'assainissement vont être nécessaires pour tout remettre en état. "La maison est inhabitable, nos affaires sont irrécupérables. Les jouets des enfants, l'électroménager, tout ce qui est nourriture... Même les vêtements que l'on a lavés trois fois, mais dont les couleurs ont été attaquées par la suie. On est à près de 8 000 euros de pressing, entre les affaires dans les huit chambres et les salles de bains, et à 12 000 euros de décontamination", liste encore Christophe, qui indique que le nettoyage de la maison est en cours. La famille espère pouvoir se réinstaller d'ici à la fin d'année 2025.
Relogement gracieux, cagnottes et appels aux dons
En attendant, les Morel sont hébergés par des religieux. La commune de Derval leur a permis d'être logés dans l’ancien collège Saint-Donatien, dans les dortoirs des Frères de Ploërmel. "Le souci principal était de reloger en urgence cette famille très nombreuse, et c'était difficile de trouver une maison assez grande dans l'immédiat", retrace le Frère Bernard Bourigault, responsable de l'accueil à la maison Saint Donatien. L'établissement, ancienne école pour élève en difficulté scolaire, est assez grand pour accueillir des groupes. "On a pu loger la famille dans une aile de la maison, et on a dégagé une salle avec une petite cuisine pour qu'ils puissent prendre leurs repas. Ils ont une salle de jeux, et ont accès à tout le parc. Ils sont ici chez eux tant qu'ils en auront besoin", poursuit-il.
On ne pensait pas qu'il y avait autant de personnes qui puissent être solidaires avec nous.
Laëtitia Morel, la mère de famille
La solidarité s'est organisée, et une maison leur a été trouvée dans le village, où ils pourront s'installer en février. "L'école des petits a lancé une collecte de jouets, le collège a fait une collecte de fourniture scolaire pour les enfants, des associations parisiennes nous ont contactés... On ne pensait pas qu'il y avait autant de personnes qui puissent être solidaires avec nous, et on tenait à remercier toutes ces personnes-là", tient à nous dire Laëtitia Morel. Une cagnotte a même été mise en ligne pour les aider, 6 711 € ont été récoltés pour le moment.
"C'est sûr, on a plus le sourire maintenant qu'il y a trois semaines, ajoute Christophe. Vous savez, on se sent bien seul quand on rentre dans sa maison, que tout est enfumé, détruit, qu'il faut tout racheter, tout refaire, que l'assurance annonce une dépréciation de 25 % de vétusté et tout ça avec 9 enfants à charge. Mais grâce à la solidarité, on voit qu'on peut s'en sortir." Un beau message d'entraide qui inspire de l'espoir.
Avec Corentin Renoult et Boris Vioche
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